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20.01.19

1. Les Frontpages

 

  1. Let’s Make A Deal

    Samedi, le président Trump a voulu apprendre aux Démocrates « L’Art de Négocier » en proposant de réouvrir le gouvernement fédéral et d’offrir la protection d’un million d’immigrés en échange des 5,7 milliards de dollars nécessaires pour financer le mur.
    Au 29ème jour du shutdown le plus long de l’histoire, les Démocrates ont rejeté le plan de Trump avant même qu’il soit révélé.
    Dans un discours de 15 minutes depuis la Maison Blanche, Trump a dit qu’il protégerait 700 000 « Dreamers » ces trois prochaines années. Le sort de ces jeunes, arrivés enfants aux Etats-Unis, est l’un des principaux contentieux du débat sur l’immigration.
    Nancy Pelosi a insisté pour que Trump réouvre le gouvernement avant toute discussion sur la frontière.

    Le bras de fer continue entre Pelosi et Trump qui accuse la présidente de la Chambre des Représentant de « comportement irrationnel tellement à gauche qu’elle est officiellement devenu une Démocrate Radicale ». Ce matin, il a évoqué l’expulsion des onze millions d’immigrés illégaux du pays: « Y’a pas de rush mais soit prudente Nancy! ». Axios

  2. Jackson, Mississippi, 84 homicides en 2018

    C’est une scène courante à Jackson.
    Une dispute éclate, quelqu’un sort une arme, des gens sont blessés, voire tués.

    Presque chaque semaine en 2018, l’une des plus meurtrières, le même schéma s’est reproduit dans la plupart des 84 homicides recensés.
    C’est le chiffre le plus important dans la capitale depuis vingt ans, une hausse de 23,5% par rapport aux 68 homicides de 2016 et de 25% par rapport aux 64 de 2017.
    En 2015, la ville en enregistrait 58, assez pour considérer Jackson comme l’une des dix villes les plus meurtrières du pays par habitant.
    (…) Seulement trois meurtres en 2018 n’ont pas été causés par des armes à feu, mais des couteaux. La moyenne d’âge d’une victime est 32 ans, 65% sont des Afro-américains suivies par 15% d’Afro-américaines.
    The Clarion Ledger

  3.  Chicago: Une peine réduite pour Van Dyke

Toutes les affaires pénales liées à l’assassinat de Laquan McDonald’s ont captivé la ville marquée par des décennies de violences policières. Pourtant, la semaine dernière, au Palais de Justice du comté de Cook, beaucoup de militants été déçus et se sont demandé quels progrès avaient été accomplis.

Vendredi, un juge a condamné l’officier de police de Chicago, Jason Van Dyke à un maximum de sept ans de prison pour le meurtre de McDonald, 17 ans, deux fois moins que ce que les procureurs avaient demandé. Il pourrait être libéré dans trois ans.

Un jour plus tôt, un autre juge a acquitté trois collègues de Van Dyke qui avaient essayé de le couvrir et a salué leur comportement cette nuit-là, qualifiant le jeune afro-américain d’agresseur erratique et armé qui avait ignoré les ordres de lâcher son petit couteau.

Cette décision va aggraver les divisions créées par la diffusion de la fameuse vidéo de la dashcam qui montre Van Dyke tirer à seize reprises sur McDonald.
(…)
Van Dyke a été le premier officier de police de Chicago à être reconnu coupable de meurtre alors qu’il était en exercice en un demi-siècle. Et ses collègues, les premiers à avoir été inculpés pour avoir menti sur les conditions de la fusillade.
Chicago Tribune

 

 

2. Trumplandia: Endless drama à la Maison Blanche

  • Chaque jour, un nouveau scandale vient fragiliser une Maison Blanche toujours plus isolée dans laquelle le président s’est enfermé depuis le début du shutdown, il y a trente jours, qui prive de travail et de salaire 800 000 fonctionnaires du gouvernement fédéral … avec le soutien du Parti républicain.

    Mercredi soir, Buzzfeed a révélé que « le président Donald Trump [avait] demandé à son avocat Michael Cohen de mentir devant le Congrès sur les négociations concernant la construction d’une Trump Tower à Moscou »; il aurait également « validé le projet de Cohen de se rendre en Russie pendant la campagne présidentielle pour personnellement rencontrer le président russe et lancer les négociations » dont ont été informées Ivanka et Donald Trump Jr.

    Trump a toujours démenti avoir des intérêts commerciaux avec la Russie. Mais en coulisses, il poussait le projet de Moscou qui aurait pu rapporter plus de trois cent millions de dollars de profits à sa compagnie.

    M. Cohen avait dans un premier temps affirmé que le projet [de la Tour en Russie] avait été abandonné en janvier 2016 pour essayer de « minimiser les liens entre le projet de Moscou et l’Individu 1 [Trump], et limité l’enquête [de Mueller] sur la Russie. Il a finalement décidé de collaborer avec Mueller en novembre dernier, et reconnu avoir menti sous serment. 

    Trump, n’a rien démenti, mais a encouragé les enquêteurs à s’intéresser à un membre de la famille d’un témoin qui a témoigné contre lui.

    C’est Rudolph Giulani qui a finalement publié un démenti ce matin en qualifiant les allégations de « catégoriquement fausses ». Axios
    Mais fait rarissime, l’équipe du Procureur indépendant Robert Mueller a également publié un démenti concernant les révélations de Buzzfeed, qui continue de soutenir le travail et les propos de ses deux journalistes.

    Vendredi soir, les médias et personnalités de droite dénonçaient les dérives des médias grand public, et ont rabâché à qui voulait l’entendre que Buzzfeed avait été pris en flagrant délit de « Fake News ».

 

3. The Valedictorian Projet

 

 

  • « Valedictorian » est une distinction décernée aux meilleurs élèves des écoles et universités publiques américaines, semblable à celle du major de promotion en France.

    Le Boston Globe a retrouvé 93 des 113 valedictorians des lycées de Boston promus entre 2005 et 2007 pour comprendre leur parcours et ses journalistes ont découvert que l’excellence académique les avait peu préparé à la réalité de la vie, aux privilèges économiques, sociaux et professionnels. 

    Sur papier, aucun étudiant de Boston n’est mieux placé pour grimper l’échelle sociale que ces valedictorians. En réalité, beaucoup ont vu leurs opportunités diminuer après le lycée, incapable de fructifier le potentiel de nombreux jeunes Bostoniens. Beaucoup se sont rendu compte en arrivant à l’université du niveau médiocre des écoles publiques de la ville qui ne les a pas préparés aux rigueurs académiques du Supérieur.

    Certains ont perdu leur bourse. D’autres ont souffert de dépression et d’isolement social en essayant de s’en sortir dans un monde qui leur était complètement étranger, destructeur dans ses exigences et son aura de privilèges.

    Beaucoup ont finalement été transférés dans des établissements moins performants. Un quart d’entre eux n’a pas réussi à décrocher de diplôme dans les six années qui ont suivi, ce qui est supérieur à la moyenne, mais inférieur à ce que l’on attend des meilleurs.

    Ceux qui ont obtenu leur diplôme ont souvent découvert le manque total de réseaux professionnels sur lesquels s’appuyer dans l’un des pires environnements économiques depuis des générations.

    * « The Valedictorian Project » – The Boston Globe

 

 

4. Deux ans après, Quelle Women’s March?

 

  • Il y a deux ans, la Women’s March, qui avait rassemblé entre trois et cinq millions de manifestant.e.s à travers le pays et dans le monde, a déclenché un formidable mouvement politique d’opposition au président Trump, a encouragé les femmes à rentrer politique, à se présenter aux élections de mi-mandat, et a remporté un recours de 117 sièges au Congrès.

    La troisième édition a eu lieu samedi à DC, New York, et toutes les grandes et moyennes villes du pays, même si le mouvement n’a jamais été aussi controversé, à cause des luttes de pouvoir et des accusations d’antisémitisme.

    Certaines responsables de l’organisation « mère », Women’s March Inc, sont aujourd’hui accusés par d’autres associations féministes, d’antisémitisme et d’exclusion des minorités LGBTQ, qui ont eu pour effet d’éloigner les Démocrates, et nombre de ses personnalités – Nancy Pelosi, Kamala Harris et Elizabeth Warren n’y ont pas participé … mais Alexandria Occasio Cortez y était!

    La journaliste du NYT, Farah Stockman, a raconté dans le Daily de vendredi comment est-ce qu’avant même l’immense rassemblement du 21 janvier 2017, des dissensions existaient au sein du mouvement concernant sa représentation et son leadership:

    Vanessa Wruble, [une militante de Brooklyn, co-fondatrice du mouvement] été virée de l’organisation peu après la Marche [de 2017] et affirme aujourd’hui que sa religion [juive] aurait joué un rôle. Elle a ensuite fondé une organisation appelée March On, qui soutient des militantes locales.
    Les divisions sont tellement importantes qu’il y aura deux marches [demain] dans les rues de New York: L’une menée par Women’s March dont les dirigeantes sont des femmes de couleur, et une autre attachée à March On qui dénonce l’antisémitisme.
    Ms Mallory [afro-américaine], aujourd’hui co-présidente de la Women’s March, a été critiquée pour avoir participé à un meeting de Louis Farrakhan, leader de la Nation of Islam connu pour ses position antisémites.  Mme Mallory a qualifié M.Farrakhan de « The GOAT » or « Greatest Of All Time » sur les réseaux sociaux.

    (…) Le mois dernier, Teresa Shook, une blanche de Hawaï qui a créé la première page Facebook suggérant la marche, a appelé les dirigeantes y compris Mme Mallory et Mme Perez à démissionner.
    (…)
    Mme Mallory et Mme Perez affirment condamner catégoriquement l’antisémitisme, et selon elle, la religion n’a rien à faire avec son départ même si elles ont reconnu que le rôle des femmes juives [au sein de l’organisation] avait été discuté dans le premier meeting [à l’origine de la Marche de 2017].

     

5. Takeshi 6ix9ine: De gentil garçon a « villain »

 

 

  • Il est jeune, se prénomme « Tekashi SixNine », s’est fait connaître sur les réseaux sociaux en juillet 2017 avec la sortie de son single « Gummo » dans lequel il joue les chefs de gang aux cheveux arc-en-ciel, un grillz ton sur ton, un énorme tatouage sur la moitié du front, le tout entouré de pseudo-criminels habillés en rouge qui jouent avec des armes.

    Le tatouage a fait partie d’une métamorphose qui a choqué les amis de Daniel Hernandez [son vrai nom] quand il a débuté sur Instagram. « Je ne savais même pas qu’il avait fait ça » explique Andrew Green, qui a réalisé la vidéo « Gummo ». A ce moment là, j’ai compris qu’il n’y avait pas de retour en arrière possible. »
    Quelques mois auparavant, Danny travaillait encore comme commis dans un déli, sans tatouage avec des cheveux noirs et des rêves de gloire.
    Puis il a teint ses cheveux, s’est fait tatouer, et est devenu Tekashi.

    Dans sa brève carrière, Tekashi a captivé l’Amérique avec toujours plus de provocations et de controverses: c’est devenu le troll du hip-hop, un expert pour provoquer l’indignation et la transformer en une popularité éphémère.
    C’est une stratégie bien connue, mais la vitesse à laquelle 6ix9ine a accumulé des millions de fans n’a été possible que grâce aux smartphones.

    La diffusion de Gummo a rendu Hernandez célèbre, infréquentable et pourrait mettre fin à sa carrière. La notoriété soudaine a révélé l’ancienne vie de Hernandez, y notamment sa condamnation dans une affaire de détournement de mineur (…)
    Mais c’est son introduction à Kifano Jordan qui va marquer le tournant de cet été 2017. Membre des Nine Trey Gangsta Bloods, né à Rikers en 1993, c’est lui qui a ramené tous les jeunes de la vidéo « Gummo » et est devenu le manager officieux de Tekashi avant de menacer de le tuer.

    Les gens qui connaissent Hernandez affirment qu’il n’a jamais fait partie d’un gang avant sa rencontre avec Shotti. Mais un an après la fameuse vidéo, Hernandez s’est retrouvé derrière les barreaux et risque jusqu’à 32 ans de prison pour des charges allant de braquage à tentative de meurtre. 

    Je vous conseille vivement la lecture de cet article.

    * « The Rise and Fall of a Hip Hop Supervillain » de Stephen Witt – Rolling Stone

 

 

 

6. On vit (… ou pas) une époque formidable

  • Mike Pence, le VP est « très offensé » des critiques lancées contre sa femme, Karen, qui a décidé de reprendre ses activités de prof d’Art dans une école interdite au personnel et étudiants LGBT.
  • La compagnie aérienne AeroMexico est allée à la rencontre de Texans hostiles au Mexique et leur a offert une promotion sur les billets d’avion pour le Mexique équivalent au pourcentage de leur ADN mexicain – la moitié des Texans ont des origines mexicaines. Twitter
  • Le premier discours de Alexandria Occasio Cortez (AOC), démocrate-socialiste de New York à la Chambre des Représentants a été vu par 2,3 millions de téléspectateurs, un record de tous les temps pour la chaîne parlementaire CSPAN. Fox News

 

 

7. Couverture du jour

 

  • Cette semaine, The Atlantic a publié sa dernière cover story, « Impeach » dans laquelle Yoni Appelbaum appelle les Démocrates à « destituer » le président, en accord avec la vision de pères fondateurs qui ont « créé un mécanisme permettant de déterminer si un président enfreint la règle de droit ou poursuit son propre intérêt au détriment du bien-être général – en bref si son maintien en fonction constitue une menace pour la République. »

    Les actions de Trump au cours de ses deux premières années de mandat s’inscrivent, dépassent même les critères nécessaires au déclenchement de ce garde fou.
    Mais les Etats-Unis se méfient de la destitution.
    L’histoire de son application est largement méconnue et pousse les Américains à la considérer comme une menace dangereuse contre l’ordre constitutionnel.

    C’est le contraire. Il est absurde de suggérer que la Constitution a défini un mécanisme trop puissant pour être réellement utilisé. La destitution est au contraire une protection vitale contre les dangers posés par un président comme Trump. Et surtout bon nombre de ses avantages – pour la santé politique du pays, pour la stabilité du système constitutionnel – sont acquis indépendamment du résultat final.

    La mise en accusation est un processus, et non un résultat, une procédure liée à des règles pour enquêter sur un président, prendre en compte des éléments de preuve, formuler des accusations et décider de la poursuite du procès. 

* « Impeach Trump » de Yoni Appelbaum – The Atlantic

Published in Revue de presse