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09.01.19

Bon milieu de semaine à tous!

Le Shutdown en est à son 19ème jour et aucun signe d’accord entre le président et les Démocrates 

Mea Culpa: J‘ai écrit dans le kiosque d’hier que le président américain allait prononcer son discours à la frontière sud du pays. Il l’a prononcé depuis le Bureau ovale hier soir et devrait se rendre à la frontière demain, jeudi.

 

1. Les Frontpages

 

  1.  Le dos au mur

    Je n’ai pas regardé le discours du président hier soir depuis la Maison Blanche, mais j’ai suivi les commentaires et les vérifications des faits du New York Times sur ses principaux arguments (mensongers) concernant la construction d’une barrière en acier de 5,7 milliards de dollars. 

    Rappelons-le, c’est la promesse de campagne symbolique du candidat, celle qui engage sa crédibilité de président auprès de sa base électorale, mais aussi de personnalités influentes [d’extrême] droite comme Rush Limbaugh, Ann Coulter, Matt Drudge ou encore Sean Hannity.

    Aujourd’hui, c’est le « plus grand pari de sa présidence » mais aussi « une stratégie qu’il a lui-même critiquée en privé comme peu susceptible de fonctionner. »

    Sur sa visite à la frontière [prévue demain], Trump aurait déclaré que « ça [n’allait] rien changer mais [qu’il le faisait] quand même » selon des témoins présents. Ce voyage n’est qu’une photo-op a-t-il dit « mais », en montrant ses conseillers en communication, Sarah Huckabee, Kellyanne Conway et Bill Shine, « ces personnes-là pensent que ça en vaut la peine »NYT

    S’il n’arrive pas à convaincre les Démocrates – qui ont réitéré leur refus catégorique hier soir juste après son allocution – Trump pourrait déclarer une « urgence migratoire » pour bénéficier de pouvoirs extraordinaires qui lui permettraient de décrocher les fonds pour le financement du mur.

  2. En attendant, à la frontière mexicaine …

    Quatre journalistes du New York Times sont partis dans le « Borderland » pour savoir si les scènes de chaos décrites par le président étaient bien réelles et s’il relayait bien les préoccupations des habitants des villes frontalières. 

    Il semblerait que non.

    « C’est la ville la plus paisible qu’on puisse trouver » explique Adriana Zizumbo, 31 ans, qui a grandi à Columbus [dans le Nouveau Mexique] et est propriétaire d’un café avec son mari.
    « La seule crise à laquelle on est confronté, c’est la pénurie de main d’oeuvre. Moins de personnes traversent la frontière pour travailler qu’avant et les Américains ne veulent pas se salir en travaillant dur.
    (…)
    Neuf habitants sur dix à Columbus ne veulent pas d’un mur.
    « Y’en a marre de ce mur, on a d’autres problèmes à régler » dit-elle.

    Un Must Read: « On The Border, Little Enthusiast for A Wall » de By S.Romero, M.Fernandez, J.A. Del Real & A.Ahmed – NYT

 

 

 

2. Trumplandia:  La propagande de Trump

 

  • Tous les journalistes de la presse écrite et des chaînes d’infos américaines savaient pertinemment que l’intervention de Trump hier soir en prime-time lui donnerait l’occasion de faire de sa propagande, et tous ont joué le jeu … Pour ensuite passer heures à écrire et discuter des contre-vérités et exagérations de son discours.Pour Margaret Sullivan, les responsables des réseaux de télévision devraient « à la suite de la débâcle de mardi, s’entraîner à dire un mot : non. »

    Non, Monsieur le Président, vous ne pouvez pas bousculer les programmes aux heures de grande écoute pour collecter des fonds et mentir.

    Ils ont intérêt à s’entraîner parce que la demande sera répétée encore et encore.

    Soyons clair, rien de nouveau n’a été annoncé lors du discours de Trump devant la nation.
    (…)
    Tout le fact-checking du monde – aussi important soit-il – ne peut empêcher le déversement de désinformations que ce discours offre au président.
    Les mensonges ont été proférés: le mal est fait.

    Comme le linguiste George Lakoff l’explique, « les médias d’informations sont devenus les complices de Trump en le laissant les utiliser pour répandre ses contre-vérités. Trump a besoin des médias et les médias l’aident en répétant ce qu’il dit ».

    Je ne dis pas que les chaînes d’info et le reste des médias traditionnels doivent ignorer ce que dit le président. Ce serait irresponsable, et impossible. Mais le retransmettre en direct et sans filtre – que ce soit dans le Bureau Ovale, lors d’une conférence de presse improvisée ou dans un meeting de campagne – n’a jamais été une bonne idée.
    Au contraire, toute information doit être présentée dans son contexte à travers des faits liés les uns aux autres et la vérité avant tout.

    Les médias d’informations ont beaucoup de mal à apprendre de leurs erreurs. Avec la dernière bourde de mardi soir, les responsables télé devraient en tirer les leçons. Non.

    * « Trump’s Oval Office address was a pure propagande opportunity … » de Margaret Sullivan – WaPo

 

 

 

3. L’attaque du Gryllus Assimilis

 

  • Depuis deux ans, elle donne du fil à retordre à la Maison Blanche, aux journalistes et aux scientifiques qui se sont imaginés les complots (russes, chinois) et machinations (diaboliques) les plus folles, mais les symptômes étranges qui ont frappé les diplomates américains de La Havane pourraient tout simplement provenir du son … Des crickets très présents dans la région.

    La crise diplomatique la plus grave de l’administration Trump, ou peut-être la plus étrange, a débuté sans cris égards en novembre 2016, environ trois semaines après l’élection du nouveau président.

    Un Américain qui travaillait à l’ambassade américaine de La Havane – certains l’appellent le Patient Zéro – s’est plaint d’avoir entendu des bruits étranges devant de son domicile.
    Zéro en a discuté avec son voisin et lui aussi a entendu des bruits, qu’il décrit comme « mécaniques ».

    Quelques mois plus tard, tout le personnel de l’ambassade a commencé à en parler et à tomber, à son tour, malade.

    Les symptômes étaient aussi divers que terrifiants – perte de mémoire, stupeur paralysante, problèmes d’audition, maux de tête. En tout, environ deux douzaines de personnes ont finalement été évacuées pour être sujets à des examens et traitements.
    (…)
    Encouragés par les autorités américaines, les médias américains ont rapidement expliqué que le son mystérieux était une « attaque » – un acte de guerre. Une sorte d’arme acoustique qui visait secrètement les diplomates pour les réduire leur cerveau à l’état de zombie.
    (…)
    Contrairement à l’idée d’une arme futuriste, la douleur et la souffrance causées à l’ambassade américaine à La Havane sont aussi anciennes que la civilisation.
    (…) Donc qu’est-ce que beaucoup ont entendu?

    Des crickets. Plus précisément le Gryllus Assimilis, le cricket jamaïcain connu ironiquement par les experts d’insectes comme étant le « Cricket silencieux ».

    * « The Real Story Behind The Havana Embassy Mystery » de Jack Hitt – Vanity Fair

 

4. Le gentleman cambrioleur

 

  • Pendant plusieurs mois, le journaliste Jake Halpern a communiqué avec le cambrioleur-acrobate-féru d’art, Vjeran Tomic, condamné en 2017 à huit ans de prison pour le vol de cinq oeuvres de Picasso, Braque, Matisse, Modigliani et Léger au Musée d’Art Moderne de Paris en 2010, estimées à cent millions de dollars.Je n’avais jamais entendu parler de cette histoire, mais elle vaut son pesant d’or 😉

    Sachant que Tomic cambriolait souvent les appartements de riches, Corvez [un marchand d’art véreux] lui a donné une liste d’artistes appréciés par ses clients, parmi lesquels Basquiat, Chagall, Klimt, Léger, Modigliani, Monet, Pissaro et Warhol.
    Il a surnommé Tomic l’Araignée et lui a demandé de rester en forme. Il lui reprochait souvent de mal manger se remémore Tomic: « Corvez voulait que je fasse de l’exercice pour pouvoir grimper facilement ».

    Charles Hill, ancien responsable de l’équipe « Art & Antiques » à Scotland Yard décrit l’état d’esprit de Tomic dans la galerie [du Musée d’Art Moderne de Paris lors de son cambriolage en 2010] comme une sorte de fascination.

    « Le paradoxe des grands tableaux est qu’ils sont inanimés, mais ont une vie propre. Et ils ont tendance à hypnotiser ceux qui les regardent.
    Tomic ressemblait presque au client d’une vente aux enchères de Sotheby’s qui s’emballe et finit par renchérir dix fois plus que ce qu’il comptait dépenser.

    A travers les différentes galeries, il a pris « Le pigeon aux petits pois » de Picasso et « L’Olivier près de l’Estaque » de Braque. Il en a presque volé un sixième, « La Femme aux yeux bleus » de Modigliani, mais selon Tomic, « quand il est allé le chercher, [le tableau] m’a dit, ‘si tu me prends, tu le regretteras toute ta vie. Je me rappellerai toute ma vie de l’impression laissée par cette « Femme aux yeux bleus ». Quand je l’ai touché pour l’enlever de son cadre … Je l’ai ressenti immédiatement – une peur glaciale m’a envahie, une peur primale qui m’a fait m’enfuir.

    * « The French Burglar Who Pulled Off His Generation’s Biggest Art Heist » de Jake Halpern – The New Yorker

     

 

 

 

La diffusion, la semaine dernière, du docu-série « Surviving R. Kelly » sur les dizaines d’accusations détournement de mineur, de harcèlement et d’agressions sexuelles dont a fait l’objet le chanteur/crooner américain Robert [R.] Kelly a convaincu un juge de Géorgie, où réside le chanteur de 50 ans, de réouvrir une enquête avec le concours de nouveaux témoins.

« Socialement parlant, on a conclu un pacte impardonnable avec [Robert] Kelly, un génie de la musique qui a réussi à dissimuler son comportement pervers pendant des décennies parce qu’il les a commis contre des femmes noires.
On a choisi d’ignorer ses actes, de les minimiser ou de les ignorer pour pouvoir continuer à écouter sa musique.
On a privilégié notre plaisir, notre aise, nos playlists aux dépens de la souffrance immense, et toujours vive, de dizaines de jeunes adolescentes naïves et pleines d’espoir. On a passé un pacte bon marché avec le diable – « c’est bon, on garde cette chanson » – et laissé des filles de 16 ans en payer le prix exorbitant.
Slate

 

 

 

5. R Kelly enfin inculpé

  • La diffusion, la semaine dernière, du docu-série « Surviving R. Kelly » sur les dizaines d’accusations détournement de mineur, de harcèlement et d’agressions sexuelles dont a fait l’objet le chanteur/crooner américain Robert [R.] Kelly a convaincu un juge de Géorgie, où réside le chanteur de 50 ans, de réouvrir une enquête avec le concours de nouveaux témoins.

    « Socialement parlant, on a conclu un pacte impardonnable avec [Robert] Kelly, un génie de la musique qui a réussi à dissimuler son comportement pervers pendant des décennies parce qu’il les a commis contre des femmes noires.
    On a choisi d’ignorer ses actes, de les minimiser ou de les ignorer pour pouvoir continuer à écouter sa musique.
    On a privilégié notre plaisir, notre aise, nos playlists aux dépens de la souffrance immense, et toujours vive, de dizaines de jeunes adolescentes naïves et pleines d’espoir. On a passé un pacte bon marché avec le diable – « c’est bon, on garde cette chanson » – et laissé des filles de 16 ans en payer le prix exorbitant.
    Slate

    La dernière enquête sur R Kelly:

    * « R Kelly is holding Women Against Their Will In An Abusive Cult, Parents told Police » de Jim Derogatis – Buzzfeed.

 

 

 

6. On vit (… ou pas) une époque formidable

  • Le taux de mortalité du cancer a diminué de 27% aux Etats-Unis entre 1991 et 2016. Si les inégalités entre les communautés a diminué, celles entre les groupes socio-économiques a augmenté, notamment pour les cancers détectables à travers des dépistages. Axios
  • 68% des jeunes Américains (14-29ans) affirment que les fusillades dans les écoles sont la première à laquelle font face les Etats-Unis selon une étude de SocialSphere: « Aucun problème ne les unit davantage à l’exception du 11 Septembre.
  • Pour concurrencer Netflix qui pousse de plus en plus d’Américains à abandonner la télévision pour le streaming, la chaîne NBC a annoncé la réduction de 20% de ses écarts publicitaires sur l’ensemble de ses programmes.
    Pour vous donner un ordre d’idée: Comptez 15 minutes de publicités, divisées en 3/4 coupures pour un série télé de 45 minutes. Imaginez pour un film… Variety
  • Le Chrysler Building, racheté à 90% pour 800 millions de dollars par Abhu Dhabi en 2008, loué 32,5 millions de dollars par mois à Cooper Union school, propriétaire du terrain, est à vendre. NYPost

Published in Revue de presse