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Mardi 14 février 2017: Démission, illusions et réaction à la Maison Blanche

 

  1. Première victime de l’administration Trump
    La lettre de démission de Mr Flynn au président Trump lundi 13 février 2017

    L’ancien lieutenant général de l’armée américaine, Michael Flynn a démissionné hier soir de son poste de conseiller à la Sécurité Nationale. Ce dernier avait promis en décembre à l’ambassadeur russe des Etats-Unis, Sergey Kislyak, une levée des sanctions américaines imposées par Obama à la suite de l’ingérence du Kremlin dans les élections présidentielles américaines.
    Mr Flynn a d’abord nié s’être entretenu avec l’ambassadeur avant de reconnaître la discussion tout en assurant ne pas avoir pas abordé le sujet. Une défense reprise par le Vice Président Mike Pence et contredite par l’enquête du FBI qui parlait « de signal inapproprié et potentiellement illégal donné au Kremlin » sur un « allègement des sanctions » rapportait le Washington Post vendredi dernier.
    Il a reconnu avoir menti dans sa lettre de démission adressée au président hier soir. Son remplaçant provisoire est le Lieutenant général Joseph Keith Kellogg, un vétéran de la guerre du Vietnam.

  2. Mar-a-Lago, théâtre d’une crise diplomatique
    Instagram. Trump samedi 11 février 2017

    La scène, surréaliste, a été immortalisée par plusieurs clients venus dîner à Mar-a-Lago, le club très privé de Donald Trump à 200 000 dollars l’adhésion annuelle:
    Le dîner entre le président des Etats-Unis et le premier ministre japonais qui s’est transformé en réunion de crise internationale après le lancement d’un missile balistique nord coréen en mer du Japon
    . La veille, les deux chefs d’Etat avaient « fermement » demandé à la Corée du Nord d’arrêter son programme de missiles balistiques et nucléaire.
    La réponse concertée à la provocation de Pyongyang s’est déroulée sur la terrasse du restaurant de « la Maison Blanche d’hiver » sous les regards ébahis des clients et en direct sur les médias sociaux.
    Sur le cliché ci-dessous, Trump prend la pose aux coté de Mr Abe et on aperçoit en arrière plan, l’ancien conseiller à la Sécurité nationale, Michael Fynn et Steve Bannon. Une situation qui enfreint toutes les règles de sécurité concernant la gestion d’informations confidentielles et qui a poussé les Démocrates à demander la démission de Flynn hier.
    Encore une situation peu conventionnelle pour un président peu conventionnel.

  3. Steve Bannon, bouc émissaire!
    Pour le National Review, le conseiller du président, Steve Bannon, serait victime d’une chasse aux sorcières de la part des médias américains qui essaient désespérément de se débarrasser de lui. « Mais [leur] effort de faire passer Bannon pour un ennemi du peuple est en train de devenir une campagne de diffamation hystérique ».
    La raison? Cet article du New York Times paru ce weekend qui s’intéresse aux influences politiques de Bannon, et parmi elles, l’écrivain italien Julius Evola, qui a inspiré des générations de fascistes au siècle dernier. Une « référence parmi d’autres » relevée dans un discours prononcé par Bannon lors d’une conférence donnée au Vatican en 2014.
    « C’est incroyable de voir comment la référence à un philosophe obscur peut être utilisée contre un conseiller de la Maison Blanche. » se plaint le magazine.
    Sauf que Bannon n’a jamais fait dans la demi-mesure: la ligne éditoriale alt-right de Breitbart, sa haine des médias, son obsession contre l’islam et le choc des civilisations rend certaines influences, même minimes, inquiétantes.
  4. Trump n’a rien foutu depuis un mois
    Ca s’appelle « l’illusion du pouvoir ».
    De nombreux journalistes s’accordent à dire que les trois premières semaines de Trump au pouvoir ont duré des années tant la Maison Blanche à travailler à assommer la population et les médias de décrets, de nominations, tweets, conférence de presses, toutes aussi controversées les unes que les autres.
    Mais si on y regarde de plus près, « Trump n’a quasiment rien fait » remarque Z.Karabell dans Politico, contrairement aux propos très arrogants de son conseiller, Stephen Miller, qui affirmait dimanche à la télé américaine, qu’il « a plus fait en trois semaines » que certains autres présidents en quatre ans.


    Il y a eu 45 décrets présidentiels et un mémorandum signé (…) Mais à l’exception de la travel ban [suspendue], presque aucun n’a nécessité d’actions ni entraîné de changements des régulations en place. Jusqu’ici, Trump agit exactement comme il l’a fait toute sa carrière: Créer beaucoup d’attention et se présenter comme l’homme de la situation.


    L’utilisation des décrets est un moyen efficace de mettre en scène le pouvoir devant un parterre de journalistes et photographes qui relaient l’idée d’une activité intense à la Maison Blanche.

    Comprendre la différence entre ce que le président dit et ce qu’il fait est l’une des seules choses qui préservera le débat public de tomber plus profondément dans le salon des miroirs

  5. Oklahoma continue sa lutte contre l’avortement
    Pendant que Washington concentre l’attention politique et médiatique du pays, vingt cinq Etats américains dirigés par un gouverneur et un parlement républicain mettent en place des politiques très conservatrices à l’encontre des syndicats, du droit à l’avortement, de la retraite, ou de l’éducation.
    La semaine dernière, le comité parlementaire en charge de la santé publique l’Etat de l’Oklahoma, a refusé une proposition de loi, HB 1441, qui aurait obligé une femme enceinte à demander la permission du père biologique pour pouvoir avorter. L’auteur de la proposition, Mr Humphrey, a expliqué vouloir impliquer le père dès le début de la grossesse.

    Je pense que l’un des drames de cette société est d’exclure les hommes de ce genre de décision (…) Tu fais ce que tu veux avec ton corps et tu en es responsable. Mais une fois que vous avez été irresponsable, n’allez pas dire qu’il n’y a pas de problème et que vous pouvez faire ce que vous voulez à un autre corps alors que vous n’êtes celle qui porte ce corps et que c’est vous qui l’avez créé.

  6. Les Grammys, une institution raciste ou juste ringarde?
    Offrir à Adèle les principaux Grammys pour un album, « 25 », sorti il y un an et demi (octobre 2015), quasi-similaire à « 21 », pour lequel elle a reçu les mêmes récompenses en 2011, face à l’excellent « Lemonade » de Beyonce, un album et sa vidéo acclamés par toutes les critiques en 2016, en ont étonné plus d’un – et surtout l’intéressé, Adèle. Pour Time magazine, « la défaite de Lemonade renvoie à une tendance plus inquiétante qui affecte le show depuis ses débuts. Il sous estime constamment les artistes R&B, et plus récemment ceux du hip hop – surtout si ces derniers sont blacks. Seulement trois Afro-Américaines ont gagné l’Album de l’année en 59 éditions: Natalie Cole (1992), Whitney Houston (1994) et Lauryn Hill (1998). 
  7. La « Anna Wintour » du Moyen Orient
    Portrait dans l’édition « Spring Fashion » de New York magazine cette semaine de la princesse Deena Aljuhani Abdulaziz, saoudienne de 42 ans, née en Californie, qui a partage sa vie entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite et nouvelle rédactrice en chef de Vogue Arabia, qui sortira son premier numéro en mars prochain.

    Je n’a pas grandi avec mon propre Vogue (…) qui reflète mon identité, mes origines, ma région, mon authenticité. Donc participer à cela, c’est très, très émouvant.

    L’idée d’une publication de Condé Nast dans le Moyen Orient avait été rejetée il y a dix ans parce que « la compagnie n’avait aucun intérêt à imposer ses valeurs à une société qui ne les partage pas » et de peur  » de provoquer des réactions négatives, voire violentes »

Published in Revue de presse Trumplandia