Bonjour à tous.

L’administration affronte en ce moment la pire crise de sa jeune histoire.

Le président Trump persiste sur la politique de tolérance zéro en matière d’immigration, parle d’immigrés illégaux qui « infestent » les Etats-Unis; Rachel Maddow, présentatrice star de la chaîne MSNBC, en pleurs ce soir en lisant le dernier communiqué de AP sur l’existence de centres de détention pour enfants de migrants en bas-âge; et enfin Nikki Haley a annoncé le départ de l’Amérique du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, « un cloaque de partis pris politiques ».

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1. Les quotidiens

• « La cruauté de Trump »

  

  Tous les quotidiens américains évoquaient mardi la crise politique et morale provoquée par la décision de l’administration Trump de séparer les enfants de migrants de leurs parents à la frontière américaine dans le cadre d’un durcissement de la politique d’immigration.

  Plus de deux mille enfants ont été séparés de leurs parents en six semaines, depuis la mise en place de la fameuse « tolérance zéro ». Un chiffre qui pourrait atteindre les 30 000 d’ici le mois d’août. Washington Examiner.

 

 

• Les critiques des Républicains et des Démocrates

  

  Les parlementaires démocrates étaient de plus en plus remontés lundi, et les Républicains de plus en plus mal-à-l’aise avec la politique du président Donald Trump qui continue avec ses conseillers continuent de défendre la « tolérance zéro » et affirme qu’il appartenait au Congrès de régler le problème.

  Parmi les critiques, le Représentant républicain de San Antonio, Will Hurd, dont le district accueille à Tornillo un camp de 400 lits pour enfants de migrants qui est devenu le point de mire de la bataille sur l’immigration.

  « Si votre stratégie concernant la sécurité des frontières consiste à séparer les enfants de leurs parents, alors vous devriez repenser cette stratégie » a déclaré Hurd au Chronicle après avoir visité l’établissement le week-end.
  Hurd fait face à une réélection dans un district à majorité latino qui englobe environ 1300 kilomètres de frontières. Houston Chronicle

   

 

• Et rejette la faute sur les Démocrates

  

  
  Les images d’enfants retenus dans des cages alimente un concert grandissant de critiques des deux partis, de quatre anciennes First Ladies et des leaders évangéliques du pays. 

  « Je le répète fermement, c’est la faute des Démocrates » [ce qui est faux mais et ce que le quotidien oublie de préciser] a affirmé lundi le président alors que son administration rejette les critiques selon lesquelles cette mesure est inhumaine et immorale.

  « On ne va pas s’excuser du travail qu’on fait ou de celui que font les forces de l’ordre et de ce que les Américains attendent de nous. » a déclaré la Secrétaire à la Sécurité Intérieure Kirsjen Nielsen l’association nationale des shérifs de la Nouvelle Orléans. « Plus d’accès gratuit, plus question de sortir de prison sans aucune conséquence. »
  « Les Etats-Unis ne vont pas devenir un camp de migrants, ni un centre de rétention de réfugiés » a déclaré Trump, « pas sous ma gouverne ». The Denver Post

  Le président n’a pas reculé devant le scandale.

  Mardi après midi, il s’en est pris au sénateur républicain du Texas, Ted Cruz, qui prévoit d’engager plus de juges en charge des questions d’immigration afin d’accélérer le processus d’expulsion.

  Dans une série de tweets, il a défendu sa politique et accusé une fois de plus les Démocrates d’être « le problème », de ne pas se « soucier de la criminalité » et de vouloir que les immigrés illégaux « rentrent et infestent [le] pays. The Atlantic

 

 

 

• Des centres de détention pour enfants en bas-âge

  

  En une du New York Post, le quotidien favori du président, une photo du camp de rétention du Texas où l’on voit des enfants dormir par terre dans des cages.

  Mardi soir, Associated Press a révélé l’existence de camps pour nouveau-nés et enfants en bas-âge au Texas.

  Des représentants de l’administration Trump ont envoyé des bébés et de jeunes enfants séparés de force de leurs parents a la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique dans au moins trois refuges de « jeune âge » dans le sud du Texas.

  Des avocats et du personnel médical qui ont visité des refuges de la vallée du Rio Grande décrivent des salles de jeux remplies d’enfants en bas âge en pleurs. Le gouvernement prévoit d’ouvrir un quatrième refuge  pour accueillir des centaines de jeunes enfants de migrants à Houston, et provoqué la colère de ses dirigeants. AP

   

 

 

 

2. Trumplandia.

• Le trumpisme en action

  Après dix-huit mois au pouvoir et beaucoup de promesses, un premier bilan en demi-teinte pour le président selon Jonathan Swan de Axios.

  Pendant trente ans, Trump a dit à l’Amérique ce qu’elle serait s’il en avait la charge. Meilleurs contrats, plus riche, plus en sécurité, plus intelligente. Que de la rhétorique et de la théorie. Il pouvait faire toutes sortes de promesses hyperboliques sans craindre d’être contesté. Il serait capable d’éliminer la dette nationale en éliminant quelques agences [fédérales] et de mettre fin au gâchis, à la fraude et aux abus ». Il pourrait mettre fin au terrorisme en interdisant les musulmans d’entrer dans le pays, Il ferait construire un beau grand mur financé par le Mexique et offrirait le meilleur système de santé qu’on n’ait jamais pu imaginer.

  Les douze premiers mois de sa présidence, Trump a fait des annonces, a signé des décrets présidentiels et quelques lois.

  Aujourd’hui, Trump ressent les conséquences – les images – de ses décisions. Une économie en plein essor et un chômage au plus bas – la réforme fiscale ayant accéléré une économie déjà très dynamique.
  Des alliances compromises avec l’Europe et le Canada. Des histoires et des images choquantes de parents séparés de leurs enfants à la frontière. Une assurance maladie bien plus chère. Et le plus important économiquement: Une guerre commerciale sur tous les fronts que Trump compte mettre en place.
  (…)
  Selon un Républicain bien informé: La plus grande crise qui pourrait toucher Trump serait un ralentissement de l’économie causé par la guerre commerciale. Le boom [économique] le protège de l’impact de ses politiques, de son comportement et ses décisions prises à la va-vite. Pas de boom, pas de protection et un effondrement politique.

  * « Axios AM – Jonathan swan – Axios

• Mais il continue de séduire sa base.

  Si 66% des Américains sont opposés à la politique de tolérance zéro du président, 55% des Républicains sont favorables à la séparation des familles de migrants entrées illégalement sur le territoire.

3. Le Tweet du jour

Deux personnes ayant dirigé la campagne de Trump. L’un [Corey Lewandowski s’est moqué [ce soir sur Fox News ] de l’expérience traumatisante d’une fille de dix ans atteinte de trisomie et enlevée de force à ses parents [migrants].
L’autre [Paul Manafort] est en prison.
Ca résume tout »

 

 

 

 

4. Séparés, jamais réunis?

• L’un des problèmes de la séparation des enfants de migrants et de leurs parents, c’est qu’il n’existe aucun protocole précis concernant leur réunion, comme l’explique le journaliste Jonathan Blitzer du New Yorker, qui a visité des prisonnières d’une centre de détention de l’ICE au Texas.
  

  Le 5 mai, juste après minuit, une femme nommée Ana Rivera du Honduras et son fils âgé de cinq ans, Jairo, ont tenté de traverser la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Ils ont été arrêté en train d’escalader une clôture à El Paso et ont passé la nuit dans une cellule d’une station de la US Border Patrol avec d’autres mères et enfants, un groupe de vingt-cinq.
  L’après midi de leur deuxième jour de détention, deux agents sont entrés dans la cellule: « Ils n’ont rien dit » raconte Rivera.
  Ils sont venus prendre Jairo. Il était serré contre moi, s’est accroché, a pleuré, a crié. Ils ont du l’arracher. Elle a demandé aux agents ce qu’il se passait.
  Les autres femmes de la cellule était trop abasourdies pour réagir, explique Rivera. Dans les heures qui ont suivi, les agents ont commencé à prendre d’autres enfants.
  Finalement, on a indiqué aux mères qu’elles retrouveraient leurs enfants après quelques jours passés en prison.
  Six semaine plus tard, Rivera n’a pas encore revu son fils.

  L’administration Trump sépare les enfants de leurs parents à la frontière sans plan clair ou protocole pour garder une trace d’eux pendant leur séparation. Dans le cadre de sa politique de tolérance zéro, les parents sont poursuivis pénalement pour être entrés illégalement aux Etats-Unis puis sont détenus par l’ICE en attendant leur expulsion, alors que leurs enfants, qui sont traités comme s’ils étaient arrivés seuls sur le territoire, sont placés sous la tutelle du Bureau De Réinstallation des Réfugiés (ORR).
  « Une fois que les parents et les enfants sont séparés, ils empruntent des voies juridiques distinctes » explique John Sandweg, ancien chef de l’ICE sous Obama.
  Au cours du dernier mois, le gouvernement a séparé 2 300 enfants de leurs parents, qui ont pour la plupart été contraints de localiser leurs enfants eux-mêmes.

  * « In ICE, Detention, A Honduran Woman Fears Deportation Without Her Son » de Jonathan Blitzer – New Yorker

• Je vous conseille l’excellent podcast quotidien « Daily » du New York Times d’hier, consacré à la question.

 

 

 

 

5. Les pleurs des enfants

 

 

• Les sanglots désespérés de dix enfants d’Amérique Centrale, séparés de leurs parents la semaine, la semaine dernière par les autorités de l’immigration à la frontière, sont terribles à entendre. Beaucoup d’entre eux pleurent si fort qu’ils peuvent à peine respirer.Ils crient « mami » et « papa » encore et encore comme c’était les seuls mots qui connaissent.
  Au milieu des cris, on peut entendre un agent de la Border Patrol plaisanter: « C’est un véritable orchestre ici, il ne manque plus qu’un chef d’orchestre ».
  Puis une petite Salvadorienne de six ans désemparée mais déterminée demande à plusieurs reprises à appeler sa tante. Juste un appel, demande-t-elle à tous ceux qui veulent bien l’écouter. Elle dit avoir mémorisé le numéro de téléphone et le donne à un agent consulaire. « Ma maman m’a dit d’aller avec ma tante et qu’elle va venir me chercher le plus vite possible ». Propublica

 

 

 

6. Les médias de droite derrière le président

• Face au scandale des enfants de migrants, les médias pro-Trump font bloc derrière le président, soit en représentant les migrants comme une menace pour le pays, soit en suggérant que les images d’enfants détenus sont une mise en scène des Démocrates et des médias. Reliable Sources
  • Le Drudge Report, le site conservateur, a utilisé une photo d’enfants de Gaza, munis de revolvers, datée de 2012, pour passer les enfants de migrants pour de dangereux criminels. La photo a été depuis enlevée.
    Le photographe Christian Tribert, auteur de la photo, parle de « représentation obscène » de son travail. Vox
  • Rush Limbaugh, le présentateur radio conservateur parle « crise entièrement fabriquée » par les Démocrates et les médias.
  • Ann Coulter, figure de l’extrême droite américaine a qualifié les enfants détenus « d’acteurs qu’on voit désormais chialer sur les autres chaînes 24h/24 », qui auraient été « coachés » par les libéraux pour lire le même script » et a imploré Trump de « ne pas céder à ces enfants acteurs ». MediaIte
  • Fox News a mené la danse avec ses trois présentateurs stars: Tucker Carlson s’est insurgé contre la classe gouvernante qui « s’intéressent davantage aux étrangers qu’à son peuple ».
    Sean Hannity rejette la faute sur le Congrès, « qui devrait faire son travail. »
    Enfin Laura Ingraham compare les centres de détention à des « colonies de vacances ou un pensionnat ».
• Des remarques incendiaires qui ont poussé, Steve Levitan, le co-créateur et producteur de « Modern Family », l’une des séries les plus populaires de la télé américaine diffusée sur Fox, a annoncé aujourd’hui son départ des Studios Fox, via Twitter.
  

  Je n’ai aucun problème avec le conservatisme qui repose sur les faits (comme le Wall Street Journal) mais les 23 heures par jour de soutien de Fox News à la NRA, aux théories du complot et aux mensonges de Trump sont de plus en plus difficile à avaler chaque jour quand je me gare dans ce parking pour aller faire un show sur l’intégration.

  Les Studios Fox ont été formidable pendant toute ma carrière – tellement de gens formidables partagent là-bas les mêmes inquiétudes vis-à-vis de Fox News mais ne sont pas autorisés à en parler.

  Ce week-end, c’est Seth MacFarlane, dont le dessin animé « Family Guy » est un succès sur Fox depuis 1999 qui a affirmé être « gêné » de travailler avec la compagnie.
  
  Judd Apatow a lui attaqué la « famille » Murdoch, propriétaire de Fox, qui a fait des milliards de dollars en manipulant et mentant aux citoyens pour leur enrichissement personnel.

 

 

 

7. On vit une époque formidable

• Une école de Richmond en Virginie, vient de remplacer le nom d’un général confédéré, J.E.B. Stuart,  qu’elle portait pour celui de Barack Obama. NY Daily News
• Elon Musk, fondateur et Pdg des voitures électriques Tesla a révélé qu’un employé de la compagnie avait saboté le système d’exploitation de la compagnie et offert des données « très sensibles » à un tiers parti car il n’avait obtenu la promotion souhaitée. NY Daily News
• Chris Pratt, l’acteur de Jurassic World et Gardians of the Galaxy, a déclaré dans son discours de récompense aux MTV Movie Award que « Dieu est réel, Dieu vous aime, Dieu ne vous veut que du bien. Il faut le croire. Je le crois. » Flipboard
• Les Américains n’ont jamais aussi peu fumé, 14% de la population seulement contre 42% dans les années 60. AP 

 

8. La Couverture du Jour

• Une Cardi b très enceinte avec son fiancé et futur papa, le rappeur Offset, en couverture du dernier Rolling Stone.