1. »L’atmosphère déplorable doit cesser »
- La fusillade d’un supporter de Bernie Sanders contre des Représentants républicains mercredi matin en Virginie est le résultat du climat délétère qui règne à Washington et dans le reste du pays depuis l’élection de Donald Trump.
Pour le L.A.Times:
L’attaque semble être la conséquence naturelle et anormale de l’animosité qui entoure aujourd’hui la polarisation de la vie politique.
- Cet « attentat politique » a été condamné par l’ensemble de la classe politique, Bernie Sanders, le président, Paul Ryan, le « House Speaker » qui ont appelé à la solidarité et à l’unité du peuple américain. Les journalistes sont restés eux aussi très sobres, et les chaînes d’info ont fait du direct toute la journée.
- Les médias sociaux se sont eux enflammés en lançant des rumeurs et des fake news sur l’attaque, certaines pour envenimer une situation déjà très tendue comme le rapporte Buzzfeed.
- Fox News a immédiatement accusé les médias de gauche d’avoir « radicalisé » le forcené, et on pouvait même lire sur l’une des bannières diffusées en prime time « VIOLENCE HORS DE CONTROLE DE LA GAUCHE ».
- John Podhoretz du New York Post évoquait la violence de 1968 marquée par l’assassinat de Robert Kennedy et Martin Luther King:
« Etait-ce un évènement isolé ou assiste-t-on à un autre été meurtrier – le signe d’une nouvelle forme de chaos avec la réminiscence effroyable de 1968? »
2. Le cauchemar de Trump se réalise
- Selon le Washington Post, le procureur indépendant Bob Mueller, en charge de l’enquête sur les accusations d’ingérence russe durant les élections présidentielles de 2016, cherche désormais à déterminer si le président a tenté d’entraver la justice en virant le directeur du FBI après son refus de « laisser tomber » l’enquête.
- A noter:
- Lorsque Comey dirigeait cette « probe », il a rassuré à trois reprises le président que ce dernier ne faisait l’objet d’aucune enquête et ce serait toujours le cas si Trump n’avait pas décidé de renvoyer le directeur du FBI.
- Le FBI a commencé à enquêter sur Trump avant même que Mueller soit nommé par l’adjoint du ministre de la Justice, Rod Rosenstein.
- Bob Mueller croit davantage au témoignage de Mr Comey qu’aux accusations de mensonges lancées par Donald Trump et ses deux fils à l’encontre de l’ancien directeur du FBI.
- Mueller va interroger lundi trois haut responsables du Renseignement (Daniel Coats, directeur du renseignement, Mike Rogers, directeur de l’Agence nationale de sécurité et son ancien adjoint, Richard Ledgett) pour savoir si Trump leur a demandé de convaincre Comey d’arrêter l’enquête.
- Enfin Jared Kushner et Michael Flynn seraient dans le collimateur des enquêteurs pour d’éventuelles transactions financières frauduleuses.
- L »avocat de Trump a qualifié cette énième fuite sur le président de « scandaleuse, inexcusable et illégale ».
Le président a naturellement réagi ce matin sur Twitter:
3. Mais ou est passé la réforme de l’assurance santé de Trump?
- l’American Health Care Act, la réforme de l’assurance santé, censée abolir et remplacer Obamacare, est passée à la va-vite devant la Chambre des Représentants le 4 mai dernier, sans que la plupart des Représentants républicains qui ont voté pour ne l’aient lue, et sans attendre les conclusions du Bureau de la Gestion et du Budget (OMB) qui annoncé quelques jours plus tard que 23 millions d’Américains perdraient leur assurance ces dix prochaines années sous l’AHCA.
- C’était la première grande victoire législative au forcing de Donald Trump qu’il a fêté à grands renforts de journalistes et caméras de télévision le jour même dans le Rose Garden de la Maison Blanche.
Malheureusement pour lui, seulement 29% d’Américains soutiennent la réforme. - Cette loi moribonde est depuis un mois et demi aux mains de treize sénateurs républicains, « tous des hommes et blancs » qui la réarrangent à leur manière sans en discuter avec leurs collègues démocrates et certains républicains et sans en informer le public américain …. Ils se sont donnés jusqu’au 4 juillet pour la faire voter.
- Coup de théâtre: Mardi, Donald Trump a critiqué une loi « mauvaise » devant des sénateurs républicains et leur a demandé de proposer une version « plus généreuse » envers le peuple américain: Un revirement qui montre une fois de plus que le parti conservateur ne peut compter sur le soutien du président qui n’hésite pas à changer d’avis quand le vent tourne.
- Les sénateurs républicains doivent gérer un cadeau empoisonné, qu’aucun Etat américain ne soutient, et qui pourrait bien leur faire perdre leur siège aux prochaines élections de mi-mandat en 2018:
[Le New York Times] s’est rendu compte que les Républicains ont créé une unité rare au sein des « blue » et « red states »: leur opposition à l’American Health Care Act.
4. « Meet the Goopies »
- Goop, le blog/site internet/compagnie de Gwyneth Paltrow qui conseille les riches sur leur façon de vivre, de manger, de rire et de respirer est devenu ces dernières années l’un des sujets de moquerie préférés des médias et d’internet.
- Samedi dernier avait lieu à Los Angeles, la première conférence « In Goop Health », une journée consacrée à la santé et au bien-être où cinq cent « Goopies » avaient payé entre 500 (ticket « Lapis »), 1000 (ticket « Améthiste » avec un cocktail offert) et 1 500 dollars (ticket « Clear Quartz » et un drink avec Gwyneth) pour essayer (et acheter) les meilleurs produits et traitements offerts sur le site Goop.com: Une expérience censée inspirer ses lecteurs selon sa fondatrice.
- Les invités ont pu participer à ses expériences pseudo-scientifiques (les bénéfices scientifiques de marcher pieds-nus appelés « earthing »), écouter les « protocoles révolutionnaires de guérison de son mentor », le Dr Habib Sadeghi, et pouvaient acheter ses produits originaux comme le « Jaded Egg », un oeuf vibrateur à insérer dans le vagin pour entretenir son élasticité (65 dollars): Le New York Times rapporter les détails des séances de détente et de méditation toutes plus farfelues les unes que les autres mais qui semblent amuser, inspirer et ravir les dizaines de « Goopaholics » présentes.
- Le New York Post a été bien plus critiques envers ces « goopies » / groupies venues surtout approcher la star de cinéma et ses célèbres copines: Cameron Diaz, Miranda Kerr, Tory Burch et Nicole Richie.
- L’évènement hippie-chic a en tout cas réussi son opération de communication puisque Fast Company, W magazine, The Guardian, The Washington Post, Jezebel, ou encore People en ont parlé cette semaine.
5. Melissa Meyer Out
- Cinq ans après son arrivée à grand fracas à la tête de Yahoo, Marissa Meyer a annoncé sa démission de la compagnie, qui vient d’être rachetée par le géant de la téléphonie, Verizon, pour 4,5 milliards de dollars. Un départ par la petite porte qu’elle a annoncé sur le site de micro-blogging Tumblr, qu’elle a racheté en 2013 pour un milliard de dollars, aujourd’hui en lambeaux .
- Selon Maya Kosoff de Vanity Fair:
La position de Mayer était condamnée d’avance. On lui a donné une tache impossible – transformer une compagnie réputée pour être le portail internet des années 90 – et des objectifs irréalisables (…) Mayer était la sixième PDG de Yahoo en cinq ans.
- Malgré des choix managériaux controversés (dépenser trois milliards de dollars en acquisitions, rémunérer un Chief Operating Officer 105 millions de dollars pour 18 mois de travail) et deux piratages qui ont affecté les comptes Yahoo de près d’un milliard de consommateurs, Melissa Mayer partira avec 186 millions de dollars de stock Yahoo.
- « The Invitable Death of the Marissa Meyer Dream » – Vanity Fair
Le reste de l’actualité
- C’est Jonah Goldberg qui l’affirme dans la sérieuse et conservatrice National Review, Donald Trump a des chances d’être destitué si les Démocrates remportent les élections de mi-mandat en 2018 – National Review
6. Couverture du jour
- On en a parlé toute cette semaine: La débâcle de la start-up la plus chère au monde, Uber, évaluée à 68 milliards de dollars l’année dernière, dont la culture d’entreprise est jonchée de polémiques et scandales ces derniers mois, et dont le fondateur et directeur général, Travis Kalanick, 40 ans, l’un des plus détestés de la Silicon Valley va prendre un congé illimité.
- Pour Time magazine, ce chaos devrait être une piqûre de rappel pour la Silicon Valley et les valeurs qu’elle défend:
La technologie progresse tellement rapidement qu’elle va continuellement devancer la loi, le gouvernement et la capacité du public à comprendre toutes ses ramifications … Si le désastre de Uber doit prouver quelque chose, c’est qu’en l’absence de toute règles qui puissent les contrôler, les architectes de la nouvelle économie – et du nouveau monde – doivent se comporter avec davantage de responsabilité.