La politique enfin au rendez-vous de ces élections présidentielles grâce à deux VPs préparés et déterminés à sauver ou réassurer leur candidat dans une course toujours très serrée … et Mike Pence, colistier de Donald Trump a remporté les suffrages hier soir malgré des arguments fondés, parfois trop « préparés » de Tim Kaine, colistier de Clinton.
Dans une campagne rongée par les scandales, les polémiques, et autres tweets incendiaires envoyés au milieu de la nuit, on est presque rassuré d’avoir vu s’affronter « sérieusement » deux politiciens expérimentés sur des sujets tels que l’économie, les forces de l’ordre, la Syrie, le terrorisme, la Russie, la messagerie privée de Clinton, sa fondation, les déclarations d’impôts, etc…
Mike Pence et Tim Kaine ont essayé de défendre un bilan politique controversé pour l’une et non existent et erratique pour l’autre qui s’est soldé, selon les médias, par une victoire de Pence.
Sur quels arguments?
Tous ceux que Trump n’a pas su défendre lors du premier débat et qui a poussé une majorité des médias, de la population américaine et une partie du monde à conclure qu’il n’était pas « qualifié pour être president »: le calme, la réflexion, l’expérience et la connaissance des enjeux du pays au niveau international et domestique.
Mike Pence a réussi là où Trump a échoué, en critiquant le bilan de la Secrétaire d’Etat Clinton sur la scène internationale, qui aurait affaibli non seulement les Etats-Unis, le Moyen Orient mais l’ordre mondial dans son ensemble.
Sauf que Pence n’est pas le candidat à la présidence, et imaginer que cette confrontation puisse profiter à Trump est difficile à accepter, même si c’est la règle du jeu politique.
« Pence et Kaine auraient pu offrir un excellent débat si Donald Trump n’était pas de la partie » commentait New York magazine hier soir à travers l’un de ses journalistes star, Jonathan Chait, un supporter de Clinton: « la stratégie de Kaine était de retourner toutes les questions [de la modératrice] en une liste d’insultes que Trump a proféré. Celles de Pence étaient dirigé contre Barack Obama. »
Pence a fait preuve de professionnalisme et de calme ce soir contre un Kaine agité et agressif qu’il a accusé avec Clinton de mener « une campagne d’insultes » contre Trump, celle que le candidat a effectivement mené contre les femmes, Mexicains, démocrates, afro-américaines ces quinze derniers mois. Mais Le VP républicain n’a jamais su apporté de réponses à ces accusations et s’est plusieurs fois accordé sur les positions de Kaine contre la Russie, Poutine et les solutions à mettre en place en Syrie.
C’était l’argument justifié de Kaine ce soir contre son adversaire et le parti républicain tout entier: comment est-il raisonnablement possible de défendre un candidat qui n’a aucune expérience, ni connaissance de la situation politique nationale et internationale du pays et encore moins des moyens de la défendre?
Les arguments de Kaine ont parfois sonné comme des expressions toutes faites mais ont su atteindre leur cible: Trump qui confond « leadership » et « dictatorship » en faisant l’éloge de Poutine.
« Pence a gagné le débat en se démarquant de Trump » rapporte Vox, qui renchérit en qualifiant une performance « magistrale » sur la forme mais inexistante sur le fond – ce qui aurait agacé le candidat républicain selon des sources proches.
Ce qui inquiète ce matin, c’est l’éventuel revirement des médias autour de ce débat: avant la première rencontre entre Trump et Clinton, la candidate était la proie des médias conservateurs dont les théories complotistes étaient massivement relayés par les quotidiens du pays. L’avantage qu’ils ont accordé à Mike Pence hier soir annonce-t-il un regain de confiance chez les Républicains, une semaine avant la prochaine rencontre entre Trump et Clinton?
Leadership and dictatorship