Bonsoir à tous et bon week-end!
Quelle semaine!
La plus extraordinaire et insensée de cette jeune présidence, encore une fois dominée par les propos et contradictions d’un président qui a fini par inviter à Washington un ancien espion de KGB responsable d’une cyber-attaque sur les élections présidentielles de 2016, une Maison Blanche qui tente de limiter les dégâts, le silence toujours plus coupable de la majorité et un électorat républicain qui soutient coûte que coûte le président. ¯\_(ツ)_/¯
… Et on vient d’apprendre que l’ancien avocat personnel de Trump, Michael Cohen, l’aurait enregistré, à plusieurs reprises, à son insu. Les enregistrements ont été saisis en mai dernier par le FBI.
En apprenant la nouvelle, potentiellement catastrophique, le président aurait affirmé: « Je ne peux pas croire que Michael ait pu me faire ça ».
A suivre…
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1. Les quotidiens
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ICE: « C’est une question de temps »
Ce n’est qu’une question de temps.
Après les arrestations de clandestins dans le nord de l’Ohio et du Kentucky, les militants qui travaillent avec la communauté latino de Cincinnati affirment que de nouvelles interventions de la police d’immigration devraient avoir lieu prochainement dans cette partie de l’Etat.
Ils ont déjà eu lieu un peu partout autour.
(…)
Le mois dernier, les agents [de l’ICE] du Northeast – qui couvre l’Ohio, le Michigan et le nord de l’Etat de New York – ont effectué les deux raids les plus importants de cette dernière décennie dans des entreprises du nord de l’Ohio. L’agence a arrêté 114 personnes dans une entreprise de jardinage à Sandusky et 146 autres dans un abattoir de viandes à Salem.
L’ICE affirme avoir renforcé sa répression contre ceux qui engagent des clandestins en punissant les propriétaires et travailleurs.
Sous Obama, seuls les immigrés sans papiers ayant un casier judiciaire étaient visés. Sous Trump, tous ceux qui résident illégalement sur le territoire sont une priorité. cincinnati.com
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Detroit, le coût humain de la faillite
Cinq ans après la faillite de Détroit, Barbara Yolom, retraitée, en ressent toujours le coup financier chaque mois lorsqu’elle doit payer 940 dollars/800 euros de taux de cotisation de sécurité sociale.
C’est une facture que Mme Yokom, 64 ans, reçoit uniquement parce que la ville a connu des problèmes financiers et déclaré banqueroute le 18 juillet 2013.
Son assurance santé était couverte quand elle a pris sa retraite en avril 2012 après 38 ans à travailler dans l’une des branches de la Detroit Public Library.
Les retraités qui sont trop jeunes pour Medicare, disponible à partir de 65 ans, ont dû trouver une assurance santé autre part, et beaucoup ont du payer un prix élevé avec l’Affordable Care Act, Obamacare.Les soins de santé ne sont pas le seul problème. Yokom a vu sa retraite diminuer. Elle fait également partie d’un groupe qui a dû donner de l’argent de son épargne. Elle a fini par donner 45 000 dollars dans ce qu’on appelle « une amende ». Freep.com
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Une nouvelle épidémie dans l’épidémie
Steven Linville se souvient très bien quand un docteur lui a dit annoncé qu’il était séropositif. « C’était comme si je recevais un coup de pelle dans la figure. J’ai eu l’impression d’être un monstre. »
Le 1er juin, Linville, 26 ans, sorti de prison après avoir été arrêté avec des seringues, s’est dit prêt à accepter le diagnostic reçu quelques mois plus tôt à la suite d’une overdose. Il contracté la maladie en utilisant une seringue usagée.Si c’est une surprise pour Linville, ça ne l’est pas pour les experts locaux et nationaux de maladies infectieuses qui savaient que ces nouveaux cas de HIV qui ont inondé la région étaient une conséquence directe de l’épidémie d’héroïne.
Le Centre de Contrôle et de Prévention des maladies a annoncé il y a deux ans que 65 comtés de l’Ohio et du Kentucky sur les 220 recensés dans le pays seraient l’objet d’une nouvelle épidémie [de Sida] en plein milieu de cette épidémie [d’opioïdes]. USA Today
2. Trumplandia: La semaine la plus folle de la présidence
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Volte-face #2
Mercredi après midi, Donald Trump a affirmé en conférence de presse qu’aucun président « n’avait été aussi dur avec Poutine qu’il ne l’a été ».
Puis à la question de la journaliste Cecilia Vega, « Pensez-vous que les Russes vont continuer à cibler les Etats-Unis », notamment à l’approche des élections de mi-mandat de novembre prochain, le président a répondu « non » – contredisant une fois contre l’avis du directeur National du Renseignement Américain, Dan Coats, qui affirmait la semaine dernière, que tous les feux étaient au rouge concernant de nouvelles cyberattaques de la Russie contre les Etats-Unis.
Une position qui n’a fait que renforcer les doutes des médias et des Démocrates sur la première « volte-face » de Trump *cette semaine* après le sommet d’Helsinki, au cours duquel il avait soutenu la version de Poutine selon laquelle la « Russie n’avait pas influencé les élections de 2016 » et les tweets du président qui vantent ces derniers jours, l’excellente relation entre lui et Poutine.
Des propos qui ont ravivé les tensions à la Maison Blanche, où les conseillers doivent désormais choisir entre servir le président – et à travers lui les intérêts d’une puissance étrangère ennemie – et protéger leur pays contre leur ennemi de toujours, la Russie.
Quelques heures plus tard, la porte parole du président, Sarah Sanders rectifiait le tir – avec une explication bidon: Oui la menace russe est bien réelle.
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Volte-face #3
Interrogée en conférence de presse sur l’offre « surprise » de Poutine lundi à Helsinki – la possibilité pour le procureur indépendant Mueller d’interroger les douze agents russes inculpés dans l’enquête sur l’ingérence russe en échange de la possibilité pour les autorités russes d’interroger des citoyens américains, dont l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Russie, Michael McFaul, impliqués dans les crimes soi-disant commis par Bill Browder, « un financier basé à Londres qui a mené une croisade mondiale pour les droits de l’homme contre le Kremlin qui s’est soldé par des sanctions contre de nombreux représentants russes » – la porte parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a répondu que le président … allait y réfléchir.
… Avant de rejeter encore une fois cette éventualité.
Hier le Sénat américain a voté une résolution 98-0 pour s’assurer que cela n’arrive. -
L’invitation
Pour finir la semaine en beauté, Trump a annoncé qu’il souhaitait inviter Poutine à la Maison Blanche cet automne.
Dan Coats, directeur du Renseignement National, a éclaté de rire, en apprenant la nouvelle en direct en pleine interview.
3. Trumplandia: Les super pouvoirs de Trump
- Les détracteurs – les Démocrates et la plupart des médias du pays – diront que les Républicains, en restant silencieux face aux décisions toujours plus controversées de Trump, ont clairement choisi le parti plutôt que leur pays (« party over country »): Le sommet de Helsinki, la défense de Poutine contre les conclusions des agences de Renseignement sur l’ingérence russe pendant les élections de 2016, et la fameuse invitation cette semaine en sont la parfaite illustration.Certains Républicains osent critiquer Trump dans la forme – Paul Ryan et Mitch McConnell, respectivement président de la Chambre des Représentants et chef de la majorité républicaine au Sénat – ou quand ils n’ont plus rien à perdre politiquement – Jeff Flake, sénateur d’Arizona ne cherche pas à être ré-élu et John McCain est atteint d’un cancer incurable.Le point de vue de Mike Allen
Oui, la plupart des Républicains élus avec qui ont a parlé pensent que le soutien chaleureux du président [envers Poutine] est inexplicable, inacceptable et non-américain.
Oui, ils aimeraient le dire publiquement mais ne le feront pas, pas maintenant et probablement jamais.La raison: Ils ne voient pas l’intérêt de parler car ils craignent un « suicide politique » s’ils le font, expliquent de nombreux Républicains.
C’est le pouvoir de contrôle que Trump exerce désormais sur sa majorité, ce grâce aux 90% d’électeurs républicains qui approuvent ses tactiques et sa performance.
Ces 90% renforcent et sont renforcés par Fox News et l’écosystème des réseaux sociaux pro-Trump qui prennent systématiquement la défense du président, même s’ils flanchent très rarement. - Donald Trump a donné aux Républicains plus que n’importe quel autre président de leur parti en seulement dix-huit mois: la destruction de la plupart des régulations sociales, économiques, environnementales imposées par son prédécesseur; la réforme fiscale qui a enrichit les plus riches et les entreprises; le chômage qui n’a jamais été aussi bas et la nomination de deux juges conservateurs à la Cour Suprême, qui sera très à droite ces trente prochaines années.Mais c’est surtout l’électorat républicain qui soutient coûte que coûte Trump: un sondage de SurveyMonkey, réalisé lundi et mardi pour Axios, révèle que 79% des Républicains approuvent la façon dont le président a géré sa conférence de presse avec Poutine à Helsinki!!!
4. Trump et Poutine: Un Kompromat?
- Les médias mainstream, Démocrates et une grande partie des Américains se demandent cette semaine après le désastre d’Helsinki et l’obsession de Trump à vouloir flatter Poutine, le refus d’imposer des sanctions contre la Russie, et l’invitation de cet automne: Quelle est la nature du « Kompromat » entre les deux hommes?Pour Julia Ioffe, journaliste à GQ, la réponse est simple: La victoire aux élections présidentielles de 2016.
Donald Trump décrit aujourd’hui sa campagne comme « brillante » mais ceux qui y étaient s’en rappellent pour ce qu’elle était: Titubante, volatile, à racler les fonds de tiroir pour trouver du staff compétent.
Comme on le sait aujourd’hui, la campagne, avec Donald Trump Jr, Jared Kushner, Paul Manafort et Roger Stone était prête à tout pour obtenir de l’aide.Les différentes inculpations du [procureur indépendant en charge de l’enquête sur l’ingérence russe] Robert Mueller compliquent l’effort de penser qu’il ne s’est rien passé, que la Russie ne s’en est pas mêlée, que la campagne de Trump n’était ni au courant, ni ne l’a activement accueillie, que toutes ces informations volées [aux Démocrates par des cyberattaques russes puis données à Wikileaks qui les publiées] ont simplement coïncidé avec les déclarations de Trump et que l’achat de publicités [sur les médias sociaux] n’ont rien changé aux votes.
Biensur, Trump le nie aujourd’hui. Il est difficile d’imaginer un politicien aussi susceptible et fier que lui dire, en gros, « oui vous avez raison. Ma victoire est illégitime, tout comme ma présidence ».
Il n’y a aucun moyen de l’envisager autrement: Le problème a toujours été la légitimité de sa présidence. Et personne, et surtout pas un président en exercice obsédé par sa propre image, n’abdiquera de cette manière.The Kompromat, ce sont les résultats des élections, et Trump s’en prend à tous ceux qui essayent de le pousser à reconnaître les faits: la presse, les Démocrates, la communauté du renseignement, Robert Mueller et même son propre ministre de la Justice.
La seule personne qui sait utiliser le chantage à son avantage semble être Poutine, formé à cette pratique, qui connaît son sujet [Trump] et sa psychologie, ses moindres recoins et insécurités et obsessions. Pourquoi menacer Trump quand il suffit de le flatter: « Bien entendu que nous n’avons pas influencé Donald, Vous avez gagné un point c’est tout. Et tout cela grâce à votre génie.La journaliste ne croit pas à la théorie du fameux « dossier Steele » – l’opposition research commandée par les Démocrates pendant la campagne qui affirme que les Russes auraient une vidéo compromettante de Trump, la fameuse « Golden Shower »: « D’abord parce que l’élément essentiel du chantage est la honte, et comme le prouve sa réaction vis-à-vis d’une autre vidéo, il est incapable d’avoir honte.
- Selon le New York Times, Donald Trump sait depuis janvier 2017 que Vladimir Poutine a personnellement ordonné les cyberattaques pour influencer les élections.
M. Trump semblait être convaincu à contre-coeur, selon plusieurs personnes présentes lors de ce briefing. Mais depuis, Trump a essayé de remettre en cause les conclusions très claires qu’il a reçues le 7 janvier 2017, et que ses propres dirigeants du renseignement approuvent à l’unanimité.
Ce changement de comportement montre comment Trump choisit régulièrement des informations en fonction de ses objectifs politiques. Ca n’a jamais été plus clair que cette semaine. NYT
6. Trevor Noah, « le millenial sophiste »
- L’animateur du « Daily Show » a réagi mercredi soir à la lettre qu’il a reçue de l’ambassadeur de France concernant sa fameuse blague sur « la victoire de l’Afrique » – et qu’il a lue avec l’accent français pour faire rire son audience et ridiculiser sa missive.S’il a reconnu, « après s’être penché sur la question », que ses propos sur la victoire de l’Afrique n’avaient pas le même objectif que ceux similaires de l’extrême droite française (« les immigrés ne sont pas vraiment français »), il les a justifiés à nouveau en expliquant à son public que la culture française obligeait les joueurs de football – et les immigrés en général – à renier leur origine africaine pour être accepté au sein de la nation; un principe contraire à celui des Etats-Unis qui laisse ses citoyens célébrer d’autre formes d’identité que celle américaine.« Comme le résume très bien Quartz, l’un des rares médias américains à avoir tenté d’expliquer les deux points de vue:
Pour les Français, l’idée n’est pas de renier la diversité, mais plutôt de célébrer un héritage commun, basé sur des valeurs et une façon de vivre qui unit tous les Français, plutôt que de renforcer ce qui fait leur différence.
En imposant une identité « Africaine » sur ces joueurs, Noah ignore les souhaits des athlètes professionnels eux-mêmes, dont certains ont répondu directement à la polémique. Benjamin Mendy, qui joue en équipe de France, a répondu à un tweet d’un magazine de sport qui signalait les origines non-françaises de tous les joueurs avec une série de drapeaux français et le mot « corrigé ».
La dispute entre un comédien sud-africain et un diplomate français révèle combien il est difficile de sortir de son propre cadre culturel et comprendre la façon dont les autres cultures conçoivent et renforcent leur identité.
Effectivement à cet exercice, Trevor Noah a échoué.
Je vous conseille l’excellent article de Vox sur la question, « Trevor Noah’s feud with France, explained » et ce que j’avais écrit sur les propos de Mark Lilla concernant les limites de la politique identitaire après les élections américaines de 2016.
7. On vit une époque formidable
- Brett Kavanaugh, le juge nommé par Trump pour succéder à Anthony Kennedy est le moins populaire des prétendants à la Cour Suprême de ces trente dernières années. Daily Mail
- Mark Zuckerberg aurait appelé Donald Trump pour le féliciter de sa campagne victorieuse après les élections présidentielles au cours de laquelle l’équipe du candidat – et les Russes – ont dépensé des millions de dollars en publicités Facebook. Buzzfeed
- Fortnite: Battle Royale, le jeu vidéo gratuit de Epic Games a rapporté un milliard de dollars de revenus. Time
- Disney a finalement remporté sa bataille contre Comcast pour le rachat de 21st Century Fox de Rupert Murdoch pur 71,3 milliards de dollars. C’est la troisième fois cet été que Rupert Murdoch, un ami de Trump, est chanceux: Cette semaine, la FCC a mis en suspend la fusion de Tribune Media avec Sinclair, un concurrent direct de Fox News, et la semaine dernière, la gouvernement a fait appel de la fusion autorisée de AT&T et Time Warner – propriétaire de CNN. CNN
- Selon Reuters, seulement 364 des 2 500 familles séparés d’un ou plusieurs enfants de plus de cinq ans ont été ont été réunies. Le gouvernement a jusqu’au 26 juillet pour réunir le reste des familles.
8. La Couverture du Jour
- L’industrie du divertissement est en pleine révolution, et tous les employés en pâtissent.
Shankar éprouve ce à quoi font face des milliers de gens de Hollywood, à un degré plus ou moins important. Demandez aux scénaristes, producteurs, acteurs et dirigeants, à toute la chaîne d’employés qui travaillent dur dans l’industrie du cinéma, de la télévision et de la musique, comme l’a fait The Hollywood Reporter, et vous aurez du mal à trouver des gens qui ne souffrent pas de stress, d’anxiété et de dépression, trois problèmes de santé mentale liés qui ont augmenté ces dix dernières années dans l’industrie du divertissement.
« Je suis tout le temps angoissée » explique Cathy Schulman (« Crash ») qui fait écho à des douzaines d’autres personnes interviewées. « Le stress est quotidien à Hollywood. Et l’anxiété est partout. »
(…)
Le business a été secoué par l’arrivée des poids lourds du numérique comme Amazon, Apple, et Netflix, qui menacent non seulement de transformer les relations traditionnelles entre vendeurs et acheteurs mais la façon dont les spectateurs consomment et payent les produits.
Les grands studios de cinéma qui représentaient l’apogée de la culture sont avalés par des conglomérats qui ne cherchent qu’à les faire fusionner. Les sociétés de production qui occupaient la tête du Box Office vivent dans l’ombre du Goliath des temps modernes, Disney, tout en faisant face à un marché nord-américain considérablement réduit au niveau international. Pendant ce temps là, Netflix, qui prévoit de dépenser huit milliards de dollars de contenus cette année, sonne le glas des abonnements traditionnels du câble à la base du business audiovisuel.
(…)
Même les quelques chanceux qui décrochent des emplois dans des compagnies comme Netflix ou Amazon sont mal-à-l’aise; les salaires de ces compagnies sont aussi compétitifs que la vitesse à laquelle ils virent ceux qui ne sont pas assez performants ou qui ne s’adaptent pas à leur culture. « Même si tu es promu, si tu ne rapportes pas d’argent, ils te virent à la minute.* « Disruption, Consolidation, Uncertainty: Welcome to Hollywood’s Age of Anxiety’ de Stephen Galloway – The Hollywood Reporter