Bonjour à tous! Et bon milieu de semaine!
A vingt jours des midterms, Trump a réaffirmé mardi que toutes les personnes qui entrent illégalement sur le territoire américain seront arrêtées, détenues et renvoyées dans leur pays.
En attendant, 200 enfants de migrants séparés de leur famille sont toujours détenus par les autorités américaines.
1. Les quotidiens
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Pocahontas
Trump l’a surnommée « Pocahontas », l’une de ses trouvailles préférées lors de la campagne présidentielle de 2016, car elle prétend avoir des origines amérindiennes, inventées selon lui pour booster sa carrière dans l’enseignement – elle est docteur en droit – et en politique.
Il s’est même engagé à donner un million de dollars à l’association caritative de son choix si un test ADN confirmait cette ascendance.Elizabeth Warren, la sénatrice démocrate du Massachusetts, s’est pris au jeu et ses tests ADN confirment de lointaines origines amérindiens.
Hier elle a annoncé ces résultats dans une vidéo, digne d’un clip de campagne, où elle introduit également sa famille originaire d’Oklahoma, un Etat rouge, qui comprend des républicains « adeptes de Fox News » mais critiques envers les moqueries du président contre leur « Betsy ».
Une démarche qui laisse présager une candidature aux présidentielles de 2020. -
La mort du premier « Retail Store »
Sear Holdings Corp., compagnie mère des chaînes de magasins Sears et Kmart, a déposé le bilan lundi dans un dernier effort pour sauver une icône de l’Amérique qui a façonné les modes de consommation depuis plus d’un siècle.
Edward Lampert a démissionné de son poste de PDG qu’il occupait depuis 2013, et la compagnie a annoncé qu’elle fermerait 142 enseignes qui ne sont pas rentables d’ici à la fin de l’année, en plus des 46 autres déjà prévues. La compagnie dispose actuellement de 687 locations Kmart et Sears, soit un tiers des magasins qu’elle dirigeait en 2013.
(…) En janvier 2016, 178 000 personnes travaillaient pour la compagnie, un nombre qui est tombé à 68 000 dont 32 000 à temps-plein.
Lampert, qui a supervisé l’acquisition de Sears par Kmart en 2011 pour onze milliards de dollars, a longtemps affirmé faire tout son possible pour transformer la chaîne culte de grands magasins en une entreprise axée sur la vente en ligne capable d’être compétitif et de répondre aux attentes de ses consommateurs. Mais le redressement n’a pas marché, les ventes ont continué à chuter, et Sears à diminuer. Chicago Tribune
2. Affaire Khashoggi: Riyad continue de nier
- « They messed with the wrong newspaper » a commenté un journaliste la semaine après la publication d’une pleine page dans le Washington Post, qui « demande des réponses » sur la disparition d’un de leurs correspondants, le journaliste Jamal Khashoggi.
La disparition du dissident saoudien Jamal Khashoggi a déclenché une crise diplomatique entre l’Arabie Saoudite et la Turquie, une condamnation bipartisane du Congrès américain, a fait douter Wall Street et la Silicon Valley sur la manière de négocier avec le royaume saoudien, et crispé les relations entre la Maison Blanche et son allié le plus proche. NYT
- Les officiels turcs possèdent des enregistrements audio qui prouveraient que Jamal Khashoggi aurait été frappé, drogué puis tué le 02 octobre dernier, juste après être entré dans le Consulat saoudien d’Istanbul, où il était venu retirer des documents administratifs.
Ensuite, sur l’enregistrement, on entend une voix qui invite le consul à quitter la salle. La voix d’un homme, identifié par les autorités turques comme étant le médecin légiste saoudien Salah Al Tabiqi, demande alors aux autres personnes présentes d’écouter de la musique pendant qu’il démembre le corps de M. Khashoggi. WSJ
Le Secrétaire d’Etat Mike Pompeo est arrivé à Riyad hier pour rencontrer le roi Abdallah et son fils qui continuent de nier toute implication dans la disparition du journaliste, malgré l’accumulation des preuves
Le prince héritier ben Salmane a même lancer sa propre enquête. NYTTrump a promis de sévères punitions s’il s’avérait que l’Arabie Saoudite était responsable mais a laissé entendre lundi qu’il pourrait s’agir de « rogue killers » et a défendu mardi un prince héritier « présumé coupable avant d’être déclaré innocent. »
Les suspects, un groupe de quinze hommes appartenant aux forces de sécurité, au gouvernement et aux services de renseignement saoudiens, aurait fait spécialement l’aller-retour d’Arabie Saoudite; parmi eux, le New York Times en a identifié quatre, proches du prince héritier, Mohammed ben Salmane, et un médecin anesthésiste, qui serait arrivé en Turquie muni d’une scie à os.
Les autorités turques ont été autorisées à inspecter le Consulat hier et auraient trouvé des salles fraîchement repeintes tandis que des journalistes, stationnés devant l’établissement, auraient vu entrer une équipe de nettoyage. WSJ
Le tollé provoqué par la disparition de Khashoggi a gravement endommagé en Occident l’image du prince Mohammed ben Salmane. Le prince héritier, âgé de 33 ans, a tout fait pour apparaître comme le réformateur déterminé à ouvrir la culture et l’économie du Royaume, mais la disparition de Khashoggi a sapé les efforts entrepris pour attirer les entreprises de Haute Technologie et les investisseurs de Wall Street et libérer le pays de sa dépendance au pétrole. NYT
- Pour rappel:Les Américains aident militairement l’Arabie Saoudite dans le conflit qui l’oppose au Yémen et qui aurait fait des milliers de victimes selon l’ONU. L’année dernière, les Etats-Unis ont conclu un contrat d’armements avec l’Arabie Saoudite à hauteur de 350 milliards de dollars sur les dix prochaines années.
3. Les princes Kushner & ben Salmane
- Le gendre du président, ancien promoteur immobilier et inexpérimenté en politique, dont l’une des taches est de rétablir la paix au Proche-Orient, a tout misé sur son étroite collaboration avec le prince Mohammed ben Salmane: un choix aujourd’hui de plus en plus critiqué:
Lorsque le président a décidé de faire ses débuts sur la scène mondiale l’année dernière, il a parié sur l’Arabie Saoudite, qui l’a accueilli avec des défilés militaires, l’a impressionné avec les défilés aériens et lui a même offert une danse traditionnelle des sabres.
Le cerveau derrière ce pari – le conseiller qui a suggéré à Trump de visiter l’Arabie Saoudite lors de son premier voyage officiel à l’étranger et qui a chorégraphié une véritable histoire d’amour entre le nouveau président et le souverain du désert Abdul-Aziz – n’est autre que Jared Kushner.
Le gendre du président entretient une relation étroite avec l’héritier du trône saoudien, le prince Mohammed ben Salmane, qu’il présente comme le réformateur capable de moderniser la monarchie pétrolière ultra-conservatrice.(…) Kushner a déjà signalé qu’il n’avait aucune intention de tourner le dos au prince héritier même si Trump a menacé [le Royaume] d’une « punition extrême » et tout en jetant sur le doute sur la culpabilité du régime saoudien et l’efficacité de telles mesures.
Pour Kushner et son beau-père, le partenariat a porté ses fruits grâce à la promesse saoudienne d’acheter des milliards de dollars d’armes américaines et la position d’allié du Royaume qui combat l’Iran et l’extrémisme dans le Moyen Orient.
(…)Les critiques de l’administration Trump affirment que Kushner s’est montré extrêmement naïf en faisant confiance à Mohammed et qu’il s’est fait manipuler par un descendant royal, certes charmant envers les Occidentaux, mais impitoyable dans la consolidation de son pouvoir à l’intérieur du royaume.
Kushner refuse de commenter sa relation avec Mohammed. Ses défenseurs affirment qu’il est conscient de son pouvoir et n’a pas peur de le réprimander en privé quand il est en désaccord avec ses tactiques, mais il continue de penser que cette relation est bénéfique à long terme.
(…)
Les représentants du Renseignement américain, qui observent de près l’avènement de Mohammed [ben Salmane] depuis sa nomination au pouvoir en juin 2017 l’ont considéré comme naïf, inexpérimenté et ambitieux, et inapte à occuper une position aussi puissante.Ils ont vu dans Mohammed, le reflet de Kushner: un jeune assoiffé de pouvoir sans aucune expérience dans le gouvernement
Rassurant.
* « Two Princes: Kushner now faces a reckoning for Trump’s bet on the heir to the Saudi throne » de P.Rucker, Carol D. Leoning & A. Gearan – The Washington Post
4. Midterms au Texas
- Chose promise, chose due.Il y a quelques semaines, Trump a annoncé qu’il viendrait soutenir, à sa demande, Ted Cruz, le sénateur républicain candidat à sa réélection, en difficulté dans les sondages contre le jeune et dynamique démocrate, Beto O’Rourke, et promis un meeting « dans le plus grand stade de l’Etat ».
L’annonce avait fait sourire vu le passé tumultueux des deux hommes politiques, adversaires lors des primaires républicaines de 2016, au cours de laquelle le candidat Trump avait allègrement attaqué « Lyin’ Ted Cruz », critiqué le physique de sa femme, accusé son père d’avoir été un complice de Lee Harvey Oswald, … Dallas Morning News
Le meeting aura lieu dans l’arène NRG Arena de Houston, qui accueille [seulement] huit mille personnes, lundi prochain, le 22 octobre.
- Chose promise, chose due #2David Hogg, le jeune étudiant survivant de la fusillade de Stoneman Douglas le 14 février dernier, devenu l’un des leaders du mouvement « March For Our Lives » pour un renforcement du contrôle des armes à feu, a d’ailleurs récolté le mois dernier dix mille dollars pour louer un immense panneau publicitaire en face du stade, et y afficher l’un des tweets assassins de Trump contre Cruz:
Pourquoi les Texans soutiendraient Ted Cruz qui n’a absolument rien fait pour eux. En voilà un autre qui parle, mais ne fait rien.
En attendant, un #TrumpTweetTruck parcourt l’Etat du Texas, et devrait sans doute faire un arrêt à Houston lundi prochain. il a été immortalisé à Dallas, le 15 septembre dernier:
5. Le Tweet du Jour
- Trump qui traite Stormy Daniels, l’actrice de film porno qui affirme avoir eu une liaison avec lui il y a dix ans – et qui a reçu 130 000 dollars pour garder le silence durant les élections présidentielles – de « horseface » ou « tête de cheval » et son avocat, Michael Avenatti, d’avocat de « troisième zone ».
Ca n’est pas normal, sauf dans l’Amérique de 2018 où les présentateurs de Fox News critiquent les chaînes qui dénoncent le tweet.La réponse de Stormy Daniels vaut le détour.
6. « Unprotected »
- C’est l’histoire d’un succès international. L’association américaine, More Than Me, a réussi à récolter des millions de dollars pour éduquer les jeunes filles d’un des bidonvilles les plus pauvres du monde, West Point à Monrovia, la capitale du Libéria.
… Jusqu’à ce que l’impensable se produise: depuis le début, certaines d’entre elles ont été agressées sexuellement par l’un des responsables de l’organisation.Elle s’appelait Katie Meyler. [Le 07 septembre 2013], c’était son 31ème anniversaire, et elle dira plus tard, le plus beau jour de sa vie. L’académie More Than Me ouvrait ses portes [devant la présidente du Liberia et l’ambassadeur américain].
Meyler voulait sauver ces filles de l’exploitation sexuelle. Elle voulait les éduquer, les responsabiliser, les protéger, d’où la fondation de l’association caritative, More Than Me.Mais certaines des filles présentes ce jour-là avaient un secret. Loin d’êtres sauvées de l’exploitation sexuelle, elles ont été violées par l’homme qui secondait Meyer. Ses agressions ont duré des années et ont perduré dans la nouvelle école.
Il était protégé par son statut de « co-fondateur » de More Than Me; lui et Meyler ont eu une liaison et elle l’a laissé en poste même après avoir eu toutes les raisons de le suspecter. Et il n’a pas été dénoncé au sein de la communauté à cause de tout ce qu’elle lui apportait: une école, des bourses et surtout de l’espoir.Après les révélations des crimes, rapportés dans des centaines de documents de l’enquête judiciaire, l’association a tout fait pour étouffer l’affaire, et rejeter la responsabilité sur tout sauf Meyler ou More Than Me; la culture du pays a été mise en cause.
Lorsque Propublica a recueilli les témoignages d’anciens employés, de victimes et de leurs familles, More Than Me a tenté de limiter les dégâts. Les responsables de l’organisation, avec le soutien du gouvernement libérien, ont interrogé des témoins clés pour leur demander de revenir sur leurs propos. La plupart de ceux qu’ils ont contactés dépendaient encore de l’aide de l’association et ont fini par demander à ce que leur histoire ne soit pas publiée.
Dans un communiqué, le conseil d’administration de More Than me a affirmé que dès qu’il a appris l’existence des abus, l’association a pris des mesures: « Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour créer un environnement sûr afin d’empêcher que nos étudiants souffrent à nouveau. »
L’association évoque également des ennemis et une vendetta. Ils ont déclaré que le bien qu’ils avaient apporté au Libéria compensait largement le tort causé.« Ou est votre école? » a demandé Meyler à la fin de l’entretien de trois heures. « Ou est votre bourse qui offre des soins de santé, ou quelque chose pour des enfants? »
* « Unprotected » de Finlay Young pour ProPublica
8. On vit une époque formidable
- 29 millions d’Hispaniques auront la possibilité de voter aux prochaines midterms, soit 4 millions de plus qu’en 2014, un record, mais qui pourrait passer inaperçu car c’est la minorité qui vote le moins, et 75% de ces millions de nouveaux électeurs viennent d’avoir 18 ans, la tranche d’âge qui vote le moins. USA Today
- Dans la série, les « Clinton font du mal aux Démocrates »: après l’annonce d’une tournée post-midterms avec des billets allant jusqu’à 700 dollars, Hillary a eu la bonne idée d’affirmer dans une interview dimanche que Bill Clinton avait bien fait de ne pas démissionner après le scandale Lewinsky et que sa liaison n’avait rien à avoir avec de l’abus de pouvoir. BBC
- L’administration pénitentiaire de Pennsylvanie interdit désormais l’envoi direct de livres et de publications aux prisonniers, les oblige à acheter une tablette à 147 dollars (130 euros) et payer une entreprise privée pour la version numérique des publications. WaPo
- Ye alias Yeezy alias Kanye West alias « Superman » lorsqu’il porte la casquette « Make America Great Again » a rencontré le président-dictateur d’Ouganda, celui qui emprisonne ses détracteurs, opposé aux droits LGBT, pour parler tourisme et arts et il lui a même offert une paire de Yeezy, ses tennis produites par Adidas. HuffPost
9. Couverture du jour
- Séparations des familles, des projets de plusieurs milliards de dollars pour la construction d’un mur, des agents de l’ICE déchaînés – La présidence de Trump a appris aux Démocrates ce à quoi ils s’opposent. Maintenant, il faudrait savoir ce qu’ils défendent.C’est là que le bât blesse.
* « The Democrats Have an Immigration Issue » de Robert Draper – The New York Times magazine