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Bon début de semaine à tous!

Les Etats-Unis ont vécu l’une des semaines les plus violentes de son histoire moderne: deux Afro-américains assassinés pour leur couleur de peau dans le Kentucky; un supporter dérangé de Trump qui envoie des bombes artisanales aux cibles du président, et enfin un néo-nazi qui tue onze Juifs dans une synagogue de Pittsburgh.

Dimanche soir, le président a une nouvelle fois accusé les médias d’être à l’origine de ce climat violence.

Les élections de mi-mandat ont lieu mardi prochain.

 

 

1. Les quotidiens

 

  • « Wow »: la débâcle attendue de Megyn Kelly

    Les quatre jours qui ont coulé Megyn Kelly et provoqué une vicieuse confrontation entre [sa chaîne] NBC News a commencé par un simple et chaleureux bonjour à son public de l’émission « Today ».

    « Je dois vous prévenir, je suis un peu agacé par [cette polémique autour] des costumes d’Halloween ce matin » a-t-elle annoncé à neuf du matin en direct.

    A la fin de la journée, Mme Kelly – ancienne présentatrice de Fox News dont la célébrité à la télé semblait sans limites – était en crise, assaillie de critiques pour avoir ouvertement demandé pourquoi est-ce qu’il était inapproprié que les blancs pratiquent le « blackface ».

    Une telle déchéance aurait semblé impensable l’année dernière, quand Mme Kelly, célèbre présentatrice du câble et vedette de la campagne présidentielle de 2016, a négocié un juteux contrat de 69 millions de dollars, pour trois ans avec NBC.

    Mais sa présence à NBC a tout de suite fait des étincelles: Elle s’est heurté à ses collègues et à la direction, a vexé des célébrités et a eu du mal à traduire son style procédurier au monde très conciliant des matinales.
    Sa faible audience l’a également mise à la traîne des anciens hôtes qu’elle a remplacés. NYT

     

 

 

  • Double meurtre raciste dans le Kentucky

    Ed Harrel attendait son épouse devant un [supermarché] Kroger de Jeffersontown mercredi lorsqu’un homme armé est apparu. Harrell, résident de Louisville, se serait retrouvé face à face avec le tireur présumé – identifié plus tard comme étant Gregory Bush, 51 ans – à l’extérieur de la grande surface.

    La police de Jeffersontown a confirmé que deux personnes [toutes les deux Afro-américaines] ont été tuées. Bush, emprisonné et dont la caution a été fixée à cinq millions de dollars, a été traduit en justice jeudi matin pour deux chefs d’accusation de meurtre et dix pour mise en danger de la vie d’autrui.
    (…) Ed Harrell attendait sur le parking quand il a entendu des coups de feu, il a alors saisi son revolver et s’est accroupi à côté de sa voiture. Il a ensuite aperçu le tireur marcher « nonchalamment » dans le parking une arme à main et lui a demandé ce qu’il se passait.
    Le tireur lui a répondu: « Ne me tire pas dessus! Et je ne tirerai pas dessus non plus! Les blancs ne tirent pas sur des blancs! »  Courier-journal.com

 

  • Les menaces terroristes d’un supporter dérangé de Trump

    Sayoc, 56 ans, a été arrêté vendredi à Plantation [en Floride] et est accusé d’avoir envoyé des bombes artisanales aux anciens présidents Bill Clinton et Barack Obama, ainsi qu’à d’autres Démocrates critiques vis-à-vis du président Trump. L’ancien employé d’un club de strip-tease et d’une pizzeria affirmait habiter chez sa mère, mais vivait depuis dix ans dans son camion.

    Sayoc était très instable, incapable de garder un boulot, des amis ou de rejoindre ceux qui dans la vie quotidienne, payent un loyer ou un crédit pour avoir un toit.
    C’est l’homme que décrit sa famille, et il a vécu comme ça pendant des années sans avoir vu un psychologue qui aurait pu détecter les signes d’une maladie.
    (…)
    Sharp-Russel dit que son neveu n’est pas un terroriste. A sa connaissance, il ne possède pas d’arme à feu. Elle décrit Sayoc comme « un enfant qui recherche l’attention des autres ».
    « Il cherchait une figure paternelle. Il l’a trouvée en Trump. » USA

     

 

 

 

2. Le pire crime antisémite de l’histoire des Etats-Unis

 

  • Parmi les onze victimes de la Synagogue « Tree of Life » figuraient Rose Mallinger, 97 ans, emblème de la communauté de Squirrel Hill; deux frères « inséparables », Cecil et David Rosenthal, respectivement 59 et 54 ans et un couple de 84 et 86 ans, Bernice et Sylvan Simon, mariés depuis plus de quarante ans.

    Quand on a appris, il y a trois ans, que neuf personnes avaient été tuées dans l’Eglise historique de la Mère Emmanuel de Charleston en Caroline du Sud, on a su que ça pourrait arriver n’importe où.
    On savait que ça pourrait arriver ici, n’importe où, comme au Centre culturel islamique de Québec l’année dernière, où six personnes ont trouvé la mort.

    Maintenant, on sait que ça peut se passer ici, comme partout, parce que ça vient de se passer.

    Ce week-end, c’est arrivé à Squirrel Hill, qui abrite une douzaine de synagogues et représente ces cent cinquante ans non seulement le centre spirituel de Pittsburgh mais l’un des lieux importants de l’histoire juive américaine, qui reste avec le Lower East Side de New York et la Blue Hill Avenue de Boston, l’un des centres vitaux de l’identité juive depuis le début de la révolution industrielle.

    On pouvait sentir la nouvelle dans l’air, le choc et la tristesse, le chagrin et les détails horribles, dont les pires ont été confirmés dans les heures qui ont suivi.
    On pouvait l’entendre dans les sirènes qui ont rompu le silence de cette matinée, brisé le calme des routines du samedi au pressing, dans le magasin de chaussures, à la boulangerie. Pas besoin, dans un endroit comme celui-ci d’identifier le nom du propriétaire du pressing, du magasin de chaussures, ni du boulanger.
    Tout le monde les connaît, comme ils connaissent le nom de presque tout le monde le long de l’avenue Forbes, à n’importe quelle heure de la journée.

    Et justement parce que tout le monde connait tout monde ici, la seule vérité immuable de Squirrel Hill, à la fois ennuyeuse et réconfortante, la nouvelle qui a déferlé dans la rue a provoqué une rareté étrange dans cet endroit paisible: La peur.

    La peur que quelqu’un que vous connaissez soit dans la prière du matin consacré à la nouvelle vie d’un bébé.
    La peur que les policiers qui se sont rendus sur les lieux – il y en avait vraiment beaucoup, presque comme s’ils venaient enterrer l’un des leurs, comme si l’un d’entre allaient y passer – soient en danger.
    La peur que notre pays, notre ville, notre quartier, nos vies en soient réduites à cela, et que ça se passe chez nous.

    (…) Parce que c’est notre quartier qui été pris dans les feux croisés d’un village mondial, pour une fois – malheureusement, vraiment malheureusement – c’est nous qui sommes blessés, c’est nous qui sommes victimes et c’est nous qui avons besoin de guérir.
    Pour l’instant c’est arrivé ici; pour des millions à travers cette nation divisée, nous sommes au centre de l’angoisse, de la colère et du réconfort, de l’endroit où « ça peut se passer n’importe où, à tout moment ».
    Et on sait, vu le rythme des drames ces derniers temps, que ce titre ne sera pas le nôtre pour longtemps. Post-Gazette

     

     

 

3. Trumplandia: Trump au second plan

 

  • D’abord cette remarque pertinente de Kate Woodsome, journaliste du Washington Post en évoquant les gros titres de la page d’accueil du site internet du quotidien samedi après midi que « Les Etats-Unis demanderaient sans doute à tous leurs ressortissants américains de ne pas se rendre dans un pays avec une telle violence et une telle instabilité. »Effectivement, cette semaine, Trump a perdu le contrôle des news

    Donald Trump vit un cauchemar.
    Quelques jours à peine avant une élection importante, il est incapable d’influencer ce à quoi s’intéresse la presse politique.
    Le président a passé la semaine dernière à essayer d’attirer l’attention des médias sur la caravane de migrants en provenance du Honduras qui remonte le Mexique vers la frontière américaine. Il a annoncé la signature d’un important projet de loi sur contre l’épidémie d’opioïdes et évoqué une nouvelle législation – qui n’a pas encore vu le jour – sur la réduction d’impôts destinée à la classe moyenne.

    Mais une série d’évènements réels – l’envoi d’engins explosifs à de nombreux hauts responsables démocrates par un fan obsédé de Trump – a monopolisé l’attention. Et laissé Trump visiblement frustré.

    Consommateur vorace des médias, Trump est très fier de sa capacité à façonner un cycle d’actualités et attribue même son succès à sa gestion des gros titres lors des dernières semaines des élections de 2016. Daily Beast

 

 

 

4. L’appel à la détente des conservatrice

  • Vendredi, avant l’annonce de l’arrestation du #MAGABomber et la fusillade de la synagogue « Tree of Life », l’éditorialiste conservatrice Peggy Noonan, appelait les politiques des deux bords à prendre leurs responsabilités quant à la tension actuelle qui règne dans le pays, à défaut de pouvoir compter sur le président.

    Il y a encore assez de temps avant les élections pour que s’ouvrent les portes de l’enfer. En attendant, essayons de les garder fermer.

    Tous les candidats devraient admettre que l’atmosphère est devenue irrespirable, le pays trop divisé et devraient tout faire pour essayer de calmer le jeu.
    (…) Et pour cela, les deux partis devraient reconnaître une vérité essentielle, celle du moment:

    * [celle que] les démocrates se sentent menacés par la rhétorique et les actions violentes de la droite. C’est Trump – il est haineux, n’a aucun respect et c’est lui qui donne le ton. Il encourage les altercations lors de ses meetings et a affirmé la semaine dernière que le Représentant qui avait mis à terre un journaliste était « son type de gars ».
    Il a appelé la presse, « l’ennemi du peuple » et aggrave dès qu’il en a la possibilité les divisions. Pas étonnant que ses adversaires reçoivent des bombes.

    * [Celle que] les Républicains et la droite se sentent menacés par la gauche. La Représentante Maxine Waters et le sénateur Cory Booker ont appelé la foule à barrer [physiquement] la route aux Républicains; Hillary Clinton affirme qu’on ne peut le traiter avec respect. Les Républicains les ont vu hurler lors des auditions de Kavanaugh et harceler des figures républicaines quand elles dînent en public.
    L’homme qui a écrit « It’s Time To Destroy Trump & Co. » sur Facebook n’a pas insulté le Représentant Steve Scalise, il lui a tiré dessus et presque tué. L’intimidation vient également de la gauche.

    Aucun parti ne comprend, ni ne reconnaît l’angoisse que l’autre récent. Ils n’y sont pas sensibles mais devraient commencer à l’être.

    Les politiciens devraient arrêter de nous donner des leçons et balayer midi à leur porte.

    Le président sait que la moitié du pays regarde et adhère à ses positions.
    Mais ce qu’il semble ne pas comprendre, c’est que des personnes plus instables regardent aussi. C’est là le danger.
    Trump ne semble penser qu’à son public et à ses ennemis. Il n’imagine pas qu’il y a des gens instables parmi ses supporters, et que son rôle du président l’oblige à les éviter de faire n’importe quoi, sans quoi les conséquences pourraient être dramatiques.
    .
    C’est d’ailleurs étonnant que Trump pense que tout le monde est plus stable que lui, que le voile entre la sécurité et la surprise est bien plus épais qu’il ne l’est. C’est sans doute ce que tu penses quand tu as passé toute ta vie d’adulte comme lui, avec une sécurité privée, des voitures, du personnel.
    Peut-être que cela vous rend insouciant ou trop confiant.

     

 

 

 

5. « A flower for the Graves »

 

  • En septembre 1963, des membres du Ku Klux Klan déposent quinze bâtons de dynamite devant l’église baptiste de la 16ème rue de Birmingham dans l’Alabama, fréquentée par la communauté afro-américaine. Quatre adolescentes âgées de onze à quatorze ans y perdent la vie.
    Le journaliste Eugene Patterson, à l’époque rédacteur du plus grand quotidien de Géorgie, The Atlanta Journal-Constitution, réagit dans une tribune qui restera célèbre, « A Flower for the Graves » et on ne peut plus actuelle après les évènements de ce week-end.

    Une mère noire pleurait dans la rue dimanche matin devant l’église baptiste de Birmingham. Elle tenait dans sa main une chaussure, la chaussure qui était au pied de son enfant mort.
    Nous aussi tenons cette chaussure avec elle.

    Chacun d’entre nous, dans le Sud blanc, tient cette petite chaussure dans sa main.

    Il est trop tard pour blâmer les criminels tordus qui ont placé la dynamite. C’est le travail du FBI et de la police de gérer ce genre d’individus. Les charges contre eux sont simples. Ils ont tué quatre enfants.

    Nous, les gens du Sud, vous et moi, sommes les seuls capables de comprendre ce qu’il s’est passé. On a brisé les corps de ces enfants.
    (…)
    Nous – qui continuons à élire les politiciens qui chauffent les bouilloires de la haine.
    Nous – qui ne levons pas la main pour faire taire les méchants et autres mesquins qui plaisantent sur les nègres.
    Nous – qui restons à l’écart dans une rectitude imaginaire et laissons les chiens fous qui courent les sociétés se défaire de leur laisse et bondir.
    Nous – les héritiers d’un Sud fier, qui défendons sa valeur et exigeons sa reconnaissance – nous sommes ceux qui avons esquivé la difficulté, ignoré la gêne, renoncé aux défis, méprisé le nécessaire, rationalisé l’inacceptable et créé le jour où ces enfants mourraient.

    Ce n’est pas le moment d’évacuer notre douleur sur le bouc émissaire qui a placé le détonateur sur la dynamite que nous avons fabriquée.

    Il est ignorant.

    Quelque part, dans les recoins sombres et fébriles d’un esprit pervers, il pense aujourd’hui être un héros.Il est seulement coupable de meurtre. Il pense nous avoir plu.

    Nous, les Blancs du Sud, qui sommes plus intelligents, sommes ceux qui doivent porter un jugement plus sévère.
    Nous, qui sommes plus intelligents, avons créé un climat propice à la mise à mort d’enfants par ceux qui ne le sont pas.

    * « A Flower for The Graves » de Gene Patterson – Atlanta-Journal Constitution

 

 

 

 

7. Le tweet du Jour

  • Un symbole de solidarité a circulé à Pittsburgh à la suite de la fusillade la synagogue accompagnée du hashtag #PittsburghStrong, qui reprend le logo de l’équipe de football américain de la ville, les « Steelers » avec l’étoile de David.

 

 

 

8. On vit une époque formidable

 

  • Les Red Sox de Boston ont gagné les World Series, le championnat de baseball américain ce soir contre les Los Angeles Dodgers. Voici en exclu, la couverture du Boston Globe de lundi matin!!!

     

  • Le chanteur Kanye West soutient l’initiative de jeunes conservateurs noirs de l’association Turning Point USA menée par la Millenial Candace Owens, intitulée « Blexit » qui signifier « Black Exit », et qui pousse les Afro-américains à se désolidariser du Parti démocrate. Daily Mail
  • Deux jeunes adolescentes de 11 et 12 ans, adoratrices de satan, ont été arrêtées dans les toilettes de leur école munies de plusieurs qu’elles comptaient utiliser pour tuer et démembrer, et laisser les morceaux à l’entrée de l’établissement. Buzzfeed News
  • Le Dallas Morning News a soutenu officiellement le candidat démocrate Beto O’Rourke contre le sénateur sortant républicain Ted Cruz, en tête dans les sondages.
  • Le rédacteur-en-chef du Financial Times US appelle au boycott de Fox News. Twitter

 

 

 

 

 

9. Couverture du jour

  • New York magazine consacre sa couverture choc de cette semaine à 27 victimes de fusillades ayant eu lieu dans les écoles américaines ces 72 dernières années, entre 1946 et 2018
    Un MUST READ.* « The Class of 1946-2018 »NYmag

Published in Revue de presse