Le Chicago Sun-Times a publié ce weekend le récit d’un de ses journalistes qui a été témoin au printemps dernier du suicide d’une femme du haut d’un immeuble.
Aucun quotidien ou chaîne d’infos n’a relayé le fais divers qui arrive plusieurs fois par an dans la ville de Chicago sauf peut-être pour tous ceux qui étaient ce matin du 6 mai 2016, quand Kendra Smith, 44 ans a décidé de mettre fin à ses jours, publiquement.
« En parlant avec mes voisins, la police, les pompiers, et plus tard son petit ami et sa mère, j’ai pensé qu’écrire dessus donnerait un visage à une personne dont le suicide a eu un retentissement qu’elle n’aurait sans doute jamais imaginé sur les personnes qu’elle a touché, dans sa vie et dans sa mort.
Le journaliste, Frank Main, a assisté au suicide de Kendra Smith depuis l’immeuble d’en face, où il habite avec son fils, présent ce matin, mais qui a décidé de ne pas regarder, « pour ne pas avoir gardé cette image dans la tête ». Frank lui a continué de regarder jusqu’à ce qu’elle saute alors que les pompiers et la police étaient en train de déployer quatre étages plus bas, un matelas gonflable pour amortir la chute, et alors que d’autres montaient les escaliers pour atteindre le toit et tenté de lui parler.
Elle a sauté d’un coup, sans alerte, prenant de court certains pompiers qui ont vu son corps s’écraser, tout comme la douzaine de badauds qui s’étaient attroupés en bas de l’immeuble et avaient prévenu les secours.
Trop tard.
Kendra Smith était assise sur le rebord de l’immeuble depuis plus de deux heures, avait texté son petit-ami pour lui dire qu’elle l’aimait. Les surveillances vidéos montrent qu’elle a longtemps hésité avant de sauter que les secours auraient peut-être eu la chance de la sauver si ils étaient arrivés plus tôt.
En fouillant un peu plus dans la vie de Mme Smith, le journaliste à découvert une enfance heureuse entourée de ses deux parents et une adolescence à problèmes après la mort de son père des suites d’un cancer. S’en suit une vie de hauts et de bas, marquée par une personnalité bi-polaire, une dépendance à l’alcool et aux drogues, la naissance de deux enfants et un mariage heureux, jusqu’à ce que ses démons la reprennent.
Au printemps 2016, Kendra était sortie de prison depuis deux ans, s’était mise à courir et avait même terminé le marathon de Chicago quleques mois plus tôt. Elle vivait avec son petit ami dans l’immeuble d’où elle s’est jeté, et ne lui a laissé aucune explication.
Quelques jours avant sa mort, un docteur lui aurait annoncé qu’elle était atteinte d’un cancer et qu’il lui restait peu de temps à vivre, mais son médecin n’a pas confirmé le diagnostic.
Il n’y a pas vraiment de conclusion à cette histoire. Kendra a blessé beaucoup de gens mais elle en a inspiré beaucoup aussi. Je ne suis pas certain de ce que je cherchais, mais je sais au moins qui était cette femme sur le rebord de l’immeuble