C’est la reprise du Kiosque de la semaine avec une sélection des meilleurs articles publiés dans la presse magazine cette semaine: Les entreprises qui vendent des logiciels de piratage informatique, les intellectuels qui tentent de définir le « Trumpisme » en dépit de son représentant, un lycée de Floride qui est en train d’assurer l’avenir du football américain, une expérience de « radicale empathie » entre critiques et défenseurs du contrôle des armes à feu, les meilleurs mêmes de l’année et une comédie musicale dédiée à Bernie Sanders!
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« The @-Bomb » – by Mattathias Schwartz – The New York Times magazine
En pleine polémique sur le piratage des serveurs informatiques du Comité National Démocrate et de John Podesta lors de la campagne présidentielle américaine, l’enquête du New York Times magazine s’intéresse à la croissance de ces entreprises privées spécialisées dans la vente de logiciels de surveillance informatique qui sont utilisées par les clients comme des armes politiques.
Une douzaine de compagnies (implantées en Italie, Allemagne ou encore Israël) sont accusées aujourd’hui de vendre des « programmes malveillants » à des gouvernements, à des partis politiques, profitant du manque de législation internationale dans ce domaine.
Citizen Lab, un laboratoire de recherches de l’Université de Toronto spécialisé dans les technologies de la communication et de l’information, des Droits de l’homme et de la sécurité, a accusé une de ces entreprises, Hacking Team, de ne se soucier que des profits sans contrôler les abus liés a l’utilisation de ses produits; selon le groupe de recherches, son logiciel aurait permis à un parti politique mexicain de mener, avec succès, une campagne de déstabilisation politique contre ses adversaires – ce que l’intéressée à toujours nié.Le piratage de Hacking Team et la diffusion de tous ses documents, emails et logiciels sur son propre compte Twitter au cours de l’été 2015, a révélé que la compagnie avait vendu son logiciel, Remote Control System, capable d’accéder à toutes les données d’un ordinateur ou d’un téléphone (caméra, appareils photo, localisation, textos et communications) au FBI, à la DEA, aux services secrets russes, à un parti politique mexicain (celui-là même que Citizen Lab avait accusé) et certains gouvernements parmi les plus répressifs (Honduras, Ethiopie, Bahrein, Turquie ou Ouzbékistan).
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« Intellectuals for Trump » by Kelefa Sanneh – The New Yorker
Pour certains intellectuels, la victoire de Donald Trump coïncide avec « un moment de libération conservatisme, une répudiation des élites et de l’orthodoxie conservatrice » représentée par le parti Républicain, défiant à l’égard de son candidat durant toute la campagne.
Le « Trumpism » existe, c’est un mouvement plus consistant que les tweets incendiaires du président-élu, qui a été pensé et discuté par des anonymes, bloquer et universitaires, sur le blog Journal of American Greatness durant les élections et qui a remporté un formidable succès.
L’un d’entre eux a écrit l’un des articles (de soutien à Donald Trump) les plus lus des sites conservateurs, « The Flight 93 Election » – dont Le Kiosque a fait un compte rendu au mois de septembre dans les Carnets de Campagne de Libération.Le « Trumpism » fait écho aux mouvements d’extrême droite européens qui consiste à « renforcer les frontières », favoriser le « nationalisme économique » et défendre « une politique étrangère basée sur les intérêts américains ». Le mouvement se distingue du parti Républicain en insistant sur moins d’intervention à l’étranger, moins de « laisser faire économique » et plus de restrictions sur l’immigration.
« La relation entre Trump et les intellectuels « trumpistes » est profondément asymétrique puisque ces derniers doivent formuler une doctrine sans grande assistance de son représentant. La marque politique de Trump est celle de quelqu’un qui n’a pas besoin d’essayer de s’expliquer à un groupe de chercheurs, quel que soit leur soutien »
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« Can football be saved? » by Nicholas Schmidle – The New Yorker
Le New Yorker part à la rencontre de l’une des meilleures équipes lycéennes de football américain, en Floride, qui expérimente et développe des nouvelles méthodes d’entrainement destinées à éviter les chocs et traumatismes crâniens qui mettent en danger la santé des adolescents.
Les entraînements sont des moments propices aux contacts parfois très violents entre joueurs, le plus dangereux d’entre eux arrive lorsque deux casques rentrent se rentrent dedans (« helmet on helmet collision ») est désormais interdit en ligue professionnelle et universitaire. Le coach des Raiders du lycée St Thomas d’Aquin de Fort Lauderdale entraîne ses joueurs sans contact en utilisant des robots ultra-perfectionnés et utilise la dernière technologie de casques Ridell pour mieux protéger ses joueurs.
Des mesures nécessaires pour l’avenir du sport préféré des Américains qui souffre depuis plusieurs années d’une baisse des adhérents et des téléspectateurs refroidis par les polémiques autour de la dangerosité de sa pratique, quels que soient les âges.
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« An Experiment in Empathy » by Lisa Miller – New York magazine
Partisans et opposants au « contrôle des armes » ont souvent des positions irréconciliables qui empêchent tout dialogue capable de proposer des solutions contre les ravages des armes à feu aux Etats-Unis, à l’instar de la tuerie de Fort Lauderdale qui a fait cinq morts la semaine dernière.
New York magazine a réuni des opposants et des défenseurs du contrôle des armes, mais qui ont tous un lien personnel avec. Des « gun owners » passionnés, des citoyens soucieux de leur sécurité, responsables d’armurerie, adhérents de la NRA ont partagé leur expérience avec celles de victimes d’armes à feu, deux mères qui ont perdu un enfant lors d’une tuerie, celle de Fort Lauderdale en 2007 et de l’école élémentaire de Sandy Hook en 2012, une officier de police de Baltimore blessée par balles lors de sa première année de service, un conseiller éducatif dont le cousin a été tué par la police, etc…
Le projet se base sur l’expérience de « Radical Empathie » qui consiste à pousser les gens qui ont des opinions opposés à se mettre à la place de l’autre. Même si cette technique est critiquée par la communauté scientifique, elle offre ici une ouverture émouvante à l’empathie et au dialogue.
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« The Year in memes » by M.Kircher, B. Feldman, M.Read – New York magazine
Des 365 mèmes de l’année 2016 sélectionnés sur internet, on retiendra la performance dérangeante des USA Freedom Kids à un meeting de Trump en janvier, le Jordan Crying en février, la tête de Chris Christie aux côtés de Donald Trump en mars, les excuses pénibles de Johnny Depp et Amber Heard aux autorités australiennes après avoir débarqué illégalement leurs deux chiens sur l’île en avril, la maman Chewbacca en mai, le Staring contest kid en juin, le fiasco du premier logo Trump-Pence en juillet, le sourire d’Usain Bolt en pleine course du 100m aux Jeux Olympiques de Rio, Hillary Clinton devant une marée de Millenials intéressés par un selfie en septembre, Ted Cruz qui fait campagne pour Trump et Pence en octobre et le sketch de Tom Hanks dans Saturday Night Live, la photo de la rencontre entre Donald Trump et Mitt Romney en novembre, et enfin le fantastique carambolage de Montréal en décembre
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« Bernie, the musical » by Michael Appler – Village Voice
Malgré la défaite de leur candidat aux primaires démocrates en juin dernier et la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles, certains habitants de Burlington, la ville dont Bernie Sanders a été maire durant huit ans (1981-89) continue de célébrer le succès et l’inspiration qu’il a su initier aux Etats-Unis, parmi les jeunes, les Démocrates, les travailleurs. Pour revivre cette campagne exceptionnelle, rien de telle qu’une comédie musicale qui lui est dédiée, « Feel the Bern, a Musical of the people, By the people and For the people.
Le spectacle, imaginé par l’activiste, Meira Marom, nous transporte en 2132, durant les fêtes de fin d’année, à Cleveland où sont réfugiés de supporters de Bernie Sanders, évacués de la côte Est américaine qui a été balayée par le réchauffement climatique. On ne fête plus Noël mais « NotmeUs » un festival dédié à Bernie Sanders qui est retourné sur la terre en Père Bernie et au cours duquel les participants évoquent le monde idyllique (écologique et prospère) qu’aurait pu devenir les Etats-Unis si les Américains avaient voté pour le sénateur du Vermont en 2016. Le paroxysmes de la pièce intervient lors de la convention nationale démocrate de 2016, lorsque « les protecteurs de la Révolution » sont trahis par les néo-libéraux, qui précipitent la chute du pays; la victoire de Trump n’étant qu’une conséquence de cette trahison.
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« The Approval Matrix » – New York magazine