Cover Story de Bloomberg Businessweek sur les ravages de l’industrie des pièces automobiles dans le sud des Etats-Unis.
La renaissance manufacturière de l’Alabama est ce que Donald Trump et ses supporters recherchent pour le pays sauf que cette économie qui emploie 26 000 travailleurs et rapporte près de 1,3 milliards de dollars n’est pas sans risque.
Elle représente cette course de l’économie vers le fond. Les fournisseurs de pièces d’Amérique du Sud concurrencent les fournisseurs mexicains et asiatiques d’un toute petite marge. Ils promettent des délais de livraison impossibles à tenir et doivent payer des pénalités exorbitantes s’ils n’y arrivent pas. Les employés travaillent à un rythme infernal, six ou sept jours par semaine, des mois durant. Le salaire est bas, la rotation constante, la formation insuffisante et la sécurité, secondaire, ou lorsqu’un employé est grièvement blessé.
Beaucoup de problèmes liées aux conditions de travail dans les usines asiatiques se retrouvent aujourd’hui dans les manufactures du Sud.
L’industrie automobile, notamment dans la Rust Belt, bénéficie de la protection des syndicats qui assure davantage de sécurité et des salaires bien plus élevés; ce qui n’est pas le cas dans le domaine des pièces automobiles et qui plus est dans les Etats du Tennessee ou de l’Alabama.
L’année dernière, une jeune employée de vingt ans est morte accidentellement sur la chaîne en voulant réparer un problème mécanique.
Les archives de l’OSHA [Occupational Safety & Health Administration, une agence fédérale en charge de prévenir les accidents du travail] obtenus par Bloomberg parlent de chaire brûlée, de membres arrachés, de morceaux de corps démembrés et même d’une chute dans une cuve d’acide.
Des dossiers tout droit sortis de Upton Sinclair ou même Dickens.
Un employé de l’OSHA a pourtant été clair avec les dirigeants de ces usines: “[ce genre d’accidents] entache considérablement votre réputation. Les consommateurs américains n’achèteront pas des voitures entachées du sang des ouvriers américains”.