Happy Tuesday!
La Cour Suprême des Etats-Unis vient de confirmer la troisième version de la « Travel Ban » de l’administration Trump – qui interdit l’entrée sur le sol américain des ressortissants de sept pays, la Corée du Nord, la Syrie, la Libye, le Yemen, la Somalie et le Venezuela, car elle s’inscrit dans les prérogatives du président en matière de sécurité nationale.
Dans sa critique, la juge Sonya Sotomayor affirme que la décision de la Cour laisse intacte la politique ouvertement annoncée et sans équivoque [du président] qui vise à interdire l’entrée des Musulmans aux Etats-Unis.
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1. Les quotidiens
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Violence à NYC
Mercredi 21 juin, Lesandro Guzman-Feliz, 15 ans, est descendu faire ses courses dans le deli en bas de chez lui quand plusieurs individus l’ont attrapé, jeté dehors et frappé de plusieurs coups de machette avant de prendre la fuite – sous le regard indifférent des propriétaires de l’épicerie qui ont refusé de lui venir en aide.
Le jeune homme ensanglanté est mort sur le trottoir quelques minutes plus tard.La scène, filmée par les caméras de surveillance et diffusée sur internet a choqué la communauté locale qui a dénoncé la violence dans les rues de New York.
La police, qui a arrêté sept suspects, affirme que Guzman, dit « Junior », a été tué par erreur: Il a été confondu avec un autre jeune homme impliqué dans une affaire de sex tape.
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Trump v. Harley-Davidson
Harley Davidson Inc. a annoncé lundi la délocalisation de sa production destinée à l’Europe vers ses usines de l’étranger en réponse aux tarifs douaniers que l’Europe a imposés sur ses motos. Quelques heures après l’annonce, le président a critiqué le premier constructeur au monde de grosses cylindrées.
« Surpris de voir que, de toutes les compagnies, Harley-Davidson soit la première à brandir le drapeau blanc. »
Harley affirme que l’impact des 31% de barrières douanières, contre 6% auparavant, pourrait coûter cent millions de dollars chaque année à la compagnie, soit 2 200 dollars en moyenne par moto. Journal Sentinel
Le président a twitté à cinq reprises sur la compagnie ces dernières 24 heures et a menacé de lui imposer d’énormes taxes si elle décidait d’aller produire une plus grande partie de ses bécanes en dehors des Etats-Unis.
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Eric Greitens: La déchéance continue
Je vous rapporte depuis plusieurs mois maintenant les péripéties de l’ancien soldat d’élite, Eric Greitens, étoile montante du parti républicain, qui a dû démissionner de son poste de gouverneur du Missouri, après avoir été accusé en février dernier d’avoir fait chanter sa maîtresse avec des photos intimes compromettantes et de l’avoir agressée physiquement. Deux mois plus tard, il a été soupçonné d’avoir utilisé illégalement une liste de donateurs de sa fondation dédiée aux vétérans, pendant la campagne électorale de 2016 au poste de gouverneur, qu’il a remportée.
Lundi, le président de la Commission parlementaire du Missouri en charge de l’enquête sur Greitens a confirmé qu’elle aurait engagé une procédure de destitution si le gouverneur n’avait pas démissionné à la fin du mois de mai. Stltoday.com
Si ça n’était pas assez, l’ancien membre des Navy SEAL est aujourd’hui accusé de « fraude littéraire »: Son best-seller, « Resilience », une correspondance entre Greitens et d’anciens soldats souffrants de PTSD ayant eu affaire à la justice, n’en n’était pas une: il s’agit de témoignages véridiques d’anciens soldats mais l’idée d’un échange de lettres aurait été lancée après la rédaction du livre, assumée par un assistant de Greitens. Stltoday.com
2. Trumplandia
Deux analyses intéressantes par Mike Allen et Jim VandeHei de Axios sur la stratégie de Trump pour les élections de mi-mandat et la fin de son mandat.
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Elections de mi-mandat: La politique du cynisme
Un paradoxe qui définit le climat politique actuel: Plus le président agit, parle et tweete des propos scandaleux, plus les critiques s’emportent et plus les sondages lui sont favorables.
Les univers parallèles [des supporters de Trump et de ses adversaires] tendent à s’éloigner toujours plus.
La couverture médiatique (et la réalité) nous présente une Maison Blanche en plein chaos, un président imprévisible qui s’improvise conseiller politique, chef de cabinet, directeur de la communication et « tweeter-in-chief ».
Allez sur Twitter, et vous penserez que la civilisation s’est retournée contre lui. Pourtant:
Trump n’a jamais été aussi populaire dans les sondages, 45%, presque pareil qu’Obama (46%), Bill Clinton (46%) ou Ronald Reagan (45%).
Le soutien parmi les Républicains est de 90% et a augmenté chez les Indépendants, 42%.
Ses attaques contre [le procureur indépendant] Bob Mueller [en charge de l’enquête sur la Russie] marchent puisque 53% des Américains ont une opinion défavorable de lui, contre 26% seulement en juillet 2017.Plus il attaque Mueller, plus il attaque les médias, et plus les médias contre-attaquent et plus les Républicains le soutiennent (…)
Notre politique est devenue encore plus tribale et ses électeurs indifférents aux scandales.
C’est sans doute la stratégie la plus cynique qu’on puisse imaginer mais ça ne veut pas dire qu’elle ne peut réussir sur le plan politique. -
Un agenda législatif presque bouclé en attendant 2020
Le programme de politique intérieure de Trump, marqué par le passage de la réforme fiscale en décembre dernier, est quasiment bouclé pour deux raisons :
- Le Congrès a peu de chances de faire passer une loi importante avant les élections de mi-mandat, comme on peut le voir aujourd’hui en matière d’immigration.
On s’attend à des résultats très serrés, sans une majorité importante pour l’un ou l’autre parti, donc la politique de Washington devrait vraisemblablement être bloquée jusqu’en janvier 2021. - Le président n’a aucune intention de chercher un compromis avec les Démocrates: « Il a choisi une stratégie de guerre partisane qui n’est pas de refroidir » donc il existe encore moins de chances de faire passer de nouvelles lois.
- Le Congrès a peu de chances de faire passer une loi importante avant les élections de mi-mandat, comme on peut le voir aujourd’hui en matière d’immigration.
- Trump devrait continuer à utiliser les décrets présidentiels qui lui permettent de légiférer sans l’accord du Congrès américain.
Il devrait également se concentrer sur la politique étrangère du pays, la guerre commerciale entreprise avec l’Europe et la Chine. Axios
3. »Restaurant wars »
- Après la Secrétaire du Département de la Sécurité Intérieure, Kirstjen Nielsen, la semaine dernière, qui a dû quitter un restaurant mexicain de Washington, « Cocina Mexicana » sous les huées de certains clients, c’est Sarah Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche, qui a été sommée de quitter le restaurant de Lexington en Virginie, « Red Hen ».
L’explication de la propriétaire, Stéphanie Wilkinson.: « On a atteint un point dans notre démocratie où les gens doivent prendre des décisions pas forcément agréables pour défendre leurs valeurs ».Sarah Sanders a joué les philosophes sur Twitter en affirmant que, contrairement à Mme Wilkinson, « elle a toujours fait de son mieux pour traiter les gens, y compris ceux avec qui elle n’est pas d’accord, avec respect et continuera d’agir ainsi. »C’était sans compter l’intervention du Twitter-in-Chief qui critiqué la devanture, « très sale », du restaurant.
- Et une fois de plus, c’est sur Yelp, le site internet qui permet à ses usagers de critiquer – en bien ou en mal – les commerces locaux, que les partisans de Trump et défenseur de Red Hen sont partis en découdre en laissant en deux jours par moins seize mille critiques et une note médiocre une étoile et demie sur les cinq possibles.Le site a dû prévenir les internautes « que le business a récemment fait la une de l’actualité, ce qui veut souvent dire que les gens viennent sur [la page du restaurant] pour partager leur point de vue sur l’actualité. »
En gros, Yelp est devenu un champ de bataille et ce n’est pas la première fois. Depuis des années des sites de critiques comme Yelp et Trip Advisor ont été manipulés par des trolls, des critiques rémunérés et des citoyens politiquement enragées. Wired
* « The Absurdity of Trump Officials Eating Mexican Restaurants During an Immigration Crisis » de Helen Rosner – New Yorker
4. Le cartoon du Jour
5. Les problèmes de Johnny Depp
- On savait Johnny Depp assez mal en point face aux déboires financiers, amoureux et artistiques de ces dernières années, attendez de lire ce portrait au vitriol de l’acteur publié par Rolling Stone:
Ca a pris un mois et deux cent emails pour comprendre le message: Viens à Londres; Johnny Depp voudrait s’expliquer sur ses comptes bancaires vides.
On estime que Depp a touché 650 millions de dollars sur des films qui en ont rapporté 3,6 milliards.
Il ne reste quasiment plus rien.
Il a porté plainte contre The Managements Group, dirigé par son manager de longue date, Joel Mandel, et son frère, Robert, pour négligence et fraude.
(…)
Les Mandel démentent ces accusations, affirment que Depp les a trahi et qu’il souffrirait d’une fièvre acheteuse qui lui coûte deux millions de dollars par mois …Ces dix huit derniers mois, les mauvaises nouvelles s’accumulent autour de Johnny Depp. En plus des difficultés financières, on dit qu’il oublie régulièrement son texte et doit porter une oreillette pour s’en rappeler. Il s’est séparé de son avocat et son agent avec qui il travaillait depuis toujours. Et il est seul.
Son divorce, scellé, avec l’actrice Amber Heard, relayé par les tabloïds a été entaché par des allégations de violences physiques que Depp dément avec véhémence.
Son cercle rapproché l’avait pourtant supplié de ne pas se marier avec Heard ou au moins de signer un contrat de mariage. Depp a ignoré les conseils de ses proches. Et on murmure que la consommation de drogues et d’alcool y a joué un rôle.Pendant mon séjour à Londres, l’acteur [que le journaliste a rencontré] est tour à tour hilarant, malin et incohérent. Les journées commencent le soir et se terminent aux premières lueurs du jour. Il a l’air effrayé et traqué. S’il a proposé plusieurs fois de me faire découvrir la ville, on est toujours restés chez lui.
(…)
Un jour Depp m’a montré son art et il m’a fait penser à un Dorian Gray vieillissant.
« J’imagine une version de Jack Sparrow [son personnage dans « Pirates des Caraïbes »] à 70 et même 80 ans » m’explique son amie Penélope Cruz. « Il sera aussi beau et charmant ».
Mais les choses qui étaient charmantes quand il avait 28 ans – consommer de la drogue et grimper sur des échafaudages des bâtiments de L.A. sont inquiétantes à 55.
Peut-être qu’être un Peter Pan éternel est la clé du charme de Depp à l’écran. Mais le temps a passé. L’insouciance du jeune home s’est transformé en celle d’un homme-enfant vieillissant, toujours charismatique mais par intermittence. Si sa vie n’est pas la copie conforme des derniers jours d’Elvis Presley, elle en est un fac-similé.* « The Trouble with Johnny Depp » de Stephen Rodrick – Rolling Stone
6. « A Great Day in Hollywood »
- Netflix a réuni le temps d’une photo – qui s’inspire de celle, culte, de 1959, « A Great Day in Harlem », qui rassemblait sur un stoop de New York City, les légendes du Jazz – 47 Afro-américains qui ont joué, écrit ou réalisé dans ses créations originales, films, émissions et documentaires.
Le cliché, intitulé « A Great Day in Hollywood », est l’objet d’une campagne de pub de Netflix.Je vous conseille l’excellent documentaire de Jean Bach, « A Great Day in Harlem », sur la genèse de la photo originale.
7. La Couverture du Jour
- La dernière « cover story » de New York magazine tente de répondre à la question que des millions d’Américains se posent depuis dix huit mois: « Où est passé Barack Obama? »
Il est d’usage qu’un président sortant se retire de la vie politique à la fin de son mandat mais face à l’élection surprise de Donald Trump et l’enchaînement des polémiques et scandales qui ont marqué sa jeune présidence, à la destruction systématique de ses politiques sociales, économiques et environnementales, on aurait espéré avoir un Obama plus impliqué, au moins dans la vie publique du pays.Or Barack Obama a disparu de la circulation.« Il a choisi de rester en dehors des épisodes d’indignation générale de l’Amérique libérale. Même s’il lit le Times et d’autres quotidiens, il n’est pas obsédé par les propos quotidiens du président.
Il est en colère contre les actions de l’administration, et a confié à ses amis que ce qui le préoccupe le plus sont l’ordre international, le statut de la fonction présidentielle, l’érosion des normes démocratiques.
Mais il insiste, dans ses discussions avec ses alliés politiques, que le désordre interne n’est qu’une parenthèse de l’histoire du pays et préfère se concentrer sur l’avenir à long terme – notamment à éduquer une nouvelle génération de leaders.* « Where is Barack Obama? » de Gabriel Debenedetti – New York