Hier après midi, le New York Times a publié une enquête passionnante sur le piratage du Comité National Démocrate et de la messagerie du directeur de campagne de Clinton, John Podesta, ordonnés par le Kremlin.
Selon le quotidien, Wikileaks et les médias auraient été les instruments de l’espionnage russe qui, selon des proches de la candidate démocrate, a eu « un profond impact sur les élections ».
C’est aujourd’hui le seul acompte disponible de l’ingérence russe dans les élections présidentielles américaines. Le rapport de la CIA, dévoilée à une commission bipartisane, la semaine dernière reste confidentiel malgré les appels de journalistes et politique à une diffusion publique pour mettre aux « rumeurs ».
La mission d’espionnage commence au cours de l’été 2015 et vise les messageries du personnel du Democratic National Committee, qui n’a pas mesuré à l’époque la gravité des menaces malgré les appels répétés d’un agent du FBI et qui n’avait pas non plus les moyens de se parer d’un système de protection informatique efficace.
Le piratage a rendu possible grâce à des phishing emails, des emails « officiels » envoyés par Google ou des softwares anti-virus qui détectent des problèmes de sécurité et demandent a l’usager de remplacer son mot de passe en cliquant sur un lien, ce lien qui permettra ensuite au hacker de pénétrer dans leur messagerie.
Les hackers russes ont ensuite utilisé l’influence et les millions d’abonnés du site Wikileaks pour diffuser les dizaines de milliers de emails, d’abord la veille de l’ouverture de la Convention Nationale Démocrate (44 053 emails) provoquant la démission la présidente du Comité, Debbie Wasserman Schultz, et confirmé les faveurs dont aurait profité Clinton aux dépens de son rival Bernie Sanders durant les Primaires démocrates.
La diffusion des emails du directeur de campagne de Clinton, entre 1000 et 3000 chaque jour, tout au long du mois d’octobre, jusqu’au mardi 8 novembre aura davantage de conséquences.
Les emails de Podesta étaient loin d’être sensationnels par rapport à la vidéo de Trump. Mais diffusés par Wikileaks jour après jour lors du dernier mois de campagne, ils ont fourni du matériel à des centaines d’articles (…)
La campagne de Trump savait en avance les plans de Wikileaks. Quelques jours avant la diffusion des emails de Podesta, Roger Stone, un républicain très proche de Trump, a prévenu de ce qui allait se passer.
Il s’est défendu d’avoir aucun rôle dans les fuites et aurait mis au courant par un « Américain » qui a des liens proches avec Wikileaks
https://twitter.com/RogerJStoneJr/status/782443074874138624?ref_src=twsrc%5Etfw
Wikileaks n’a jamais révélé les sources de ces emails, une politique à laquelle ils se sont toujours tenus, et s’est défendu d’avoir été le pion des Russes ou de vouloir miner la campagne de Clinton: « Des éditeurs qui publient des informations durant une campagne est une constante des élections libres » s’était défendu à l’époque Assange depuis l’ambassade équatorienne de Londres
« Pourtant des preuves concernant ces deux déclarations tentent à prouver le contraire » explique le New York Times.
Mais lorsque l’on demande si les fuites ont aidé à l’élection de Trump, Mr Assange semble satisfait d’avoir eu une responsabilité. « Les Américains adorent nos publications » a-t-il affirmé. « Selon les statistiques de Facebook, Wikileaks était le thème dont on parlait le plus durant le mois d’octobre
Le grand gagnant de ces élections après Donald Trump, ses 62 millions de supporters, Vladimir Poutine, c’est Wikileaks, qui a comme son fondateur l’avait voulu et prévu, a été une force externe qui a influencé sans aucun doute la victoire de Trump, et qui est redevenu un acteur mondial de premier plan.
Le New York Times, et les quotidiens, les chaînes télés et plus généralement, le mainstream des médias américains ont publié des centaines d’articles sur le Comité national démocrate et les emails de John Podesta, et se sont finalement retrouvés à jouer le jeu imaginé par Poutine, un an et demi plus tôt.
L’appétit des médias pour le matériel piraté, et son attention sur des ragots plutôt que sur ses sources russes, a choqué ceux dont les emails personnels étaient repostés un peu partout sur internet.
Personne ne pensait à l’époque que Donald Trump pourrait gagner, et mettre Hillary Clinton en face de ses contradictions sonnaient davantage comme un avertissement envers sa future administration qu’une volonté délibérée de la faire perdre.
Elle a perdu, Donald Trump a gagné à la surprise de tous, y compris de Julian Assange et de Poutine.
Les Conservateurs accusent aujourd’hui les Démocrates et les médias libéraux d’être mauvais perdants et de vouloir rejeter la défaite sur tout autre chose que Hillary Clinton.
Il n’empêche que dès le début du mois d’octobre, l’Administration Obama avait dénoncé publiquement les ingérences russes dans les élections, et l’incapacité du candidat Trump et aujourd’hui président-élu a reconnaître ces faits n’a fait qu’aggraver la situation.
Plutôt que de demander que toute la lumière soit faite sur les piratages du camp démocrate, Donald Trump a pris la défende de Poutine, quitte à mettre les questions essentielles de sécurité sous le tapis.
Plus vite on saura, plus vite le pays sera capable de passer à autre chose.