Update – 25 décembre 2016
Cette semaine, la journaliste Lauren Luca était l’invitée de Tucker Carlson, un journaliste de Fox News pour discuter d’Ivanka Trump qu’elle a critiqué à plusieurs reprises.
L’échange a été violent et il a fallu tout le sang froid et l’intelligence de Luca pour remettre à sa place le présentateur et lui signaler « son manque de professionnalisme ».
Il faut le voir pour le croire.
Ca décoiffe! Et pour les bonnes raisons.
Il y a deux semaines, l’une des journalistes du mensuel pour ados a publié une tribune très critique à l’encontre de Donald Trump et appelé ses lectrices à la vigilance et à l’action ces quatre prochaines années.
Comment sensibiliser des adolescentes à la menace qui pèse sur leur pays, sur leurs droits et leur liberté quand elles n’ont connu que la sagesse, la modération et la « coolitude » de Barack Obama?
Pour expliquer la situation actuelle, Lauren Luca s’inspire d’une pièce de théâtre de Patrick Hamilton, « Gas Light », écrite en 1938 et adaptée au cinéma en 1944 dans le film éponyme de George Cukor avec Ingrid Bergman.
L’histoire d’une femme abusée par un mari qui la manipule jusqu’à lui faire croire qu’elle devient folle, c’est celle dont est victime le pays depuis plus d’un an et qui a directement mené à la victoire de Donald Trump: « Manipuler psychologiquement une personne jusqu’à ce qu’elle remette en cause sa propre raison, c’est précisément ce que Donald Trump est en train de faire à ce pays ».
Après une campagne électorale au cours duquel « il a encouragé la haine » et « normaliser la tromperie », il poursuit aujourd’hui une « stratégie terrifiante » qui vise à « affaiblir et rendre aveugle l’électorat américain ».
Il a pris de l’ampleur dans ces élections en condamnant les mensonges des politiciens, tout en se contredisant, sans souvent prendre la peine de masquer ses propres contradictions. Ils n’a cessé de nous mentir, de récupérer les accusations de mensonges et les transformer en preuve de parti pris.
Dans les mains de Trump, les faits sont devenus interchangeables avec les opinions, et nous aveuglent jusque dans nos propres discussions, comme si notre propre réalité était remise en question.
La journaliste est incapable d’énumérer tous les mensonges de Trump car « l’ensemble de la stratégie vise à boucher la canalisation avec une masse indéchiffrable de déchets toxiques ».
Le « gas lighting » se met en marche quand les fictions sont critiquées par les médias, que Trump réaffirme ces mêmes mensonges avant de se faire passer pour la victime d’un traitement injuste »
L’article appelle ses lecteurs mais aussi « nous », c’est-à-dire « les progressistes radicaux, les fervents républicains et le cousin bizarre de Jill Stein » à être vigilants à l’encontre de tout ce qui sort de la bouche de Donald Trump.
Le meilleur moyen de se protéger, c’est d’être vigilant vis-à-vis de l’information, surtout lorsqu’il s’agit d’une déclaration ou d’un tweet de Donald Trump, de systématiquement vérifier les faits, de « s’informer sur les médias sérieux et ceux qui ne le sont pas », « de refuser d’accepter l’information juste parce qu’elle est accessible, et ne pas avoir peur de poser des questions »
C’est la base requise pour tous les Américains. Si les faits deviennent un point du débat, la définition même de la liberté sera remise en question. (…)
Quand on défend chaque identité par peur d’être marginalisé, on doit se rappeler de la chose qui repousse cette hydre à têtes de cochon. Quand on transforme cette nouvelle rage en action, il est impératif de se rappeler, quelque soit notre identité et notre bord politique, en tant que pays et en tant qu’individus, que nous ne sommes rien sans la vérité
Les réactions devant ce brûlot anti-Trump destinés aux adolescents ont été plutôt positives, notamment sur les réseaux sociaux.
.@laurenduca, Teen Vogue's 'weekend editor' whose last piece was on Selena Gomez's makeup, ably rips Trump. Thanks! https://t.co/rA9AEKCXkF
— Bill McKibben (@billmckibben) December 11, 2016
Contrairement aux autres magazines pour adolescents, Teen Vogue a suivi de près les élections, envoyé une vidéo au président-élu dans laquelle de jeunes activistes expriment leurs craintes et leurs espoirs pour les quatre ans à venir remarquait The Guardian ce weekend, même plus que la version adulte, Vogue US.
Une nouvelle rédactrice en chef de 29 ans, la plus jeune et la seconde Afro-Américaine à occupé un tel poste dans le groupe Condé Nast, Elaine Welteroth, a succédé en mai 2016 à Amy Astley qui avait fondé cette publication en 2004.
Entre temps Teen Vogue avait déjà décidé de se concentrer autant sur les questions politiques et de société que sur la mode ou le maquillage.
Selon Jezebel, depuis sa création, l’équipe et les auteurs de Teen Vogue n’a cessé de glisser des idées féministes derrière des reportages sur les adolescents « socialites » ou les nouvelles tendances mode ». La présidence de Trump devrait un peu plus impliqué le magazine dans les affaires du pays, notamment à travers son site internet puisque la publication deviendra trimestrielle à partir de janvier 2017.