Je suis arrivée aux Etats-Unis il y a neuf ans à l’occasion d’un stage à l’Institut d’Etudes Françaises de New York University.
Quelques semaines seulement après mon arrivée, je suis allée voir un meeting de Barack Obama à Washington Square destiné à tous les étudiants du campus.
J’ai compris la moitié de son discours mais je me rappellerai toujours ce charisme, cette aisance à s’exprimer et a suscité la ferveur d’une foule inspirée par ce jeune sénateur de l’Illinois qui incarnait ce dont le pays avait tant besoin, le changement, à travers un seul et unique slogan : « Hope »
C’était fin septembre 2007.
Un peu plus d’un an plus tard, il remportait les élections présidentielles américaines. J’étais à Paris ce 4 novembre 2008 pour renouveler mon visa et j’ai raté une soirée historique où l’Amérique a élu pour la première fois de son histoire un président afro-américain.
Après deux mandats de George W Bush marqués par le 11 septembre, la guerre en Afghanistan et l’invasion très critiquée de l’Irak, les Etats-Unis se jetaient dans l’aventure avec un jeune président démocrate bien décidé à changer son pays.
Quatre ans plus tard, il a fallu convaincre ceux qui l’avaient soutenu en 2008 que « l’espoir » devait « continuer » et au bout d’une campagne qui s’est resserrée dans les dernières semaines, Barack Obama a été largement réélu pour un second mandat.
Nous voici aujourd’hui à la fin de cette aventure et beaucoup d’entre nous regrettent déjà ce président qui a exercé avec brio ses fonctions, qu’il a essayé de préserver des attaques constantes des républicains, qu’il a utilisé pour rassurer les citoyens devant l’horreur des mass shootings et qui fait figure d’exemple pour des générations d’Américains.
Lorsque Hillary Clinton s’est représentée en 2015, il y avait forcément un air de « déjà vu » avec une candidate qui avait déjà perdu en 2008 et qui à côté d’Obama représente la vieille garde du parti démocrate.
Les premiers mois des Primaires n’ont eu d’intérêt que pour les outsiders : Bernie Sanders et Donald Trump.
On connaît la suite, ni les médias, ni ses adversaires n’ont vraiment pris au sérieux le milliardaire new yorkais qui a assommé un par un, dans les urnes et sur Twitter les candidats officiels de « son parti » sans réussir à convaincre, même après sa nomination officielle comme candidat du Grand Old Party au mois de juillet.
La campagne d’Hillary Clinton a elle été empoisonnée par les scandales : la messagerie privée utilisée lorsqu’elle était Secrétaire D’Etat, la Fondation Clinton qui aurait abusé de la position d’Hillary dans l’administration d’Obama pour attirer les donateurs fortunés et plus tard monnayer ses discours et ceux de son mari devant le gratin de Wall Street.
Qu’elle gagne ou pas ne changera rien à l’opinion de millions d’Américains, démocrates et républicains, convaincus d’avoir à faire à une politicienne « corrompue ».
Mais il faut essayer de dépasser les attaques continuelles dont elle a fait l’objet ces dix-huit derniers mois alimentées par des Républicains qui n’ont jamais accepté ses ambitions politiques depuis qu’elle a été first lady en 1992 et qui ont réussi à ce qu’une partie de l’opinion publique la déteste.
Effectivement, Hillary Clinton a fait preuve de manque de jugement, changé ses positions quand l’opportunité se présentait, sur l’environnement, le partenariat transpacifique, le droit des homosexuels et a parfois précédé son époque plus qu’elle ne l’a anticipée
Effectivement, elle plus au centre que Bernie Sanders ou Elizabeth Warren, mais son programme reste celui d’une démocrate réaliste quant à sa marge de manœuvre politique dans un pays bloqué politiquement depuis huit ans face à des Républicains déjà prêts à lancer une procédure d’Impeachment à son encontre et qui ont prévu de bloquer la nomination du neuvième et dernier juge de la Cour Suprême si elle venait à être présidente.
Ecoutez plutôt l’étudiante Hillary Rodham lors de la cérémonie de remise des diplômes de l’université de Wellesley en 1969, lorsqu’elle prononce un discours qui contredit celui du sénateur républicain qui vient juste d’intervenir, l’inspiration qu’elle a puisé en allant voir Martin Luther King avec son pasteur à Chicago en 1962, les leçons qu’elle a apprise lors de convention nationale démocrate de Chicago en 1968, l’enquête sur le Watergate à laquelle elle participé fraichement diplômée de Yale, le combat qu’elle a mené en faveur des enfants handicapés, des femmes et des minorités.
C’est elle qui a essayé durant la première administration Clinton de reformer la sécurité sociale aux Etats-Unis avant d’être rapidement remise à sa place de pot de fleur du président.
Elle a commencé sa carrière politique quand son mari a terminé la sienne et a été autant appréciée en tant que gouverneur de New York que Secrétaire d’Etat.
C’est quand elle a affirmé ses ambitions présidentielles que les diffamations, rumeurs et attaques de la part des Républicains sont reparties de plus belles, et n’ont cessé depuis d’essayer de l’affaiblir.
Elle n’a jamais renoncé.
Le combat d’Hillary est celui d’une femme qui s’est toujours placée à l’égal des hommes et qui a été haïe pour cela.
Il est temps de lui donner enfin la parole et les moyens.
Hillary Clinton peut apporter un plus de justice sociale et économique à ce pays, elle peut être une inspiration pour les générations à venir.
Je me trompe peut être mais en attendant qu’elle prouve le contraire, I’m with Her.