LocoL, considéré par Eater comme « le plus important fast food » des Etats-Unis entend révolutionner l’industrie avec un projet radical: Offrir une nourriture saine et abordable à ceux qui en ont besoin là où ils en ont besoin et en faire profiter les communautés locales.
Le premier restaurant d’une vingtaine de places a été ouvert en janvier dernier, et n’a pas arrêté depuis grâce à des produits de qualité, un menu simple, des prix abordables et deux chefs reconnus aux fourneaux, Roy Choi et Daniel Patterson.
Roy Choi, né en Corée du sud et élevé à Los Angeles, formé dans les plus grandes enseignes de la région, est devenu en 10 ans « le roi » et fait même l’objet d’un film, sorti en 2014, Chef.
En 2013 à Copenhague, lors de son fameux MAD Talk prononcé devant les plus grands chefs du monde, il dénonce une cuisine réservée aux privilégiés, « propose de changer les choses et d’aller nourrir ceux qui n’y ont jamais eu droit ». Il va même plus loin et défit ses collègues d’ouvrir un restaurant de quartier pour l’ouverture de chaque nouveau « fancy » restaurant.
Un discours qui attire l’attention de Daniel Patterson, un autre chef à la tête d’un « deux étoiles » à San Francisco où il participe également au « Cooking Project« , une association qui réinsert les jeunes en difficulté grâce à l’apprentissage de la cuisine et situé dans l’un des quartiers les pauvres de la ville, Tenderloin.
Un an plus tard, lors de la même conférence MAD, Choi et Patterson annoncent leur projet commun, LocoL, un « concept qui a du coeur, une idéologie, et l’expérience d’un chef » avec les mêmes prix que Mc Donald’s ou Burger King, et qui vise à « faire avancer le statu quo de l’industrie du fast food ».
LocoL a ouvert son premier restaurant dans un quartier populaire de Los Angeles, puis au printemps dernier à Oakland dans la Bay Area, à côté de San Francisco, et vient enfin de lancer son food truck qui parcours la cité des anges.
On y sert des burgers, du fried chicken à 5 dollars (4€), des bols de noodles à 7 dollars (6€), nuggets de poulet et légumes à 4 dollars (3€) selon les locations, des prix très abordables compte tenu de la qualité des produits – légumes, grains, et viande sont préparés sur place, et Patterson utilise parfois les mêmes fournisseurs que pour son « deux étoiles ».
LocoL a aussi des ambitions sociales, celle d’aider des communautés locales, souvent défavorisées à la recherche d’opportunités.
Les employés, souvent sans diplômés et/ou ayant fait de la prison, sont payés 20% de plus que le salaire minimum (13 dollars/11€ de l’heure), résident dans le quartier et sont poussés à participer à la vie du restaurant. Depuis son ouverture il y a neuf mois, Watts, qui fut le théâtre des émeutes de Los Angeles en 1992, a bénéficié de l’implantation de LocoL qui ramène une population plus éclectique et qui pousse d’autres commerces à suivre leur exemple.
Avec l’aide d’un troisième partenaire prêt à investir dans ce projet, Choi et Patterson comptent ouvrir de nouvelles locations « dans des quartiers qui ont peu de restaurant et qui manquent de travail », des endroits où « Black Lives Matters est au centre des discussions »: Newark, Detroit, Atlanta, New Orleans, Memphis, Chicago, Baltimore, Ferguson.
Transformer les mentalités, apporter des opportunités et renforcer les communautés à travers de la nourriture plus saine, même si ça reste du fast food, c’est le projet très ambitieux de LocoL.
De l’action sociale à travers la nourriture n’est pas nouveau et certains croient difficilement en « une révolution » promue par Choi et Patterson mais la plupart admettent que c’est un bon départ.