-
Trumpcare, c’est quite ou double
La tension est assez à comble à Capitol Hill aujourd’hui où a lieu le vote de l’American Health Care Act, la fameuse réforme d’Obamacare, devant la Chambre des Représentants.
« Même le plus intelligent et le expérimenté des commentateurs politiques est incapable de prédire si oui ou non cette proposition va remplacer l’Affordable Care Act.
* La rébellion conservatrice incarnée par le House Freedom Caucus, proche du Tea Party, (les 29 « NO » sur le schéma ci-dessous), veut complètement éradiquer les derniers vestiges d’Obamacare et les plus populaires – dont l’obligation pour les assurances de prendre en charge les patients quels que soient leurs antécédents médicaux et la possibilité pour les jeunes de moins de 26 ans de rester sous l’assurance de leurs parents – devrait rencontrer le président ce matin et a prévu de voter contre l’AHDA si rien n’était modifié.
* Les 44 indécis et les 15 qui « penchent vers le non » sont eux plus modérés: ils réclament davantage de subventions de l’Etat pour aider les familles dans le besoin et veulent que l’extension de Medicaid qui bénéficie à des millions de défavorisés à travers le pays soit prolongée jusqu’en 2020 plutôt que 2018.
La loi a besoin de 215 voix pour passer la Chambre de Représentants et aller ensuite affronter le Sénat.
Selon le New York Times, voici les dernières estimations chez les Républicains:
Tous les démocrates voteront non, mais comme l’un d’entre eux sera absent cet après midi seulement 22 républicains peuvent voter contre sans quoi la loi ne passera pas.
C’est un vote extrêmement important pour la crédibilité du nouveau président et de Paul Ryan, obsédé par cette abrogation depuis des années, mais à haut risques pour tous les Représentants qui y jouent leur siège aux prochaines élections.
* Quels que soient les résultats, les Démocrates vont les utiliser politiquement: Si la loi ne passe pas, c’est la victoire d’Obamacare, et si elle passe, ils vont tout miser sur les répercussions de l’AHCA sur les personnes âgées et défavorisées.
* Les très puissants frères Koch se sont eux engagés à soutenir, à travers leurs réseaux, les Républicains qui voteraient contre la proposition de Paul Ryan et Donald Trump.
***
-
L’offensive des médias conservateurs contre des employés fédéraux
« La bureaucratie fédérale comprend 2,6 millions d’employés permanents protégés par la Fonction Publique et quatre mille conseillers politiques.
La plupart de ces bureaucrates participent activement au sabotage du programme du président Trump.
Les conseillers politiques peuvent être virés facilement par le président. C’est plus difficile pour les employés de la fonction publique
C’est l’introduction d’un article de Breitbart publié il y a un mois avec une liste « des dix bureaucrates vestiges et loyalistes d’Obama que le président Trump peut soit virer directement ou transférer de leur positions actuelles » et un paragraphe consacré à chacun d’entre eux, dans lequel sont énoncées les raisons pour lesquelles ils devraient être demis de leurs fonctions.
Quand on sait l’influence de Breitbart sur le président [les écoutes dont il a été l’objet par Obama sont directement inspirées par le site alt-right] et dont l’un des plus proches conseillers, Steve Bannon, en était le président il y a à peine six mois, ce genre d’article peut avoir des catastrophiques sur la carrière de ces fonctionnaires.
La plupart des informations relayées par Breitbart et Conservative Review sont fausses ou biaisées, et les demandes de correction de la part des intéressés n’ont jamais été entendues.
Comme le rapporte Politico, jamais les employés du gouvernement ont fait l’objet de telles attaques ciblées et personnalisées, alors qu’ils sont censés être « apolitiques » et généralement assez discrets.
Les employés du Département d’Etat sont les plus menacés, notamment ceux qui ont travaillé sur le traité nucléaire avec l’Iran.
L’un des journalistes responsable de cette chasse aux sorcières affirme « vouloir prévenir le peuple américain de la présence d’individus au sein du gouvernement qui ont soutenu des politiques dangereuses et destructrices contre notre présence à l’étranger ».
* « Federal Staffers panicked by conservative media attacks » – Nahal Toosi & Andrew Restuccia / Politico
***
-
Cosmo: »Ivanka est une farce »
Cosmopolitan n’a pas apprécié l’entrée officielle d’Ivanka Trump à la Maison Blanche, annoncée ce weekend, alors que la fille du président est partie pour une semaine de repos à Aspen avec son marie, ses frères et enfants.
Le titre annonce la couleur: « Le job d’Ivanka Trump à la Maison Blanche est une insulte pour toutes les femmes qui travaillent » écrivait la journaliste Amanda Carpenter dans la rubrique Opinion mardi.
Ce qu’elle fait? Personne ne sait.
Ses Qualifications? Apparament, être la fille du président.
Il y a un mot pour cela: le népotisme.
Et tout ce qu’Ivanka a fait jusqu’ici pour se présenter comme un exemple de femme qui travaille devient une farce (…)
Les conseillers de Trump vont dire que personne n’enfreint la loi sur le népotisme parce qu’elle ne touche aucun salaire et ne dispose d’aucun titre officiel – un symbole flagrant de privilège en lui-même
Dans une administration qui s’est donnée pour mission de justifier chaque centime demandé au contribuable, la journaliste demande à ce qu’Ivanka justifie l’utilisation de ces ressources et de ne pas utiliser sa position pour promouvoir sa ligne de bijoux (elle l’a déjà fait dans 60 minutes), ni obtenir le titre « first lady » comme elle s’efforce maladroitement de le démentir.
Ivanka continuera à prétendre qu’elle un exemple pour les femmes qui travaillent, en se félicitant de s’asseoir à la table des dignitaires étrangers (…). Qu’elle se souvienne qu’elle est assise là seulement parce que son « daddy » l’autorise.
Ce n’est pas de la grande majorité des working women aux Etats-Unis et on ne devrait en aucun cas la féliciter.
* « Ivanka Trump White House Gig Is an Insult to Working Women » – Amanda Carpenter –
***
-
Les Conservateurs: Pourquoi il faut séparer l’Art et l’Etat
De nombreux conservateurs se félicitent de certaines propositions du budget « America First » révélé la semaine dernière au public américain, dont celle de supprimer les subventions aux services culturels comme les chaînes publiques PBS ou la radio NPR sous prétexte qu’elles ne « parlent pas à la mère célibataire de Detroit ou à l’ouvrier en métallurgie de Virginie Occidentale ».
Le concept de liberté, c’est celui d’un gouvernement limité à son minimum qui n’a rien à faire avec la culture, certainement pas la subventionner surtout qu’elle sert véhiculer la propagande gauchiste.
Une conception à l’opposé de celle de la France et de la responsabilité de l’Etat envers la culture.
Michael Tanner nous explique dans National Review que supprimer les subventions du Fond National pour les Arts ( National Endowment for Arts) c’est « séparer l’Art de l’Etat » et ça équivaut à la même revendication que la séparation de l’Eglise et l’Etat »: « il n’est pas du ressort du gouvernement d’approuver ou désapprouver ce genre d’expression » surtout qu’ « il est plus difficile de dire la vérité au pouvoir quand c’est le pouvoir pays vos factures ».
Des factures limitées puisque les subventions de la NEA sont seulement de 138 millions de dollars par an, contre 17 milliards chaque année offerts par la philanthropie privée.
Le gouvernement fédéral, des Etats et localités contribuent à hauteur de seulement 4% du budget total.
C’est pas fini!
Et même si la NEA n’est autorisée qu’a subventionner des programmes et organisations « qui ont [de toutes façons] leur propres rigidités (…) ça ne veut pas dire qu’elle ne choisit pas selon des préjugés et notions préconçues. Même quand ses décisions ne reflètent aucune politique ou vision du monde particulière, elles sont déterminées par l’artiste en vogue. »Si on aime vraiment l’art, on devrait espérer que le gouvernement n’y touche pas
* « Separate Art and State » – Michael Tanner / National Review
***
-
« Un océan de désespoir » chez les classes ouvrières blanches américaines
La maladie et les morts prématurés chez les classes ouvrières blanches pourraient être causées par le manque d’opportunités professionnelles pour les jeunes non-diplômés quand ils entrent dans le marché du travail, une situation qui s’aggrave à travers des dysfonctionnements familiaux, l’isolation sociale, la dépendance, l’obésité, et d’autres pathologies selon une étude publiée par deux économistes renommés.
Cette étude montre que l’espérance de vie des ouvriers américains blancs diminue régulièrement depuis 1999, que ce soit chez les hommes et les femmes qui ont tendance à cumuler les désavantages, au niveau de la santé, des problèmes personnels et du chômage – et contrairement au reste de l’ensemble de la population.
Au bout du compte, notre histoire est celle de l’effondrement de la classe ouvrière blanche, diplomée d’un simple baccalauréat qui a eu son apogée pendant les années soixante dix.
Les deux scientifiques parle d’un « océan de désespoir » qui traverse les Etats-Unis et signalent notamment les répercussions qu’il exerce sur le corps: « Les gens veulent soulager la bête. ils le font à travers l’alcool, les drogues et la nourriture »
* « New Research Identifies a sea of despair among White, Working Class Americans » – Joel Achenbach & Dan Keating / Washington Post
* « Mortality and Morbidity in the 1s Century » – Anne Case & Sir Angus Deaton / Brrokings Institue
* Ce superbe reportage photo paru dans le New Yorker l’année dernière: « I Feel Forgotten »: A Decade Struggle in Rural Ohio de Matt Eich
***
-
Couverture du jour
Wired: « Inside the Hunt for Russia’s Most Notorious Hacker »