TRUMPLANDIA
La participation aux élections: les chiffres
Sur les 320 millions de résidents américains, 28,6% n’avaient pas le droit de voter, 30% d’électeurs n’ont pas voté, 19,8% ont voté pour Clinton et 19,5% pour Trump – les décomptes des votes ne sont pas encore terminés en Californie.
La mobilisation cette année a été de 58% contre 42% d’abstention, ce qui signifie que Trump a été élu par un cinquième seulement de la population (60 millions de citoyens)
Le Washington Post a réalisé et publié une étude sur la réaction des Américains face aux résultats des élections: Naturellement ceux qui ont voté pour Trump se disent « contents » et « optimistes » tandis que ceux qui ont voté Clinton restent « furieux », « dégoûtés », « effrayés » et choqués » et alors qu’une majorité de ceux qui se sont abstenus sont aujourd’hui « décus » du choix du nouveau président.
Conclusion qu’on ne répétera jamais assez ces quatre années, il fallait aller voter.
Les responsable de la dérive raciste de l’Amérique
Les médias ont d’abord accusé les électeurs ouvriers blancs des zones rurales d’avoir perdu la tête, notamment dans les swing states du Midwest et de la Rust Belt touchés par le déclin économique que Trump a su rassurer et inspirer et sur lesquels la candidate démocrate n’a jamais vraiment parié .
Pour The New Republic, rejeter la responsabilité sur ce seul électorat serait une erreur car les classes moyennes aisées des banlieues ont également massivement soutenu Donald Trump.
Ce sont ces blancs diplomés qui ont fait défaut à Clinton malgré l’intense campagne qu’elle a organisé pour les convaincre: 63% des hommes et 53% des femmes appartenant à cette catégorie ont voté pour son adversaire, et le journaliste de conclure:
Peut-être qu’au fond, ces électeurs sont les plus « déplorables ». Ils ne souffrent pas ni ne sont désespérés, n’ont aucune raison concrète de détester le statu quo et d’avoir l’impression qu’ils sont en plein déclin.
Ils savent que Trump n’était pas préparé pour être président, ont entendu ses mensonges et ses insultes et ont quand même décidé de voter pour lui.
« Fuck your feelings »
Ce qui nous amène à cet excellent essai de Aleksander Hemon dans Slate qui s’attaque aux millions d’électeurs qui ont voté pour Trump et sa campagne de haine mais qui refusent aujourd’hui d’être traités de racistes car ils affirment n’éprouver aucun ressentiment contre les Afro-Américains, Juifs ou Musulmans. Ils ont été motivés par la volonté de rendre l’Amérique plus forte et l’inquiétude face à un éventuel déclin économique du pays.
Il existe une idée fausse mais très rassurante souvent utilisée dans l’évocation du racisme aux Etats-Unis selon laquelle il faut que le racisme soit un véritable racisme, ce qui veut dire que si l’on n’a pas l’intention d’être raciste, le racisme n’existe pas. Cette croyance dans la supériorité de l’intention est directement relié au sacrosaint statut du sentiment aux Etats-Unis, la notion que le sentiment est plus authentique et vrai que les faits ou la pensée (…)
Les sentiments sont plus légitimes que la pensée ou les faits et dès lors tout est excusable, et en premier lieu le nouveau président qui attaque et insulte toutes les minorités du pays « dans le forme » mais qui « dans le fond » n’est pas raciste.
Trump perd ses tours
Il existe une dizaine de Trump Towers aux Etats-Unis et dans le monde, mais une seulement a été construite par Donald Trump lui-même, c’est celle du 721 5th Avenue à New York, où réside le milliardaire depuis sa construction en 1983, et qui est aujourd’hui le point de ralliement des manifestants anti-Trump et le point de départ de bouchons monstres dans le Midtown de Manhattan.
Le président a d’ailleurs affirmé qu’il souhaiterait rester dès qu’il le peut dans son Penthouse de la City plutôt que de séjourner à la Maison Blanche à Washington qu’il n’a cessé de critiquer durant toute la campagne, sans doute trop élitiste et pas assez rococo
Entre temps, les enseignes lamés Trump Place ont été enlevés de trois bâtiments situés dans le quartier de l’Upper West Side de Manhattan qui forment le Trump Place complex.
Le management a expliqué aux locataires qu’ils comptaient se dissocier du président élu et montrer une façade neutre.
Certains résidents se seraient plaints depuis des mois des polémiques suscitées par la candidat
Le cauchemar de Thanksgiving
Comme l’avait mise en scène Saturday Night Live l’année dernière, cette coutume familiale est souvent l’occasion de discussions politiques mouvementées surtout en période électorale, mais cette année promet d’être particulièrement difficile avec l’élection de Donald Trump et la réalisation que l’Amérique est bien un pays raciste.
Même la puissance d’un Hello de Adèle ne réussira sans doute pas à détendre l’atmosphère ni les discussions.
« Préparez vous pour le pire Thanksgiving » commente le Daily Beast qui note que même dans les familles démocrates, des rancoeurs pourraient surgir entre les supporters de Bernie, sans doute Millenials, convaincus que leur candidat aurait pu battre Trump, contre les partisans de Clinton, encore traumatisés par cette défaite inattendue.
Les familles dont les individus n’appartiennent pas à l’électorat favori de Trump (alias les blancs) – Mexicains, Musulmans, Juifs qui n’appartiennent pas la famille de Jared Kushner [le gendre de Trump], immigrés et familles LGBT – vont vivre un Thanksgiving encore pire, à l’idée que l’administration du président Donald Trump mette en place certaines promesses de campagne à partir de janvier.
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Première apparence de Clinton
Hillary Clinton a fait une première apparition en public depuis sa défaite la semaine dernière à l’occasion d’un gala de charité à Washington D.C. où elle apparue plutôt sombre:
Venir ici ce soir n’était pas la chose la plus facile.
Il est arrivé plusieurs fois cette semaine dernière où la seule chose que je voulais faire était de me retrouver avec un bon bouquin ou nos chiens et ne plus jamais quitter la maison (…)
Je sais que beaucoup d’entre vous êtes profondément déçus par le résultat de ces élections. Je le suis, plus que je ne pourrais jamais l’exprimer mais comme je l’ai dit la semaine dernière, notre campagne n’était pas par rapport à une personne ou une élection mais le pays dans lequel on vit et construire une Amérique qui est optimiste, qui rassemble et qui aime.
Beaucoup se sont demandés depuis la semaine dernière si l’Amérique était le pays qu’ils pensaient être. Les divisions qui ont été dévoilées lors de ces élections sont profondes. Mais écoutez: L’amérique vaut le coup. Nos enfants valent le coup. Croyez en notre pays, défendez nos valeurs, et n’abandonnez jamais. »
En attendant d