Douche froide pour l’Agence de Protection de l’Environnement américaine qui a appris début décembre la nomination de Scott Pruitt, un climatosceptique à la tête de l’organisation. Un choix qui prouve que « Trump est bien prêt à détruire ce « monstre vert » et toutes les politiques environnementales mises en place par Obama ces dernières années.
Le changement climatique n’est pas une religion
Breitbart.com, le site d’extrême droite devenu en quelques mois la Pravda de l’administration Trump, se réjouissait jeudi des menaces qui pèsent désormais sur l’EPA qui sera dirigée dès janvier par l’un des ses plus fervents critiques:
Bien qu’il soit diplômé de science politique et de droit, Pruitt a été très critique envers le consensus ultra dominant parmi les climatologues que la terre se réchauffe, et que ce sont les émissions humaines de gaz carbonique qui en sont à l’origine. Dans une tribune publiée plus tôt cette année dans The National Review, Pruitt a avancé que le débat sur le réchauffement climatique était loin d’être admis, et a déclaré que « les scientifiques continuent de se disputer sur le degré et l’étendue du réchauffement climatique et ses relations avec l’activité humaine. »
Quid de la « conversation extrêmement intéressante » entre Al Gore, Trump et sa fille, Ivanka, mardi dans la Trump Tower, et celle avec Leonardo di Caprio, mercredi, pour aider le prochain cabinet « à prendre en considération l’environnement » ?
Du pipo, nous explique Breitbart.com, des « fake news » que les médias libéraux ont avalé plein d’optimisme – encore une fois – avant de se faire remettre en place manu militari par la nomination de Pruitt; Une douche froide pour les « gens de gauche » qui considèrent le changement climatique comme une « sorte de religion » commentait sur Fox News le commentateur conservateur, Charles Krauthammer.
« Il est impossible d’exagérer la douleur immense qui est en train de s’abattre sur les greenies grâce à Donald Trump » écrivait James Delingpole, journaliste de Breitbart, le 14 novembre dernier. Et selon lui, Trump a tout intérêt à appliquer l’un des programmes phares de sa campagne pour les raisons suivantes:
Détruire l’héritage d’Obama
Après la réforme de l’assurance santé, l’autre grand chantier initié par Obama à été la protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique, avec pour fer de lance, l’Agence de Protection pour l’Environnement, ou « Green Slob » pour ses détracteurs.
« C’est la fin du programme de l’EPA sur le climat » affirmait David Bookbinder, membre de Serria Club, une organisation pour la protection de l’environnement à Politico, « Le Clean Power Plan [censé réduire les émissions de gaz à effet de serre imposé via décret-loi par Obama en 2015] est mort. On peut l’oublier ».
Trump compte utiliser, comme son prédécesseur, les decrets-lois pour faire passer plus rapidement ses mesures, en outrepassant toute éventuelle objection du Congrès: « Obama a offert un parfait exemple à Trump et Puitt, qui auraient eu bien plus de mal à détruire son héritage si le Congrès démocrate avait voté pour la législation sur le réchauffement climatique en 2009 ou 2010 »
Pour de nombreux conservateurs, Obama aurait imposé à la population un programme écologique ces huit dernières années, et il est désormais temps de remettre les priorités à leur place.
« Bring Back Coal »
Trump a déclaré pendant la campagne qu’il aiderait à remettre sur pied l’industrie du charbon, décimée ces vingt dernières années, notamment dans l’Etat de Virginie Occidentale. Là même où Clinton promettait en mars dernier de se débarrasser des derniers mineurs et compagnies de charbon pour défendre l’un des thèmes phares de son programme, l’énergie propre.
Les Etats-Unis disposent de la plus grande réserve de charbon au monde (26,6%) mais leur production mondiale (11,9%) arrive bien en dessous celle de la Chine (47,7%).
Rupert Durwall explique dans The National Review au lendemain de la victoire de Trump
Quatre des cinq Etats [américains] qui produisent le plus de charbon ont voté républicain, y compris la Pennsylvanie, qui est passé de démocrate à républicain, et la Virginie Occidentale de Robert Byrd qui a donné à Donald Trump, la seconde plus importante majorité électorale. Sur les 10 Etats qui s’appuient sur le charbon pour leur électricité, sept ont voté républicain y compris l’Indiana et l’Ohio, un swing state.
Mardi dernier, la guerre du charbon de Barack Obama a fait une première victime politique: Hillary Rodham Clinton
Dans ces régions, le président Obama et l’EPA sont accusés d’avoir déclenché une « guerre du charbon » et les environnementalistes d’être des « tree-huggers » – des arguments conformes à ceux du président-élu qui selon James Delingpole « ne trahit pas ses amis ».
Toute législation gouvernementale qui s’attaque ou contraint la propriété individuelle ou collective, son exploitation, sa production et éventuellement son rendement sont systématiquement critiqués par les conservateurs comme un trop plein d’initiative de Washington.
Trump s’intéresse aux gens, pas à la déesse terre
Il existe un courant important chez les Républicains qui considère l’écologie et la cause environnementale comme de la « misanthropie », le fait de détester et de mépriser le genre humain au profit d’une idée « fantaisiste » de ce que devrait être la terre.
Delingpole résume très bien l’état d’esprit:
Ils sont plus intéressés par l’idée de ce que devrait être la terre – un fantasme tout vert qui renvoie directement à l’âge de pierre – qu’ils ne le sont de ceux qui y habitent et qui veulent profiter de leur future à travers ce qu’on appelle la croissance économique. Ils voudraient freiner la croissance économique parce qu’ils pensent que c’est mauvais.
De l’autre côté, on a Trump qui veut « redonner sa grandeur à l’Amérique ». Est-ce que quelqu’un s’imagine qu’il va pouvoir accomplir cela en créant des faux jobs financés par le contribuable dans une industrie durable juste parce qu’un ex-Roméo masqué appelé Leonardo di Caprio avec un Q.I de la taille de sa chaussure rêve de pouvoir changer le monde en le parcourant dans son jet privé
Trump déteste les énergies renouvelables
Il déteste les énergies renouvelables, surtout les éoliennes qui vont être plantées a côté de son parcours de golf qu’il a construit dans le nord de l’Ecosse – auquel un excellent documentaire a été consacré, « You’ve Been Trumped » en 2011. Trump a essayé pendant des années de faire annuler la construction de ces onze immenses éoliennes sur la côte écossaise qui seront visibles depuis son golf – une requête refusée par le gouvernement écossais en décembre 2015.
« Quand je regarde par la fenêtre et que je vois ces éoliennes, ça m’offense. Il faut faire quelque chose contre ces éoliennes, les mettre en mer, pourquoi gâcher la belle campagne écossaise? » aurait-il affirmé à Andy Wigmore, l’un des champions anglais de la victoire du Brexit, la semaine dernière à New York. Il aurait également demandé à Nigel Farage, son nouveau meilleur ami, de faire campagne contre la mise en place d’éoliennes en Ecosse.
Enfin, la plupart des partisans, associations et lobbies pour la protection de l’environnement sont de gauche, ont soutenu Hillary Clinton. La cause écologique est encore l’objet d’une lutte partisane qui lui a été favorable cette dernière décennie et sans doute moins pour les quatre années qui arrivent