- Le briefing hebdomadaire
Hier c’était vendredi, jour du communiqué de presse de la Maison Blanche: « Cette semaine, le président Trump et son administration ont accompli de grands progrès pour rendre l’Amérique plus sûre [trois décrets anti-criminalités signés], à redonner du travail aux Américains [la compagnie Intel s’est engagée à créer 10 000 emplois aux Etats-Unis] » et enfin la confirmation (dans la douleur) de Jeff Sessions à la Justice.
Aucune mention de la confirmation très controversée de Betsy DeVos à l’Education et surtout du camouflet reçu par le Commander-in-Chief après la décision de la cour d’appel fédérale de San Francisco de maintenir la suspension provisoire de la « travel ban ».
Les quatre paragraphes relèvent plus de la propagande que de l’information mais incitent curieusement les lecteurs à suivre directement le président sur les médias sociaux.
Si on suit le compte Twitter de Donald Trump depuis lundi, la situation du pays est catastrophique: des médias malhonnêtes qui répandent des « fake news », un cabinet qui n’est toujours pas en place, la décision « horrible, dangereuse, et mauvaise » prise par le juge de Seattle et confirmée en appel vendredi, une population américaine « bien plus vulnérable » et la sécurité de la nation qui « est en jeu ».
Deux sons de cloches totalement contradictoires provenant de 1 600 Pennsylvania Avenue, il va falloir s’y habituer ces quatre prochaines années. - La semaine difficile de Sean Spicer
Brian Stelter, le journaliste média de CNN résume parfaitement la situation intenable du porte parole de la Maison Blanche:« Dans les émissions du soir, Sean Spicer est la plaisanterie du moment. Sur les chaînes d’infos, c’est un punching-ball. Mais en salle de conférence, c’est lui qui envoie les coups. La grande question est de savoir ce que pense son boss, professionnel du « contre », quand il regarde ses conférences de presse à la télé. »
Le rôle de Sean Spicer est sans doute l’un des plus difficiles de l’administration Trump: le relais entre le gouvernement et les journalistes, sachant le mépris du président pour les médias et la méfiance de ces derniers envers tout ce qui vient de la Maison Blanche. Si on ajoute les faits alternatifs de Kellyanne Conway, les mensonges et attaques répétés du président sur Twitter, la mission de Spicer de défendre Donald Trump semble incompatible avec la nécessité de construire une relation de confiance avec les journalistes.
Jeudi, il a été accusé de « faire du Melissa McCarthy », en référence au sketch de l’émission satirique Saturday Night Live dans laquelle la comédienne de « Bridesmaids » a offert une imitation hilarante d’un Sean Spicer survolté et très agressif envers les journalistes.
A lire ce matin dans le New York Times, un article multimédia très instructif sur la « briefing room » de la White House et comment Sean Spicer a complètement remodelé la conférence de presse traditionnelle de la Maison Blanche. - Les fuites au coeur de la Maison Blanche
Depuis l’investiture de Donald Trump, les fuites provenant de la Maison Blanche ont « remarquablement » augmenté.
« La question est de savoir d’où elles viennent ».
Ces fuites inspirent des articles plus ou moins « sérieux » comme les soirées de Trump à regarder la télé en robe de chambre, mais sont plus dommageables lorsqu’il s’agit d’une conversation avec le premier ministre australien, Malcolm Turnbull, rapportée comme étant « le pire appel [téléphonique du président avec un chef de gouvernement étranger] » et qui a bien failli déclencher une crise diplomatique entre les deux pays.
Selon The Hill, chaque média aurait sa propre source de fuites qui tournent autour de la rivalité entre les deux plus proches conseillers de Donald Trump, Steve Bannon, « le guerrier suspicieux de l’establishment républicain » et l’ancien président du Comité National Républicain, Reince Priebus, désormais chef de cabinet.« Plus largement, la multiplicité des sources de pouvoirs – pas juste un ou deux- dans la maison Blanche de Trump renforce les intrigues. Certains républicains s’inquiètent d’une recrudescence de coups bas entre les acteurs clés quand il s’agit de protéger leurs positions. »
- Les émissions satiriques américaines surfent sur le « Trump Bump »
« En juste quelques semaines, Saturday Night Live est devenu peut-être le show le plus important à la télé » commentait hier le magazine Time et chaque épisode « se doit d’être regardé ». Celui particulièrement réussi de la semaine dernière avec Baldwin-Trump et la révélation McCarthy-Spicer, et l’aide du « moment Totinos » entre Stewart-Bayer a réalisé sa meilleure audience depuis 1995.
La comédienne Rosie O’Donnell, ennemie jurée du président, s’est même portée volontaire cette semaine pour jouer le rôle de Steve Bannon en réalisant un photomontage saisissant pour l’émission de ce soir présentée par Alec Baldwin.
Les émissions satiriques n’ont jamais eu autant la côte ces derniers mois, grâce aux élections présidentielles et la Trumpocalypse, et plus elles sont politisées et anti-Trump, plus elles font de l’audience, à l’instar de Late Night with Seth Meyers sur NBC, du Late Show de Stephen Colbert sur CBS – qui a accueilli Jon Stewart la semaine dernière – et l’excellente Samantha Bee et son Full Frontal hebdomadaire. - Comment faire renaître le parti démocratique
Sous le président Obama, les démocrates ont perdu près de 958 sièges de Représentants dans les chambres basses des Etats du pays – qui en totalisent 5 411. En comparaison, les Démocrates en avaient perdu 524 sièges sous Clinton et les Républicains 324 sous Bush.
Pour Jaime Harrison, candidat à la présidence du Comité National Démocrate, et invité de l’émission Morning Joe vendredi, les partis démocrates des Etats n’ont pas eu les moyens ni l’argent de mobiliser les électeurs pour les pousser à aller voter.Tu peux avoir le meilleur message et le meilleur messager, c’est l’appareil financier et humain qui pousse en dernier lieu les électeurs à se déplacer. Si on regarde les raisons de la défaite des Démocrates: on a perdu les élections à cause de 77 000 votes sur trois Etats représentants 14 millions de votes. Ce n’est pas une défaite du message ou du messager, c’est une défaite fonctionnelle. S’il existait un appareil fonctionnel efficace financé convenablement au sein de parti [démocrate], on aurait facilement obtenu ces 77 000 votes. On n’a pas fait ça. On a rien fait pendant quatre ans et pensé pouvoir ressortir avec succès la machine politique quelques mois avant les élections.
Jusqu’aux 8 novembre, c’était les Républicains qui enviaient les Démocrates sur leurs capacités à mobiliser l’électorat jusqu’à ce que le contraire se réalise. Le challenge aujourd’hui pour le parti démocrate, c’est d’effectuer un travail de terrain et de récréer le lien avec ceux qui se sont sentis délaissés en 2016 et de les remobiliser pour les élections de mi-mandat en 2018.