1. « Russessions »
Jeff Sessions l’a échappé belle cette semaine et évité une seconde démission embarrassante pour l’administration Trump qui doit gérer une fois de plus les mensonges d’un de ses membres sur ses relations avec l’ambassadeur russe des Etats-Unis.
Mr Sessions s’est défendu d’avoir menti à son collègue, le sénateur démocrate Al Franken, lors de son audition devant le Sénat, avant d’être confirmé ministre de la justice, quand il a affirmé n’avoir eu aucun contact avec des agents russes pendant les élections.
Le Washington Post a révélé qu’il a rencontré l’ambassadeur russe à deux reprises en 2016, en pleine campagne électorale, en septembre notamment, alors que les rumeurs se confirmaient sur l’ingérence russe dans les élections.
Trump a défendu Mr Sessions en déclarant qu’il « aurait pu formuler sa réponse de manière plus précise et que ça n’était pas intentionnel » avant d’accuser les Démocrates de « chasse aux sorcières » sur Twitter.
Mr Sessions s’est retiré de l’enquête menée par le FBI et le Département de Justice sur d’éventuelles relations entre les proches de Trump et le Kremlin l’année dernière – accusations formellement démenties par la Maison Blanche.
La procureure générale adjointe, Dana Boente, dirige désormais l’enquête et décidera ou non de nommer un procureur spécial pour enquêter sur les relations entre Trump et la Russie
Il y a deux semaines, le conseiller à la Sécurité nationale, Michael Flynn a dû démissionner pour avoir menti au vice président sur des coups de fil et rendez-vous passés fin décembre 2016 avec l’ambassadeur de Russie, Mr Kislyak.
« Flynn et Sessions ont été sanctionnés parce qu’ils ont voulu cacher leurs communications avec la Russie, et non pas à cause des communications elles-mêmes. »
Comme le note le journaliste Chris Matthews:
On apprend la vérité sur ces rencontres sans fin avec les Russes grâce à de très bons reportages. La couverture heure par heure est impressionnante et c’est la seule raison pour laquelle l’administration admet les choses. Trump n’a rien fait contre Flynn avant qu’il soit exposé par la presse. Le ministre de la justice ne s’est pas retiré jusqu’à ce que les informations soient publiés dans les journaux, car il s’agit d’une administration dirigée par une vérité qui vient d’ailleurs
* « Sergey Kislyak, the Russian ambassador at the heart of Russia Scandals », explained via Vox
* « Jeff Sessions will recuse himself from Russia probe » via Mother Jones
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2. Sergey Kislyak, L’ambassadeur « radiocatif » de Washington
Jeff Sessions est le deuxième membre du cabinet de Mr Trump à reconnaître avoir eu des contacts avec l’ambassadeur russe, Sergey Kislyak, après les révélations du Washington Post mercredi soir.
« Les connections très haut placées de Mr Kislyak l’ont mis au centre d’une polémique tentaculaire qui fait de lui l’ambassadeur le plus célèbre, mais politiquement le plus radioactif à Washington » constate le New York Times en première page aujourd’hui. Ambassadeur depuis 2008, Mr Kislyack qui connait le tout Washington, réputé pour ses dinners grandioses, est considéré comme la « principale autorité russe aux Etats-Unis ».
Politico parle du diplomate le « plus dangereux de la capitale », très « expérimenté dans la collecte d’information », qui défend la ligne dure du Kremlin »; certains agents du renseignement américain avancent même qu’il serait un espion au service du FSB, les servies secrets russes.
Lors d’une conférence à la Standford Business School en novembre dernier il déclarait: « Les Etats-Unis et la Russie traversent la pire phase de leurs relations depuis la fin de la guerre froide (…) Vous essayez de contenir la Russie … Vous essayer de réprimer la Russie à travers des sanctions économiques très dures ».
La ministre des Affaires étrangères russes a qualifié en conférence de presse les rumeurs de « vandalisme médiatique »: « Je vais vous révéler un secret militaire: les diplomates travaillent, et leur travail consiste à faire des contacts avec le pays hôte ».
Il devrait quitter ses fonctions prochainement et être remplacé par un général.
« Pour Mr. Kislyak, Washington n’est plus ce que c’était. Il se sent seul, il a dit à ses associés qu’il était surpris que voir les gens qui le fréquentait autrefois l’éviter aujourd’hui. »
* « Russian Ambassador Sergey Kislyak su Washington’s most dangerous diplomat » – Politico
* « Sergey Kislyak, Russian Envoy, Cultivated Powerful Network in U.S. » – New York Times
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3. Un graphique des scandales russes qui touchent la Maison Blanche
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4. Un autre scandale mais cette fois-ci d’un petit poucet
Une fois n’est pas coutume, « The Talk of the Town » hier soir est venue, non pas des mastodontes de l’info comme CNN, le Washington Post ou le New York Times, mais du coeur de l’Amérique: l’Indianapolis Star a révélé le piratage de la messagerie privée de Mike Pence qu’il utilisait à des fins professionnelles lorsqu’il était gouverneur d’Indiana – une procédure légale dans cet Etat.
L’information pourrait être anodine si les Républicains n’avaient pas passé ces deux dernières années à accuser Hillary Clinton d’avoir mis en danger les Etats-Unis en utilisant une messagerie privée quand elle était Secrétaire d’Etat – elle a fait l’objet d’une enquête criminelle du FBI qui l’a disculpée mais évoqué une « grossière erreur de jugement ».
L’actuel gouverneur d’Indiana, Eric Holcomb a publié 29 pages de communications du compte AOL de Mr Pence, à la demande d’une requête officielle et conformément à la loi sur la liberté de l’information (FOIA), « mais a refusé d’en publier certaines que l’Etat considère comme confidentielles ou trop sensibles pour le public. »
Son compte personnel à été piraté cet été.
Hillary Clinton a géré des informations bien plus importantes et confidentielles que Mike Pence mais leurs messageries étaient également vulnérables à des cyber attaques et surtout « Pence a beaucoup critiqué Clinton pendant la campagne présidentielle de 2016, en l’accusant d’avoir voulu cacher des emails au public américain et de s’être exposé aux dangers de potentiels hackers ».
* « Pence used personal email for state business — and was hacked. » via Indianapolis Star
* « Why Mike Pence’s private email account is way different from Hillary Clinton’s » via The Washington Post
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5. CNN veut remporter le digital
« Au dela de sa guéguerre avec le président (« On sait tous la vérité »), Zucker veut dominer les infos télévisées en ligne grâce à ses 100 millions d’internautes mensuels, une stratégie pour battre Buzzfeed et Vice, amener des stars comme Anthony Bourdain et W. Kamau sur le net, et le lancement de Casey Neistat, la Vlog Star qu’il a engagé sur les conseils de son fils »
Jeff Zucker, le président de CNN monde, ancien dirigeant de NBC Entertainement qui a donné sa chance à Trump avec « The Celebrity Apprentice » – le président affirme lui avoir pistonné le job à CNN – travaille sur plusieurs fronts: maintenir l’audience et la visibilité de la chaîne câblée face à ses concurrents (Fox NEws, MSNBC) et s’attaquer à la jeune garde de Buzzfeed et Vice qui officient principalement en ligne.
En devenant le punching ball de Donald Trump après lui avoir consacré des centaines d’heures d’antennes pendant les élections, CNN a boosté son audience de 50% chez les 25-54ans, augmenté les révénus publicitaires de la chaîne de 100 millions de dollars et engrangé près d’un milliard de dollars de profits en 2016.
Sachant que « l’effet Trump » (« Trump Bump ») ne durera pas, Mr Zucker veut renforcer sa domination sur le net, où la plate-forme d’infos arrive numéro un avec 105 millions de visiteurs uniques par mois (CNN Politics, CNN Tech et CNN Money) – devant Yahoo News (93 millions), The New York Times (85 millions) The Huffington Post (80 millions) et Buzzfeed ( 77 millions).
Mais l’audience de CNN traîne chez les « Millenials » qui préfèrent une approche plus légère de l’information comme chez Buzzfeed ou Vice.
Pour rajeunir son public, Zucker a engagé Casey Neistat, une star de YouTube (sa chaîne « The Vlog » comptait 6 millions d’abonnés) dont il a racheté la compagnie en novembre dernier pour 25 millions de dollars. Anthony Bourdain, ancien devrait également continuer l’aventure télé de sa célèbre émission culinaire (« Parts Unknown ») sur internet avec davantage de contenu vidéo, photo et interactif (« Explore Parts Unknown »).
* « CNN Chief Jeff Zucker dévoile son plan pour dominer le numérique » – The Hollywood Reporter
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6. Couverture du Jour:
Très belle couverture du New York Times magazine consacrée cette semaine au « Département de la justification » américain et à « l’avenir uncertain de la vérité et de la justice dans premier organisme d’application de la loi du pays.
* « Department of Justification » via New York Times magazine