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« Trump triomphe grâce au téléprompteur »
* La « Joint Address ». Techniquement, il ne s’agit pas du discours sur l’Etat de l’Union donné chaque année au mois de janvier par le président puisqu’il vient juste d’assumer ses fonctions. Il s’agit néanmoins d’une tradition initiée par Ronald Reagan en 1981 au cours de laquelle le président entrant adresse les grandes lignes politique de son administration devant le Congrès. Trump a été officiellement invité hier soir par Paul Ryan, porte parole de la majorité républicaine à la Chambre des Représentants.
* Les enjeux: C’est le discours le plus important de Donald Trump après celui donné lors de l’inauguration.
La Maison Blanche a affirmé que discours « [offrirait] une vision optimiste pour tous les Américains » et un « renouveau de l’esprit américain » – tout le contraire de la vision cauchemardesque d’un « pays en crise » décrite le 20 janvier dernier.
* Le verdict:
Le discours du président, qu’il a lu à la lettre sans improvisations vengeresques, était le plus normal et traditionnel qu’on ait entendu.
Aucune positions extrémistes comme qu’il a pu tenir il y a moins d’une semaine lors de la CPAC, ni notion de « conservatisme économique », de « destruction de l’Etat administratif » – directement soufflées par Steve Bannon ou Stephen Miller.Donald Trump a donné hier le discours que des millions d’Américains auraient voulu entendre le jour de son inauguration, comme des nombreux journalistes l’avançaient, il est devenu le président des Etats Unis d’Amérique
Mais est-il capable de se comporter de cette manière tous les jours?* Son programme: Remplacer Obamacare tout en gardant certains acquies de l’Affordable Care Act, Appliquer à la lettre les lois sur l’immigration (pour protéger les frontières et les Américains) et revitaliser l’économie (plus d’opportunité et d’emplois) et reconstruire les infrastructures du pays.
* Sur la Russie: « Les Etats-Unis sont amis avec les anciens ennemis » mais aucune mention des polémiques qui ont entaché son premier mois à Washington.
* Travel Ban: La Maison Blanche l’avait annoncé plus tôt dans la journée, sa position s’est considérablement assouplie par rapport au premier décret présidentiel un cauchemar de communication finalement suspendu par la cour d’appel fédérale.
Le président a annoncé qu’il y aurait une opportunité pour les immigrés en situation irrégulière basée sur le mérite et la situation financière sans jamais mentionner la régularisation
* Sur l’opération au Yemen: La veuve du Navy SEAL, Ryan Owens, tué lors de l’opération catastrophique au Yemen a été ovationnée pendant plusieurs minutes pour balayer les polémiques entourant une opération catastrophique qui pourrait bien devenir le Benghazi de Trump.
* Les invités de Donald Trump: Maureen McCarthy Scalia, deux veuves d’officiers de police et le père d’un lycéen tués par des immigrés en situation irrégulière.
* Les Démocrates n’ont pas participé, à quelques exceptions près, aux trentaines de standing ovations initiées par les Républicains et sont partis rapidement à la fin du discours.
De nombreuses élues démocrates étaient habillées en blanc hier soir dans la Chambre des Représentants en hommage aux Suffragettes et par « solidarité avec les femmes du pays ». L’initiative à été lancée par la Democratic Women’s Working Group et sa présidente, la Réprésentante démocrate de Floride, Loïs Frankel -
Trump ne tweet quasiment plus le matin?
Trump a retenu ses ardeurs sur Twitter ces derniers jours pour se concentrer sur le discours d’hier soir en arrêtant de regarder son émission politique préférée, Morning Joe – qu’on aime beaucoup ici aussi – diffusée le matin entre 6 et 9; la tranche horaire durant laquelle il tweet le plus.
C’est Associated Press qui rapporte l’info d’un conseiller surtout ces dernières semaines devant les critiques répétées des deux présentateurs, Joe Scarborough (un républicain) et Mia Brzezinski (plutôt démocrate) – qui connaissent Mr Trump depuis des années.
Récemment Mr Scarborough déclarait à Stephen Colbert:« Même quand il dit qu’il ne regarde pas le show et envoie des tweets désagréables dessus, on regarde la caméra: Donald, on sait que tu ne regardes pas l’émission mais comment vas tu? »
Après le succès de son discours d’hier, il a remercié l’Amérique:
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Premier interview présidentiel pour Breitbart
Le site d’infos ultra-conservateur a décroché une interview avec le président lundi soir et répondait aux questions du rédacteur en chef de Breitbart, Matthew Boyle.
A retenir de l’interview:
* L’ennemi du peuple américain sont les « fake medias » à ne pas confondre avec tous les médias (pas ceux de droite comme National Review, Breitbart ou The Drudge Report). Les « fake media » ont, selon le président, de mauvaises intentions à son encontre: « Si tu lis le New York Times, l’intention est tellement mauvaise et nocive, les histoires sont fausses la plupart du temps. »
* Le président n’a pas voulu se prononcer sur un possible démantèlement « des oligopoles médiatiques » américains – Six compagnies (les « Bix Six ») contrôlent 90% des médias (General Electric, NewsCorp, Disney, Viacom, Time Warner et CBS) – qu’il avait suggéré pendant la campagne, ni sur l’éventuelle opposition à la fusion du géant des télécommunications AT&T avec Time Warner à cause du « mauvais comportement » de sa filiale, CNN. -
Le « Shadow Cabinet » sur Twitter
Un « Shadow Cabinet » (« cabinet de l’ombre ») s’est créé sur Twitter pour critiquer les déclarations, actions et tweets de l’administration en temps réel.
Le cabinet comprend une quinzaine de professionnels réputés et progressifs – universitaires (Laurence Tribe, professeur de droit à Harvard), activistes (Deray McKesson, co-fondateur de Black Lives Matter), anciens membres du gouvernement (Colin Kahl, ancien conseiller à la Sécurité nationale du vice président Joe Biden) et journalistes – chacun spécialisés dans les principales agences du gouvernement: les transports, l’énergie, la santé, immigration, justice …
Le compte Twitter, qui rassemble déjà 39 000 abonnés, a été créé en six semaines par Mark Green, ancien avocat général et élu démocrate de New York City. -
Obama est-il responsable des fuites dont est l’objet la Maison Blanche
Dans une interview accordée à Fox News lundi soir, le président a affirmé que les proches du président Obama, ceux qui travaillent toujours à Washington, seraient responsables de fuites qui inondent la Maison Blanche et font les unes des médias.
« Je pense que Président Obama est derrière parce que ses proches sont certainement responsables (…) C’est la politique et ça devrait continuer. »
Il a également affirmé que l’ancien président était derrière les manifestations des citoyens dans les conseils municipaux du pays (« Town Hall ») contre la réforme d’Obamacare – aucune preuve de ces affirmations n’a été apportée. -
Jon Stewart veut revenir à la Télévision
C’est la seconde fois en deux semaines que Jon Stewart s’invite sur le plateau de son ancien acolyte, Stephen Colbert, sur CBS pour faire ce que tous les shows satiriques et politiques télévisés font déjà: critiquer Donald Trump.
L’ancien présentateur du Daily Show l’a avoué, la télévision lui manque surtout dans cette période politique exceptionnellement mouvementée où un président déclare la guerre aux « fake médias » (ou les médias traditionnels).
Il a én et très à l’aise à l’écran – aussi efficace que John Oliver et Samantha Bee, les deux comédiens les plus critiques et créatifs quand il s’agit du Commander-in-Chief:« Salut les médias. J’ai appris que Donald Trump avait cassé avec vous. Désolé. Vous pensiez avoir trouvé un partenaire parfait – une pipelette aussi susceptible et narcissique que vous.
Maintenant c’est fini. Bon débarras! Jète le à la rue!
Il est temps de retrouver ses esprits parce que vous vous êtes laissés aller ces dernières années, en étant obsédé 24 heures sur 24, sept jours sur sept par ce mec … » -
Les mémoires les plus chères de l’histoire
La surenchère des maisons d’éditions pour s’arracher les droits des mémoires de Michelle et Barack Obama aurait atteint les 60 millions de dollars (selon le Financial Times) et c’est Penguin Random House, qui a déjà publié deux ouvrages best sellers de l’ancien président (« Dreams From My Father » en 1995, « The Audacity of Hope » en 2006) qui a remporté la mise devant HarperCollins, Simon & Schuster (qui a déjà signé Hillary Clinton) et Macmillan.
C’est la plus importante somme payée pour les mémoires d’un président après celui de Bill Clinton (15 millions de dollars payés par Knopf pour « My Life » en 2004) et George W Bush (qui a touché 10 millions de dollars en 2010 de Crown Publishers).
Les enchères avaient commencé à vingt millions de dollars pour obtenir les droits et ventes mondiales des deux ouvrages à paraître en 2018.
Les Obama se sont engagés à reverser une partie des bénéfices à des oeuvres de charité, y compris la fondation Obama. -
Couverture du jour:
Businessweek nous a habitués à de très belles couvertures depuis son rachat par Bloomberg en 2009, et cette semaine, il nous régale avec un travail aussi critique qu’esthétique: cette première page consacrée à Stephen Miller, 31 ans, l’un des plus proches conseillers de Donald Trump réputé pour ses positions ultra-conservatrices, voire extrémistes, notamment en matière d’immigration.
Mercredi 1er mars 2017: « Trump triomphe grâce au téléprompteur » et ne tweet plus le matin; Obama + Jon Stewart + le « Shadow Cabinet »
Published in Revue de presse