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Les Etats-Unis sont bien en guerre
Depuis l’inauguration de Donald Trump, fin janvier dernier, les opérations militaires américaines se sont multipliées au Yemen, en Syrie et en Irak, en tuant au passage des centaines de civils, sans véritable projet politique précis rapporte aujourd’hui le New York Times.
La nouvelle approche de l’administration, qui vise à lutter contre les extrémistes étrangers et éradiquer ISIS, semble privilégier le militaire sur le diplomatique – comme en témoigne le budget 2018, « America First », qui propose d’augmenter uniquement l’armée et la défense aux dépens d’autres administrations, dont le Département d’Etat.
Contrairement au président Obama réticent à engager les troupes américaines dans les conflits, l’armée peut décider d’intervenir plus rapidement sur le terrain, de lancer des offensives aériennes, sans attendre la permission des officiers supérieurs.
Pour certains critiques, davantage d’interventions dans les situations très complexes d’un Moyen Orient déstabilisé qui n’a pas vraiment de solutions est risqué.
* « U.S. War Footprint Grows in Middle East, With no Endgame in Sight » – The New York Times
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La Caroline du Nord veut abroger sa « Bathroom Bill »
Un an tout juste après avoir voté la très controversée « Bathroom Bill » ou « H.B.2 » qui, à côté d’autres mesures discriminatoires à l’encontre la communauté LGBT, oblige les transgenres à utiliser les vestiaires et toilettes publics selon leur sexe de naissance et non le sexe qu’ils ont choisi, le parlement républicain et le gouverneur démocrate de Caroline du Nord ont trouvé un accord pour l’abroger.
Depuis sa signature, l’Etat a fait l’objet d’une campagne de protestation nationale, a été boycotté par la NBA, la ligue de basket américaine, de la NCAA, celle universitaire et d’autres évènements sportifs, culturels, musicaux provoquant un manque à gagner énorme que l’Associated Press a estimé à presque quatre milliards de dollars ces dix prochaines années.
Le consensus ne satisfait pas complètement les associations de défense de la communauté LGBT, ni le gouverneur qui admet que la solution n’est pas « parfaite » mais a le mérite « de remplacer H.B.2 et de commencer à réparer notre réputation ».
Les conservateurs avaient invoqué des soucis de sécurité pour faire avancer la « bathroom bill » l’année dernière après que la ville de Charlotte ait autorisé les transgenres à utiliser les toilettes de leur choix.La possibilité de futurs punitions [de la part de la NCAA] a mis la pression sur les parlementaires dans cet état obsédé par le basket, une pression exacerbée par le fait que l’équipe de basket masculine de l’Université de Caroline du Nord a atteint les demi-finales du tournoi universitaire américain [la semaine dernière] et rencontrera les Ducks de l’Université d’Oregon, dans l’Oregon [samedi].
La Caroline du Nord aurait accueilli cette demi-finale si la NCAA n’avait décidé de boycotter l’Etat.
La loi devrait être votée aujourd’hui à Charlotte.
* « Lawmakers vote Thursday on deal to repeal HB2 » – Charlotte Observer
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Kellyanne Conway MVP
L’American Association of Political Consultants, la plus grande organisation mondiale de consultants politiques et professionnels de la communication a remis le mois dernier son trophée annuel de MVP (« Most Valuable Player ») à Kellyanne Conway pour son travail de directrice de campagne du candidat républicain dont elle est désormais la conseillère.
Un choix très controversé puisque l’association maintient un code d’éthique professionnelle destiné à ses membres pour lequel Mr Conway semble avoir eu peu d’égards ces dernières semaines – faire la publicité de la fille du président sur Fox News, inventer des histoires pour valider ses arguments (« green bowling massacre), et les défendre en inventant des nouveaux concepts de communications (« Alternative facts »), insulter les journalistes qui mettent en cause son intégrité (« cover story » du New York magazine) et avant les élections.
Kellyanne Conway est la première femme a avoir dirigé et remporté une campagne présidentielle qu’elle a intégré en juin 2016, après la démission de Ted Cruz, pour lequel elle travaillait.
De nombreux détracteurs remettent en question son rôle durant la campagne, par rapport à Jared Kushner ou Steve Bannon, bien plus importants mais qui ont préféré rester dans l’ombre. Elle était omniprésente sur les plateaux télé les trois derniers mois de campagne pour défendre Donald Trump et faire du « damage control » sur les multiples controverses qu’il a pu initier.
Selon Politico
Donner la récompense à Conway a fait l’objet d’un intense débat parmi les membres de l’AAPC mais ils ont conclu que la campagne de Trump n’aurait sans doute pas gagné et n’a pas trouvé de preuves qu’elle avait menti « d’une manière grave » à la presse pendant la campagne ou commis d’autres violations.
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April Ryan & Sean Spicer
Le « RyanGate » provoqué par les propos désobligeants (« Stop shaking your head ») du porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, contre la journaliste afro-américaine, April Ryan, mardi midi en conférence de presse a donné lieu à des moments de télé passionnés, notamment dans l’émission « CNN Tonight » qui accueillait deux intervenantes habillées en blanc pour l’occasion. Elles ont accusé Spicer d’attaquer « le travail d’une femme noire » provoquant l’ire de leur deux confrères masculins qui ont qualifié ces accusations de « ridicules » – le tout sous le regard émerveillé du présentateur.
April Ryan a quant à elle déclaré que la presse « subissait les attaques de l’administration qui essayait de discréditer les journalistes ».
Hier, Sean Spicer a montré un peu plus de respect envers la journaliste et lui a offert la première question de sa conférence de presse, provoquant l’hilarité de la briefing room.
* « CNN panel clashes over Spicer’s admonition to April Ryan » – CNN
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Omarosa Manigault – « Plus qu’une Apprentice? »
On l’a surnommée l’ « alpha-female villain » après son passage dans la première saison de l’émission de télé-réalité de Donald Trump, « The Apprentice », il y a plus de dix ans, et elle a eu le flair de rester « fidèle au boss » toutes ces années, d’avoir été l’une des premières à soutenir sa campagne, dans laquelle elle a travaillé comme « directrice de liaison des affaires afro-américaines ».
Elle a été nommée fin janvier « assistante du président et directrice de la communication de l’Office of Public Liaison« , qui sert à promouvoir ses actions.
Elle est la personnalité afro-américaine la plus influente de l’administration mais la Maison Blanche semble incapable de décrire précisément son rôle au sein de l’administration.
Un article très critique du Washington Post rapporte qu’elle est mal-aimée, inefficace et moquée sur les « médias sociaux comme l’excuse du président pour apparaître plus sympathique aux yeux de la communauté afro-américaine avec qui il a des relations tendues. »
A part accompagner le président dans ses meetings avec la communauté afro-américaine et une promesse non tenue, la hausse de 10% des subventions allouées à l’HBCU (« Historically Black College and University ou « Universités traditionnellement noires ») nulle part où trouver dans la proposition de budget 2018, son bilan est peu convaincant.
Comme le rappelle le commentateur dans une tribune au vitriol publié en février dernier, Manigault était une fervente supporter de Clinton (“I’m Ready for Hillary. Are you? #Hillary2016.” en avril 2015) jusqu’à ce que Trump se présente:[A Donald Trump] Vous répétez aux Américains que vous vous entourez des « personnes les plus compétentes » mais quand il s’agit de la communauté noire, vos standards sont à la baisse (…) Les charlatans ont leur place en politique, mais pas si vous voulez vous attirer le soutien de la communauté noire.
Mais la loyauté de Manigault envers Trump « est plus remarquable » et ça, Donald Trump adore:
Je vis le rêve américain grâce à Donald Trump (…) regarde ma carrière, ma richesse, l’attention que j’ai; c’est très difficile d’affirmer que Donald Trump n’aime pas les noirs et les femmes noires.
* « Omoarosa Manigault is in Trump’s White House because of her loyalty. But What is she doing there? » – The Washington post
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