La déchéance continue
- Les témoignages sur les harcèlements et agressions sexuelles qu’aurait commis Harvey Weinstein, l’une des personnalités les plus influentes d’Hollywood sur des actrices, mannequins et assistantes s’accumulent depuis la publication d’une première enquête publiée la semaine dernière dans le New York Times; le quotidien a publié hier les témoignages accablants de personnalités aussi célèbres que Angelina Jolie ou Gwyneth Paltrow.
Le prédateur semblait choisir de jeunes filles méconnues qu’ils menaçait si elles osaient parler.
- Weinstein a réussi pendant des années à faire pression sur ses victimes, ses collègues et sur quiconque oserait publier des révélations sur ses agissements tout en continuant à harceler et agresser de nouvelles proies.
Ronan Farrow qui travaillait depuis plusieurs mois sur les rumeurs concernant le producteur affirme que NBC aurait refusé de publier son enquête explosive qu’il a finalement proposé au New Yorker, et suggère que la chaîne aurait subi des pressions, tout comme le journaliste, que Weinstein a personnellement menacé de poursuivre.
Sachant que Weinstein réclame au New York Times 50 millions de dollars pour diffamation – après la publication de l’article qui l’a finalement fait tomber – on a peu de doute sur les propos de Farrow.
- La prochaine étape de ce scandale: ceux qui ont laissé agir impunément cet homme pendant tant d’années. – Vox
La croisade de Bannon
- Depuis qu’il a quitté son poste de conseiller du président, Steve Bannon a entamé une croisade contre l’establishment du Parti Républicain qu’il veut détruire – « Personne n’est à l’abri, on va s’attaquer à tout le monde » – et remplacer par ses propres candidats: « une coalition de populistes, conservateurs et libertariens », partisans d’une droite dure, loyale envers le président et fidèle à son programme « America First ».
- Bannon a tout pour réussir: il est à la tête de Breitbart, le site alt-right qui cartonne auprès de la base électorale de Trump, il dispose du financement illimité de la famille Mercer, il croit sincèrement au principe de nationalisme économique défendu par le président et vient juste de remporter une victoire décisive en Alabama en soutenant Roy Moore, l’outsider contre le candidat officiel du parti, Luther Strange.
- L’intégrité du parti républicain, très affaibli par son incapacité à faire passer des lois et constamment attaqué par le président, est menacée mais avec les deux majorités du Parlement, il reste le seul garant du succès des grandes réformes promises par Trump. Le président ne peut pas s’aliéner sa majorité qui pourrait finalement profiter aux Démocrates aux élections de 2018
- Le mouvement politique de Bannon est similaire à celui du Tea Party après l’élection d’Obama sauf que ce dernier s’est transformé en un groupe parlementaire et n’a pas réussi à convertir le reste du parti républicain. Ce qui fait dire à certains représentants républicains que le phénomène Bannon pourrait bien s’affaiblir ces prochains mois …
A voir…
Le Clean Power Plan est mort …
- L’une des mesures phares de Barack Obama contre le réchauffement climatique – une limitation drastique des émissions de dioxyde de carbone et des subventions destinées aux compagnies productrices d’énergies renouvelables et propres – vient d’être abandonnée par l’Agence de Protection de l’environnement.
- Son directeur, Scott Pruitt, un climatosceptique soutenu par une majorité de Républicains, explique avoir pris cette mesure – qui va à l’encontre du protocole de Kyoto et du traité de Paris adoptés par l’ensemble de la communauté internationale, car elle n’avait selon qu’un objectif: La ruine de l’industrie minière.
Pour les républicains, la question du changement climatique reste un problème national – qui ne devrait pas se soumettre aux principes de traités internationaux – et surtout partisan, qui serait utilisé par la gauche pour tenter de réorganiser le secteur de l’énergie aux Etats-Unis. Un argument absurde puisque l’industrie minière n’a jamais été aussi faible et que les énergies renouvelables sont l’un des secteurs les plus dynamiques du pays.
- Le dernier argument apporté par la revue conservatrice National Review est juste hallucinante: selon elle, les électeurs américains, à travers leurs élus, ont eu plein d’opportunités de limiter les émissions de dioxyde de carbone pour limiter le changement climatique mais le Congrès n’est jamais passé à l’acte, donc ce n’est pas au président d’en décider autrement.
Annuler le Clean Power Plant répond davantage à une question de principe, limiter les pouvoirs de l’agence fédérale et du président pour laisser le Congrès décider quitte à ce qu’il ne prenne aucune décision, qu’à une protection de l’environnement.* « Goodbye, Clean Power Plan » – National Review
Vive le Clean Power Plan est mort …
- Légalement, les conditions imposées aux Etats par le Clean Power Plant peuvent être annulées mais ça peut prendre des années avant qu’elles disparaissent complètement: Ces dernières années, les compagnies d’électricité ont fait des choix structurels qui vont davantage vers les énergies renouvelables, les centrales électriques et autres parcs éoliens plutôt que vers l’exploitation minière et ces investissements mettront des années à porter leur fruit ce qui rend leur abandon peu probable.
L’industrie est déjà en train d’adhérer à des alternatives plus propres et moins chères que les centrales au charbon même sans la pression du gouvernement fédéral.
* « Trump administration Formally Proposes to Rescind Obama’s Clean Power Plan » – Businessweek
On vit une époque formidable
- Deondre Harris, un afro-américain roué de coups par des suprémacistes blancs lors de la manifestation d’extrême droite et néo-nazie à Charlottesville, a été inculpé par un juge de la ville pour coups et blessures – qu’il a asséné pour se défendre. L’avocat du plaignant, Harold Ray Crews, serait allé directement demandé la décision auprès du juge sans attendre les résultats de l’enquête de police, qui prouverait que le « nationaliste du sud » n’a pas été blessé.
La vidéo du passage à tabac de Harris a permis d’identifier deux des six agresseurs. Les réactions devraient s’accumuler contre ineptie – The Washington Post
- Entre 30 et 40% des pompiers qui combattent les incendies de forêts en Californie sont des … détenus. Ils sont été condamnés pour des peines légères et se sont portés volontaires pour travailler en dehors de la prison, et gagnent deux dollars de l’heure lorsqu’ils sont en exercice. La Californie est l’Etat qui le plus recours à ce programme avec quelques quatre mille participants qui lui permettent d’économiser 80 millions de dollars par an.
- Lors d’une réunion des représentants de la sécurité nationale l’été dernier, Trump a demandé que l’arsenal nucléaire des Etats-Unis – à son niveau le plus bas depuis les années – soit dramatiquement augmenté, « pour ne plus être au niveau le plus bas » sans aucune idée des conséquences au niveau international, ni de l’état de actuel de l’armée qui n’a jamais été aussi puissante. Aucune augmentation n’a néanmoins été prévue.
C’est à la suite de ce meeting que Tillerson a qualifié le président de « moron » – NBC News
- Le commissaire de la NFL, Roger Goodell, qui défendait la liberté d’expression des joueurs il y a deux semaines, a changé d’avis, sans doute à cause des audiences en baisse des matches de football et du faux coup d’éclat de MIke Pence dimanche dernier, et affirmé dans une lettre envoyée aux propriétaires des équipes, que « comme beaucoup de supporters » le pensent, « les joueurs devraient respecter l’hymne national ». Il semble que les menaces de Trump aient finalement porté leurs fruits
– The New York Times
La couverture du jour
- C’est la énième couverture sur Trump mais l’interview effectué par Randall Lane, le rédacteur en chef de Forbes donne une bonne idée du caractère de Trump et de sa manière de diriger le pays et de gérer les problèmes, en gros en dehors des réalités.
« Les nombres importants ont toujours attiré Trump, qu’ils soient vrais ou non »
Il a numéroté les étages de la Tour Trump pour qu’elle paraisse plus haute, est obsédé par l’audience de The Apprentice et a menti sur la superficie de son penthouse. Tout cela explique l’inexplicable – le besoin d’exagérer la taille de la foule ou insulter celui qui va sortir des sondages défavorables.Les entreprises américaines ont largement adhéré les mégadonnées … mais Trump s’est vanté pendant des décennies de conduire ses propres recherches – anecdotiques – et puis achète ou vend en suivant son instinct. Les nombres ne sont là que pour justifier son flair.
Il gouverne exactement de cette manière, en soutenant les promesses de campagne qui défient toute logique
- * « Inside Trump’s Head: An Exclusive Interview With the President, And the Single Theory That Explains Everything » – Forbes